Comme Colette après sa séparation d'avec Willy, Renée Néré doit subvenir à ses besoins en se produisant sur des scènes de music-hall ; marginale et déclassée, elle devient aussi une vagabonde sentimentale qui, après quelque temps d'une liaison pourtant heureuse, retrouve sa peur d'être un jour de nouveau prisonnière. Itinéraire parfois douloureux d'une femme indépendante au début du siècle, qui préfère renoncer à l'amour avant l'heure des regrets, évocation de la vie brillante et misérable des troupes de cafés-concerts et des coulisses des petits théâtres, La Vagabonde est un des romans les plus personnels de Colette, où elle approfondit avec une sensibilité pudique et frémissante son investigation psychologique. Sous les traits de Renée, elle peut donner un sens à sa vie passée et à celle qui s'annonce, incertaine mais libre.
Editions Le Livre de Poche roman 251 pages
Colette est une auteure du XXè siècle qui a débuté sa carrière d'écrivain en réalisant des commandes pour son mari Willy. La Vagabondeest paru en 1910, éléments autobiographiques et fictions se côtoient dans un récit authentique.
Une immersion dans l'univers du spectacle, du Music-Hall, du mime, de la danse et du maquillage, un univers très particulier que l'auteure a côtoyé et dont elle nous parle sans détour, à travers le personnage de Renée Néré. Le tout avec une certaine objectivitéet du recul. Plusieurs thèmes se mêlent, plusieurs réflexions s'imbriquent dans le cheminement emprunté par Renée. De l'évocation de la liberté à la place de l'animal tout en abordant la tentation, l’éventail est large et varié.
L'univers du spectacle implique l'apparition de multiples personnages, compagnons de voyage de Renée, une certaine pudeur et un respect de la vie privée de chacun instaure une barrière entre Renée et les autres artistes. Tous possèdent une forte personnalité, au fil du récit les intérêts de chacun vont se dessiner, s'affirmer.
On pourrait voir l'amour comme trame de fond, le sentiment amoureux et ce qu'il implique, mais je pense que ce ne serait pas là une juste lecture. Plus que l'amour, c'est la question de la dépendance à quelqu'unqui est ici exprimé, accepter l'emprise de l'autre ou résister à la tentation et ainsi gagner en liberté ? C'est tout un jeu de tentation qui se met en place, Renée a-t-elle la force de résister à l'attirance des bras accueillants ? Le libre arbitre intervient, avec lui souvenirs et prise de recul permettent d'exprimer la volonté de Renée. Un choix que je ne vous divulguerai pas, un dilemme qui nous invite à réfléchir sur la volonté de ne pas être liée, de ne pas être emprisonnée dans une relation et pire encore, dans le carcan de l'amour. L'évocation du premier mariage douloureux de Renée remet bien des choix en question, des souvenirs à la fois tendres et très douloureux...
Le titre n'est pas anodin, Vagabonde de par son envie de voyager, de découvrir du pays afin de s'extraire de la routine et prendre du recul, un éloignement pour mieux se retrouver, un besoin de liberté pour s'affirmer. Plusieurs lettres sont insérées dans le récit, elles témoignent une volonté de remise en question, parfois sur le ton de la confidence.
Dans les coulisses du spectacle le maquillage est évoqué, Renée se maquille pour son numéro de mime, mais aussi en dehors, dans la vie de tous les jours. Le lecteur a parfois l'impression que Renée refuse de voir la réalité de son âge, elle n'aborde jamais son âge, sorte de sujet tabou, elle se cache d'une certaine manière afin de ne pas se voir vieillir. Désire-t-elle rester jeune éternellement ? Vieillir est-il le synonyme de mourir pour elle ? Le maquillage n'est pas la seule chose dont nous parle la mime, elle partage également la tension qui croît et l'attente avant de monter sur scène. Le contrôle de soi est une notion très importante, notamment lors de la rencontre avec le public, avec un certain type de public – plutôt déstabilisant-.
J’achèverai cette chronique en vous parlant du style de l'auteure, une plume qui commence à rompre avec la littérature de fin de siècle, l'oralité et les anecdotes prennent le dessus sur les belles phrases. Je n'ai pas été particulièrement séduite par le style ni par l'histoire, mais j'ai été prise au jeu de la découverte de l'envers du Music-Hall.