Lisons nos classiques #1 : Les Justes d’Albert Camus

Lisons nos classiques #1 : Les Justes d’Albert Camus

Lors de ce rendez-vous, je vais essayer de vous donner envie de lire des « classique ». Pour commencer, j’ai décidé de parler d’un classique que j’ai lu et étudié, il y a trois ans et que j’ai beaucoup apprécié. C’est l’occasion d’aborder une œuvre littéraire qui aborde la philosophie. Petite présentation de l’auteur : Albert Camus est né au début du XXe siècle en Algérie. Il a fait des études de philosophie à Alger. Il fut un brillant journaliste avant de devenir un écrivain reconnu.  Parlons du livre : Ce petit ouvrage de 150 pages est en réalité une pièce de théâtre. Elle est inspirée d’un événement historique : en 1905 à Moscou, un groupe terroriste révolutionnaire organisait un attentat à la bombe contre le grand duc, oncle du tsar, afin d’affaiblir le régime tyrannique en place. C’est à partir de ce fait qu’Albert Camus va tisser ses dialogues et créer une atmosphère aux problèmes bien plus profonds que l’histoire en elle-même, c’est en cela que l’on pourra parler de philosophie. La pièce de théâtre nous plonge donc, durant cinq actes, dans la vie d’un groupe au moment de la préparation de l’attentat. Et là, tandis que tout semble prêt, une question vient déranger les terroristes : peut-on tuer au nom de la justice, de la révolution, de la liberté ? C’est ce problème qui va être présent tout le long de la pièce, du début jusqu’à la fin. Dans ce cas précis, le tsar est un tyran des plus affreux, il tue, il massacre, il détruit son peuple et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Organiser cet attentat serait une superbe occasion de s’attaquer à tout le régime entier et de faire tomber cette dictature. En tuant cette personne, ils sauveraient donc certainement beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants. Cependant, la bombe pourrait toucher des innocents en explosant dans la rue et même si elle n’en touchait pas, qu’elle ne fait disparaitre que le grand duc en explosant, ce serait tout de même un mort (on sent que ça se complique là). Tandis que certains membres du groupe révolutionnaire diront que l’on doit tuer, s’il le faut, au nom de la révolution, d’autres, au contraire, penseront qu’en tuant on ne fait que nourrir la barbarie déjà mise en place. Et c’est sur ce désaccord que naîtra la majeure partie des dialogues de la pièce et les décisions qui s’en suivront (pas de spolie, il faut lire le livre).  Camus soulève ici un réel problème philosophique à la fois politique, mais surtout moral. Peut-on tout faire pour atteindre la justice même si ce que l’on doit faire va à l’encontre de cette justice elle-même ? Si l’on prône un système qui se veut pleine de liberté, d’égalité et de droit, est il possible de tuer (ou tout autre acte qui serait contre les principes de ce système) pour l’établissement de celui ci ? De façon plus récente et moins dramatique, est-il possible pour un candidat politique, de frauder économiquement durant sa campagne si c’est pour ensuite établir un système plus juste de contrôle des comptes ? Il faut savoir si, c’est uniquement le résultat qui compte ou si tout le processus a de l’importance (là, ça se complique carrément). Dans Les Justes, Albert Camus apportera quelques éléments de réflexion tout au long de la pièce sur ce propos philosophique. Pour autant, il ne donnera jamais une réponse à ce sujet, à vous cher lecteur de former votre opinion ! Serez-vous plutôt Stepan : « Qu’importe que tu ne sois pas un justicier, si justice est faite, même par des assassins. » Ou serez-vous Kaliayev : « Et, si un jour, moi vivant, la révolution devait se séparer de l’honneur, je m’en détournerais. »  Une histoire prenante qui vous tiendra en haleine jusqu’à la fin ! Avec une réflexion philosophie sur les moyens mis en place pour atteindre la justice.