Tu n’auras pas peur – Michel Moatti

Par Casscrouton @casscrouton
Merci à Agnès Chalnot & les éditions HC pour cette lecture !

Titre et auteur : Tu n'auras pas peur de Michel Moatti

Date de parution : 16/02/17

Nb de pages : 473

Résumé :
Tout commence par la remontée d'un cadavre à demi-congelé, attaché à un fauteuil d'avion immergé dans un étang de Crystal Palace, au sud de Londres. Puis on découvre le corps d'une jeune femme défigurée dans un hôtel de Bournemouth. Son visage a été découpé au cutter et emporté.
Sur les réseaux sociaux et les blogs, les indices et les rumeurs circulent, bien plus vite que les informations officielles délivrées par la police et les journaux. Un mortel jeu de piste s'organise, dirigé par un assassin sans scrupules qui reconstitue avec autant de rigueur que de férocité les scènes de crime les plus choquantes. Quelle énigme se cache derrière ces sinistres " natures mortes " ? Lynn Dunsday, une jeune web-reporter fragile, aux lisières du burn-out, et Trevor Sugden, un journaliste qui travaille " à l'ancienne " , se lancent sur les traces du meurtrier, anticipant les avancées de Scotland Yard.
Tu n'auras pas peur est un très bon thriller !

Nous rencontrons Lynn Dunsday et Trevor Sugden, deux journalistes assistant au repêchage d'un cadavre dans un étang. Ce corps sans vie est attaché sur un siège d'avion, et de surcroit, il semblerait qu'il ait été partiellement cryogénisé auparavant. Un tueur sévit, et ce meurtre hors du commun est le premier d'une horrible série...

J'ai beaucoup aimé Tu n'auras pas peur. Je pense que ce qui m'a le plus plu en commençant le livre, c'est de constater que pour une fois, les protagonistes du thriller et donc de l'enquête sont des journalistes. J'ai adoré suivre l'intrigue sous ce jour-là, ça change ! Les journalistes sont en effet, considérés comme la peste dans la majorité des thrillers, le personnage principal étant généralement un enquêteur de la police, FBI etc... Ça m'a fait plaisir d'avoir le pendant de ce schéma habituel !

J'ai apprécié tout ce que l'on nous montre sur le métier journalistique, dans le cadre précis des informations sordides. On constate cette course à l'information, qui se transforme bien souvent en course au trash, à savoir qui aura l'image la plus infâme à placer dans son journal, qui aura le détail le plus abjecte à raconter au public. C'est intéressant parce que si l'on remarque cela dans le camp des journalistes, on sent bien que c'est aussi le public en question qui cherche à tout savoir, du détail le plus insignifiant au plus horrible.

Ce que j'ai aimé, c'est qu'en l'occurrence, nos deux journalistes Trevor et Lynn cherchent certes, l'exclusivité en premier lieu, mais ils ont une éthique professionnelle et surtout, ils restent des êtres humains empathiques. A l'inverse, on se rend rapidement compte que le patron de Lynn est le stéréotype du patron de journal comme on en voit dans tous les romans, sans aucun sentiment, prétentieux, à la recherche constante du sensationnel, mettant la pression sur ses journalistes et les poussant à bout. Ce personnage n'a aucune compassion et représente bien souvent le journaliste en contexte littéraire dans le genre du thriller. C'est pour cette raison que les personnages de Lynn et Trevor sont agréables, parce qu'ils sortent de ce carcan coutumier et l'on se prend rapidement d'affection pour eux. Par exemple, lorsqu'ils se retrouvent tous les deux pour partager les informations de première main qu'ils possèdent, qu'ils se donnent leurs rendez-vous hebdomadaires, cela a un côté rassurant. On se sent en sécurité avec nos deux protagonistes fortement sympathiques, discutant de choses et d'autres. Cela permet de sortir quelques instants de la morbidité ambiante du récit.

En effet, l'atmosphère du roman est oppressante. Il y règne une sorte d'ambiance cruelle générale qui repose certes sur les odieux crimes du tueur (le deuxième étant vraiment traumatique), mais aussi de manière plus globale, sur ce que l'on apprend du net. On constate la rapidité de diffusion sur internet d'images sans censure. Le tueur, lorsqu'il commet un crime, publie la vidéo du crime en question sur le net. Evidemment, Youtube censure la vidéo, ce qui paraît logique et sain. Mais c'est ensuite que l'on se rend compte que l'on vit dans un monde un peu tordu. On réalise que Youtube n'est que la partie émergée de l'iceberg, et qu'il y a mille façons de publier sur internet une vidéo glauque, gore et tout ce qui s'en rapproche. On voit le nombre de site qui hébergent ce genre de choses et franchement, ça fait froid dans le dos de comprendre qu'il y a certes des fournisseurs de vidéos atroces mais qu'il y a aussi de la demande à ce niveau.

L'auteur consacre quelques pages à la fin du livre sur ce qui l'a inspiré, ce qui est réel ou non etc... Si vous lisez le roman, je vous conseille de ne pas passer à côté de ces pages qui sont passionnantes et très importantes. Vous constaterez l'étendue de ce qui se passe sur le net sans que l'on en soit véritablement conscient.

En définitive, Tu n'auras pas peur est un thriller vraiment captivant qui met le doigt sur notre société à l'heure d'internet, ses dangers et la rapidité de diffusion de l'information. Très intéressant, je recommande !

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