Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)
1/ Qu'ai-je lu la semaine passée ?
ALBUMSJ'avoue ne pas beaucoup me souvenir de la version Disney (la seule que j'ai connue), hormis la mort de la mère. Je ne saurais dire si l'album lui est fidèle ou non (sur cet aspect oui, mais en plus doux). Mais ce que je peux affirmer, c'est qu'il est magnifique! De par ses illustrations d'abord: délicates, ciselées, à la fois traditionnelles et numériques.
Et ensuite, pour son histoire bien sûr! Une histoire de nature, de transmission, de place dans la vie et son espace avec les autres même s'il y a des dangers (l'Homme).
Voici le cinquième album de ce duo composé d'un petit garçon et d'un chat. Chacun aborde une thématique différente avec beaucoup de douceur et de bienveillance.
Ici, c'est le courage. Nul besoin d'être téméraire, casse-cou, fort pour en avoir. Ce qui compte, ce n'est pas de ne pas avoir peur. Ce qui importe, c'est de dépasser sa peur et d'agir avec justesse.
Comme pour les autres, nous sommes conquis!
Suzie cache dans son coeur une lourde tristesse mais aucun mot ni son ne s'échappe de ses lèvres.
Devant son mutisme et pour la consoler, son grand-père, tailleur d'oiseaux, lui fait part de sa passion, l'emmène près de la mer, sur la falaise, lui montre les différentes espèces d'oiseaux et lui raconte la fabuleuse aventure qui lui est arrivée, petit, avec un fou de Bassan.
Pour illustrer cette histoire de transmission, les oeuvres de Claude Monet, à Etretat, en Normandie, de la mer, à Giverny...
Beaucoup de douceur se dégage de cet album qui se clôt sur la biographie et l'Art de Monet. Il nous a beaucoup plu et a fait résonance avec notre visite du Musée d'Orsay pendant les vacances!
Quand deux adultes s'aiment, qu'ils font un enfant, se cristallise dans ce petit être TOUT leur amour.
Mais lorsqu'il disparaît, qu'ils se séparent, il devient TOUT petit. Et quand Monsieur RIEN apparaît, qu'un autre TOUT vient au monde, il faut bien arriver à faire QUELQUE CHOSE, pour devenir PLUS QUE TOUT.
Quelle délicate histoire de famille(s), d'amour, de séparation et de nouveau départ dont le texte joue délicieusement sur les mots!
Lettres de mon hélicoptêtre. Texte de Clémentine BEAUVAIS et illustrations d'Anne ROUQUETTE. Editions Sarbacane, 4 février 2015.
Une petite fille décide une nuit de transformer son vélo en une espèce d'hélicoptère. Une machine volante qui lui sert de moyen de transport pour aller de continent en continent, de ville en ville, à la découverte du monde, des cultures, des us. Accompagnée de son chat qui doit mettre la patte à la pédale, elle envoie à chacun de ses arrêts, une lettre délicieuse à ses parents toute en rimes et jeux de mots.Les illustrations, réalisées aux crayons de couleur, me plaisent particulièrement et complètement malicieusement le texte.
ROMAN JEUNESSELa maman du narrateur écrit "des livres pour enfants" et le moment de la journée qu'il préfère est le goûter. Mais plus les jours passent, et plus ce moment aimé se transforme, et est craint. Auparavant attentionnée, sa maman sombre et le voilà livré à lui-même, devant se faire ses tartines et manquant de crèmes au chocolat.
La raison? La dépression ou la page blanche! Angoisse. Pour que les choses rentrent dans l'ordre, il faudrait que sa maman écrive à nouveau, trouve l'inspiration. Alors il accepte d'être de nouveau le sujet d'un de ses livres (la première fois, il l'avait très mal pris!). Mais... rien! Elle n'essaie même pas.
Alors si la solution ne vient pas d'elle, elle viendra peut-être de son éditeur. Celui-là même qui refuse tant de textes, plongeant se auteurs dans de douloureux affres. Si tous les textes étaient publiés, il n'y aurait plus tous ces problèmes, non? Alors il écrit à ce "Cher Monsieur Thierry Panier"...
Vous savez (certainement) combien j'aime cette collection, et ce petit roman confirme à nouveau cet attrait! Avec un titre qui nous fait forcément écho pour nous immerger dans les dessous de la création littéraire, agrémenté de crèmes au chocolat! Un délice!
ROMAN
Sur cette terre comme au ciel. Davide ENIA. Editions Albin Michel, août 2016.
C'est le coeur serré et avec une sensation de vide que j'ai refermé ce (premier) roman.
Immersion dans la Palerme (Sicile) des années 1980, mais pas seulement. Rencontre avec quatre hommes d'une même famille, sur trois générations, tous boxeurs. Guerres et violences multiples, confrontation avec la Mafia, la nature humaine...
Chronologie bouleversée, allers-retours entre le passé plus ou moins lointain et le présent, passage d'un personnage à un autre sans avertissement, juste un saut de ligne. Déconcertant mais qui éclaire (ou interroge) sur les agissements d'un, ou plusieurs, personnage.
Un premier roman bien construit, un pari audacieux et réussi. Je vous le présenterai en Lecture Commune pour le Challenge sur l'Italie, Il viaggio, le 19 mars.
2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?Petit pays. Gaël FAYE. Éditions Grasset, collection "Roman", 24 août 2016.
Lauréat du 15e Prix du Roman Fnac. Présentation de l'éditeur: En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d'expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce " petit pays " d'Afrique brutalement malmené par l'Histoire. Gabriel voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l'envahit, l'imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français... " J'ai écrit ce roman pour faire surgir un monde oublié, pour dire nos instants joyeux, discrets comme des filles de bonnes familles: le parfum de citronnelle dans les rues, les promenades le soir le long des bougainvilliers, les siestes l'après-midi derrière les moustiquaires trouées, les conversations futiles, assis sur un casier de bières, les termites les jours d'orages... J'ai écrit ce roman pour crier à l'univers que nous avons existé, avec nos vies simples, notre train-train, notre ennui, que nous avions des bonheurs qui ne cherchaient qu'à le rester avant d'être expédiés aux quatre coins du monde et de devenir une bande d'exilés, de réfugiés, d'immigrés, de migrants. " Avec un rare sens du romanesque, Gaël Faye évoque les tourments et les interrogations d'un enfant pris dans une Histoire qui le fait grandir plus vite que prévu. Nourri d'un drame que l'auteur connaît bien, un premier roman d'une ampleur exceptionnelle, parcouru d'ombres et de lumière, de tragique et d'humour, de personnages qui tentent de survivre à la tragédie.Cette lecture se fait en commun avec mon amie Magali :-)
3/ Que vais-je lire ensuite ?