Katanga tome 1: Diamants (Fabien Nury – Sylvain Vallée – Editions Dargaud)
A peine deux semaines après la proclamation de l’indépendance du Congo en 1960, la riche province minière du Katanga fait sécession, avec à sa tête le président Moïse Tschombé. Une décision soutenue (voire même provoquée) par l’UMHK, l’Union Minière du Haut-Katanga, la société belge qui exploite les nombreuses ressources de cette région. Forcément, le Congo ne l’entend pas de cette oreille, et une guerre éclate entre l’ancienne colonie belge et le Katanga. Pour tenter de calmer les choses, les Nations Unies envoient des Casques bleus sur place. Mais cela ne suffit pas à rassurer Bernard Forthys, le directeur général de l’UMHK. Pour protéger son usine de Shinkolobwe, où est produit le cuivre extrait de toutes les installations minières aux alentours, il décide de créer sa propre armée en embauchant des mercenaires prêts à tout pour défendre les intérêts de l’UMHK. Et peu importe si ça ne plaît pas au gouvernement belge. Après tout, le royaume du Katanga n’a-t-il pas été créé par un mercenaire au XIXème siècle, en l’occurrence le sanguinaire Msiri, qui était parvenu à asservir plusieurs tribus pour asseoir son règne? Afin de recruter les mercenaires composant cette unité d’action, Bernard Forthys et le ministre de l’Intérieur du Katanga font appel aux services d’Armand Orsini, l’énigmatique « conseiller spécial » du ministre. Qui est-il exactement? On ne le sait pas vraiment, mais il se montre en tout cas d’une efficacité redoutable. Grâce à l’aide de Félix Cantor, un ex-officier français doté d’états de service impressionnants, il ne tarde pas à mettre sur pied une équipe de choc, composée d’anciens militaires plus ou moins fréquentables. Mercenaires ou pas, il faudra du courage à ces hommes pour accomplir la mission qu’on leur confie. On leur demande en effet d’exfiltrer un certain Charlie du terrible « camp des cannibales ». Le jeu en vaut la chandelle, car le Charlie en question aurait mis la main sur un trésor inestimable: 30 millions de dollars de diamants. Pas étonnant qu’il soit le Noir le plus recherché du Katanga…
Quel plaisir incroyable de se laisser embarquer dans une nouvelle aventure par Fabien Nury et Sylvain Vallée! Après avoir signé ce qui est à coup sûr l’une des meilleures séries BD de ces 10 dernières années avec « Il était une fois en France », les deux hommes remettent le couvert pour une saga africaine qui s’annonce, une nouvelle fois, palpitante. A titre de comparaison, c’est un peu comme si les créateurs de « Game of Thrones » ou de « Narcos » lançaient une nouvelle série. Même sans savoir de quoi il s’agit, on signe les yeux fermés car on est absolument certain qu’on va aimer! Bien sûr, le premier tome de « Katanga » est surtout là pour planter le décor, mais on y retrouve indubitablement la patte de Nury et Vallée, grâce à un découpage cinématographique, des dialogues percutants et des personnages ultra-crédibles. Bref, on est dans une histoire qui a du souffle! Comme dans « Il était une fois en France », Fabien Nury s’appuie sur un contexte authentique pour raconter une histoire imaginaire. Le récit de « Katanga » mêle des faits et des personnages ayant réellement existé avec des suppositions et des inventions délibérées. Comme le mentionne un avertissement en première page, « les auteurs n’ont aucune prétention à faire oeuvre d’historien et n’ont d’autre ambition, avec cette histoire, que de divertir le lecteur. » Et on peut dire qu’ils y parviennent à merveille. Avec en toile de fond le contexte historique de la décolonisation, « Katanga » est un récit explosif peuplé de mercenaires sans foi ni loi, de ministres corrompus et de baroudeurs bien décidés à profiter de cette période troublée pour remplir leurs poches. C’est rythmé, c’est efficace et c’est superbement bien dessiné. Que demander de plus? Juste une chose: la sortie rapide du tome 2!