Disponible sur Amazon Auteur : Maria J. Romaley Édition Autoédité Paru le : 10 Février 2017 63 pages numérique (epub) Thème : Nouvelle comédie romantique ******* Lire un EXTRAIT Résumé : « Je mène un combat déterminé, et vain, contre Sainte Mère de l'Administration. Dès qu'on est intérimaire, ou que l'on fait un métier de création, on sort des clous sacrés de la catégorisation habituelle. Alors, quand ma conseillère du pôle emploi m'a envoyée faire une formation dans un centre pour adulte, j'ai vite senti l'arnaque. Moi qui aime le français et tout ce qui est littéraire, je me retrouve à apprendre... la comptabilité. Avec la directrice qui se rapproche plus du rejeton démoniaque entre Tatie Danielle et Pinochet que d'une vraie enseignante, et ce fichu prof de français trop sexy pour être honnête, je sens que mon année va être agitée?» |
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Je remercie Maria pour l'envoi de ce premier service presse. Je dois dire que j'avais envie de la découvrir dans un nouveau registre, différent du fantastique. La couverture pourrait porter à confusion, un couple enlacé de cette façon pourrait faire croire à de l'érotisme. Ouf (pour moi) non, il s'agit bien d'une nouvelle comédie romantique. Qui dit nouvelle dit forcément que l'histoire est courte. Pourtant je n'ai pas vraiment eu l'impression que c'était trop court, je dirais que j'en ai juste eu assez pour ne pas être en manque de quelque chose.
Lily-Anne est au chômage, enfin non, elle n'y a plus le droit. Pour avoir le droit à un semblant de quelque chose et ainsi pouvoir survivre, pôle emploi va lui offrir gracieusement une formation en comptabilité. Ironique comme situation lorsque nous apprenons que la demoiselle est douée dans les lettres - merci la licence de lettres justement avec de sérieuses options - et que la reconversion ne l'enchante absolument pas. Sauf qu'elle n'a pas le choix, c'est ça ou elle doit se débrouiller. Vendre son corps sur le trottoir serait peut-être plus bénéfique. Bref je m'égare. Elle va devoir se plier à cette exigence avec pertes et fracas : achats de matériels scolaires, retourner sur les bancs de l'école alors que l'on a dépassé l'âge depuis quelques temps... Une rentrée qui ne sera pas de tout repos, une directrice teigneuse et enfin un prof de littérature qui va tout chambouler.
« Qu’est-ce qu’on découvrait en déballant le package « formation de merde » ? Trente-cinq heures de cours par semaine, pour une paye de six cents euros. Avec cette somme astronomique, je devais manger, régler mon loyer, payer l’essence, car bien sûr c’était à l’autre bout de la ville et le summum du top du super bonus de la mort : acheter les fournitures (la totale : livres, cahiers classeurs, trousse, sac...) pour un ticket Leclerc indécent. À ce moment-là, j’eus l’incroyable intuition que ça allait être la galère puissance un milliard. Oui, j’étais médium… »
Je dois dire que je me suis bien amusée. Chaque chapitre a un titre qui prête à sourire, voire un peu plus. "Beaucoup de gens sont en vie seulement parce qu’il est illégal de tuer", "Pardonne à ton ennemie, mais n’oublie jamais le nom de cette connasse", "Mes relations amoureuses ? Disons que j’ai autant de chances que l’écureuil dans l’âge de glace"... Et d'autres qui nous font réfléchir : "La vie ne se mesure pas au nombre de souffles que nous prenons, mais par les moments qui nous coupent le souffle". Chacun d'entre eux donne le ton. La vie ne vaut rien lorsque nous sommes obligés de nous traîner jusqu'à pôle emploi - et je sais de quoi je parle, je subis une reconversion depuis un peu plus d'un ans. Je refais des formations à mon âge, me retrouvant avec des gamins de 17 ans... Alors que je pourrais être leur mère, c'est la fête, et je comprends parfaitement ce que l'héroïne subit, ressent.
L'auteur n'accable pas l'administration, elle laisse le ton de l'humour prendre le pas sur les envies de meurtres. La médisance de certains personnages est plus que réalistes : il existe des gens qui détestent leur métier et qui en font baver les autres pour leur mauvais choix. Et justement en parlant personnages, Lily-Anne est courageuse. Devoir recommencer à zéro, une fois de plus n'est pas donné à tout le monde. Elle va devoir affronter des médisants, des petits jeunes qui la regardent de travers, des profs qui sont là parce qu'ils n'ont pas le choix. Mais elle se donne les moyens pour obtenir ce qu'elle veut : de quoi subvenir à ses besoins. Najim Douady, ou plutôt professeur Douady va se remettre en question. Qui est donc cette jeune péronnelle qui ose le remettre à sa place? J'ai beaucoup aimé ce passage où ils vont se parler pour la première fois. La relation entre les deux va devenir plus complexe que celle d'un élève professeur.
« — Mais pour qui se prend cette petite insolente ? grognais-je en me dirigeant vers le secrétariat.
Je savais que Martha serait encore là malgré l’heure tardive. Je devais éclaircir immédiatement cette histoire et mettre la main sur ce fameux dossier. Pourquoi mademoiselle Dubelay m’avait-elle demandé de le lire ? Qu’est-ce qui avait motivé cette étudiante je-m’en-foutiste à sortir de son mutisme et de ses gribouillages habituels pour me fusiller du regard ainsi ? J’avais été impressionné, malgré moi, par son aplomb. Ce n’était pas logique. Une élève prise en flagrant délit de tricherie n’avait pas ce genre de réaction. Elle avait été d’un calme déstabilisant, ses yeux bruns brûlants de haine, son visage reflétant une telle colère qu’il en avait été magnifié. La jeune femme effacée venait de me montrer une partie d’elle qui m’avait ébranlé et je ne savais pas encore si cela m’agaçait ou m’intriguait. »
Ils vont apprendre l'un de l'autre et comprendre que le temps aide à résoudre certains problèmes. Découvrir l'autre sans pour autant franchir un pas, enfin presque. La culture de l'un, les besoins de l'autre. Nous avons un aperçu des parents de Najim qui semblent être des personnes adorables. La nature profonde d'une famille bien ancré, des liens profonds. J'ai failli oublier que la nouvelle est à deux voix, Lily et Najim. C'est drôle de les entendre penser, de les voir chercher à comprendre ce qu'ils peuvent ressentir. Les pensées de Lily sont comme la plupart des titres : rafraichissants et honnêtes. Ceux de Najim sont plus sur la réflexion de soi.
La fin est géniale, c'est tout à fait ce que j'ai connu en explication, sauf que j'ai la chance d'avoir un petit boulot qui paye une misère à côté, donc j'ai plus de chance que Lily sur le "mais ce n'est pas un boulot ça ! " Et après on se demande c'est quoi un vrai travail ? Travailler c'est quoi exactement ?
En conclusion une nouvelle qui est plutôt bien complète. Une évolution en douceur entre deux personnages. Mais surtout une vision de l'administration qui me plaît beaucoup, tout en gardant l'humour. tomber dans le glauque ? Non merci ! J'ai passé un très bon moment de lecture bien amusant !