L’enfant qui n’aimait pas les livres

L’enfant qui n’aimait pas les livres de Martin Winckler (texte) et Stéphane Sénégas (illustrations), paru aux éditions du Danger Public (collection Les mots à l’endroit) en 2008

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J’ai déjà parlé d’un livre de cette collection, spécifiquement pensée pour les enfants dyslexiques (article à zieuter par ici). Je réitère aujourd’hui, non seulement pour mettre en avant encore une fois cette superbe collection, mais aussi parce que le titre choisi peut aussi intéresser beaucoup de parents dont l’enfant n’est pas forcément dyslexique.

Un petit rappel sur les principes de la collection :

  • Une présentation des personnages avant le début de l’histoire.
  • Une illustration à chaque chapitre.
  • Un texte avec des caractères plus gros et des interlignes plus grands que dans les autres livres.
  • Un texte relu par une orthophoniste pour supprimer les mots sujets à confusion.
  • Un papier mat qui évite au texte de briller.

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De très bons points pour une lecture aisée, fluide et qui ne rebutera pas les enfants réfractaires. Je peux même ajouter qu’il y a un grand soin apporté à la calligraphie. Je ne l’avais pas forcément remarqué dans l’autre tome que je vous avais présenté, mais des lettres parfois dures à lire pour les apprentis lecteurs sont ici modifiées. Je pense notamment au « J » majuscule auquel est ajouté une barre sur le haut ; et au « I » majuscule où sont ajoutées deux barres horizontales, en haut et en bas pour qu’il ne soit pas confondu avec le « l » minuscule. Un détail anodin pour un lecteur aguerri ou pour lequel la lecture n’est pas un problème, mais une grande main tendue pour aider les plus fragiles dans la lecture.

Dans cette histoire plus précisément, ce que j’ai apprécié c’est que notre petit héros n’est pas un enfant dyslexique. Il n’aime pas lire, mais n’a pas un handicap particulier. Ce qui rend le récit accessible à tous. Si le personnage avait été dyslexique cela aurait pu bloquer d’autres enfants, non dyslexiques mais qui n’aiment pas particulièrement lire. Ils ne se seraient pas forcément reconnus et n’auraient donc pas saisi toute l’ampleur de l’histoire, alors que là, ce livre s’adapte à un plus grand public.

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L’histoire justement.

Jérôme est un petit garçon qui n’aime pas les livres. C’est le comble pour un enfant dont le père est imprimeur, la maman libraire et dont la maison regorge de livres du sol au plafond. Oui, mais c’est comme ça, Jérôme n’aime pas les livres et il les cache partout où il peut. Même quand vient l’heure de l’histoire du soir, Jérôme ne veut pas que ses parents lui lisent un livre, mais préfère qu’ils lui racontent une histoire inventée. Un jour, le petit garçon apprend qu’il va devoir aller à l’école pour justement apprendre à lire et écrire et donc se retrouver avec des livres plein les mains. Heureusement son grand-père arrive pour lui changer les idées. Il l’emmène à la rencontre d’un drôle de détective, qui va lui confier un livre en lui disant qu’un grand secret se cache à l’intérieur. Intrigué, le petit Jérôme va se mettre assidûment à l’apprentissage de la lecture pour dévorer le livre du détective. Il finira par aimer les livres, les enchaînera et voudra même devenir écrivain.

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J’ai beaucoup aimé les chapitres très courts (une page seulement), pour une lecture en douceur, au rythme que l’on veut. Avec une sorte de jeu au début du livre : tous les chapitres y sont répertoriés, avec en face une case à cocher quand on a fini de le lire. Si tout est coché, on a gagné ! Un petit jeu qui peut plaire aux enfants, ils peuvent le voir comme un défi qu’ils auront plaisir à relever.

Une petite anecdote perso, qui m’a traversée l’esprit lors de cette lecture, m’a aussi fait aimer cette histoire. Je n’ai pas souvenir que l’on me lisait des histoires au lit. Cela devait être rare. Ben oui, mais ma maman à moi elle est professeure de chant, alors forcément j’avais de belles chansons (ma préférée : Malbrough s’en va-t-en guerre. Sympa, une chanson sur la guerre pour s’endormir, n’est-ce pas ? J’ai des goûts bizarres que voulez-vous). Mais j’avais aussi les petites histoires de Cochonou, personnage du cru de ma môman. Un petit cochon qui vivait de belles aventures, telle que sa première journée d’école ! (on ferme l’instant nostalgie)

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Il y a tout de même un point qui m’a troublée dans ce récit. Jérôme se met à aimer les livres et à vouloir lire car il a un défi à relever. Pas de problème. Il y met tout son cœur et son énergie alors qu’il était des plus réfractaire avant. Moyen. Il devient un féru de lecture, et même quand il voit que le livre du détective ne cachait pas vraiment de secret, il continue ses lectures. Beaucoup moins crédible. De nombreux enfants seraient déçus de ne pas avoir le fameux secret après tant d’effort. Il est vrai que Jérôme trouve ce secret au bout de plusieurs lectures, de livres différents, mais ce premier obstacle aurait pu rebuter d’autres lecteurs. Et le fait que par la suite il veuille devenir écrivain est aussi un peu poussé loin. Cela risque de décrédibiliser le récit auprès d’enfants en grande difficulté.

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En écrivant cet article et en cherchant donc quelques infos, je m’aperçois que cette histoire, ainsi que toutes celles parues initialement chez Danger Public, sont désormais reprises par la maison De La Martinière jeunesse… Je n’ai pas réussi à trouver pourquoi, mais probablement que la maison d’édition première n’a pas eu assez de fond pour continuer son activité. C’est donc une bonne idée que ce concept soit tout de même repris par une autre maison, car c’est très important. Par contre, petit bémol pour les nouvelles couvertures des livres, sur lesquelles il est marqué en gros que c’est pour les enfants dyslexiques (alors que ça n’était pas noté ainsi avant). Cela risque de rebuter les enfants qui ne le sont pas et ont juste des difficultés à la lecture ou même les parents qui ne veulent pas acheter ce type de livres pour leur enfant.

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En revanche, pour finir sur une note positive, j’adore toujours autant le style de Stéphane Sénégas, que je découvre pour la première fois en couleur !

Le récap :

Points positifs :

  • Une collection au top pour rendre la lecture plus simple aux enfants en difficulté.
  • Une histoire à laquelle beaucoup d’enfants pourront s’identifier.
  • Une calligraphie très bien pensée.
  • Des illustrations qui accompagnent très bien le tout.

Point négatif :

  • Une fin de récit peu convaincante pour les lecteurs en mal de lecture.

Bonne lecture à tous les lecteurs en difficulté et petits loulous !