J'ai acheté ce livre après avoir été convaincue par l'auteur, un petit bonhomme aux lunettes rondes cerclées de bleu vif, lors de la Foire du Livre de Bruxelles 2017.
Il m'a expliqué que ça parlait du destin de la Terre au prochain millénaire, et de comment l'humanité s'organisait pour se mettre à l'abri d'une pluie de météorites qui se dirigeait vers notre petite planète.
Il m'a aussi parlé de mettre à l'abri des oeuvres d'art et les ADN des espèces animales connues, ce à quoi j'ai répliqué que tout cela me rappelait fort le mythe de l'Arche de Noé. Apparemment je ne m'étais pas trompée, et il parait que le second tome est, lui, inspiré de l'histoire de Jacob et la baleine.
J'ai été convaincue, et j'ai acheté ce livre auquel je n'aurais même pas jeté un oeil en librairie, que ce soit par son titre ou par son illustration. Comme quoi, rencontrer les auteurs a du bon! Et ce sont eux qui parlent encore le mieux de leurs oeuvres...
Résumé et avis en bref: ce livre commence en 3636 sur Terra. On découvre un nuage d'astéroïdes qui se dirigent vers notre planète. L'impact aura lieu dans trente ans. Des générations d'hommes et de femmes s'unissent pour sauver l'humanité, ainsi que le patrimoine culturel et génétique de la planète.
Mars et Proxima ( une planète de Proxima du Centaure), deux planètes plus ou moins éloignées, ont été colonisées, mais les conditions de vie n'y sont pas encore idéales. Elles ne pourront accueillir qu'un dixième de la population terrienne. Le reste devra être abrité dans des abris souterrains construits un peu partout sur la planète.
Je n'étais pas très enthousiaste à l'idée de lire de la science fiction. Pourtant ma rencontre avec l'auteur m'a fait changer d'avis, et j'ai lu ce livre assez rapidement. J'ai beaucoup aimé le futur imaginé par Armand Bourgeois, qui est très probable pour notre planète et notre espèce.
On sent qu'il s'agit d'un tome d'introduction pour le personnage principal, qui viendra certainement s'épanouir et nous faire profiter de ses prouesses dans le tome suivant, qui porte d'ailleurs son nom - Athorn. Ce tome couvre une longue période de près de 70 ans, et forcément cela se ressent. J'aurais aimé connaître certains personnages un peu mieux.
On sent le travail de recherche effectué, que ce soit sur les aspects technologiques, culturels ou spirituels. Le vocabulaire est plutôt recherché.
L'écriture m'a surprise, surtout venant d'un ancien instituteur: il y a des bouts de phrases sans verbe. Je suppose que c'est un style, mais ça ne m'a pas trop plu. Il y a aussi un usage assez saugrenu de majuscules, de manière systématique, après deux points, ce qui je trouve très bizarre. Certaines abréviations m'ont aussi choquées: quel besoin de mettre " les docs " quand on peut écrire " les documents "?
En d'autres termes, c'est un excellent livre sur le fond, mais en ce qui concerne la forme l'éditeur n'a pas fait son travail, selon moi, et cela handicape ce très bon livre.
Mon avis: La science-fiction littéraire et moi, ça fait deux. Autant c'est un genre que j'apprécie sous le format cinématographique, autant à l'écrit, j'ai du mal. Si on doit faire appel à mon imagination, alors je préfère la fantasy ou même l'horreur. Mais la science-fiction... Bref.
Je crois que c'est la faute de Dune, lu au sortir de l'adolescence, sous la recommandation expresse de mon mec de l'époque. Ce mec n'aimait pas Zola, donc autant dire que nos goûts littéraires étaient aux antipodes, mais je m'égare. Dune, je n'ai donc pas du tout, du tout, accroché.
Revenons à nos moutons, ou plutôt à notre cataclysme: comment en suis-je arrivée à acheter ce livre? Le bagout de l'auteur a réussi à me convaincre. Et comme j'étais partie à la Foire du Livre avec, pour objectif, de découvrir des auteurs et des genres littéraires nouveaux, de sortir de ma zone de confort littéraire, je me suis lancée.
La Terre, appelée Terra dans ce livre, court un grave danger! Un nuage d'astéroïdes se dirige vers nous, avec impact dans trente ans. Cela laisse à la population terrienne le temps de s'organiser. Un dixième de la population pourra être déplacée sur Mars et Proxima, deux planètes colonisées mais aux conditions de vie encore rudes, mais le reste devra rester sur Terre. Dès lors, la construction de milliers d'abris commence, certains sous des déserts, d'autres dans des massifs montagneux, ou encore sous les océans.
Ce premier tome de La Saga De La Famille Du Prince Athorn, je l'ai ressenti comme une introduction. En lisant à droite et à gauche sur l'auteur, je me suis rendue compte que je ne m'étais pas trompée: il a d'abord écrit le " tome du milieu ", et puis il a développé l'avant et l'après.
Ce tome de l'avant a pour but de nous présenter le monde tel qu'il sera dans les années 3000, et introduit le fameux " élément perturbateur ": le cataclysme. L'aspect " généalogie " m'a un peu gênée (on explore la vie du grand-père, puis du père d'Athorn) et m'a vaguement rappelée la généalogie du Christ au début de la Bible, ou la généalogie des héros grecs. Machin fil de truc fils de bidule fils de chose... Bien sur c'est beaucoup plus subtile, ce n'est pas écrit de but en blanc, mais clairement on veut nous faire comprendre l'héritage de Athorn.
Le fait que le livre couvre une période très étendue (plus de 50 ans) fait aussi que l'on a du mal à s'attacher aux personnages, ils sont survolés trop rapidement à mon goût. J'aurais aimé en savoir plus sur l'empereur et ses tourments sentimentaux, sur l'androïde, et même sur le méchant Drinn.
En y réfléchissant, je pense que le livre manque de scènes " réelles ", c'est plus comme un conte descriptif (ils firent ceci et cela, au lieu d'une scène qui montrerait un exemple de " ceci " et une autre de " cela "). Certes il y a des scènes d'action, mais trop peu à mon goût.
Par exemple, une expédition d'apprentissage est évoquée, au cours de laquelle les enfants ramènent un métal bleu inconnu, trouvé dans le crâne d'un dragon abattu. On aurait très bien pu avoir une scène d'action là dessus, plutôt qu'un rapport du style " ils participèrent à de nombreuses expéditions d'apprentissage. Au cours de l'une d'elles, ils durent affronter un dragon, dans le crâne duquel ils trouvèrent un métal bleu inconnu qu'il ramenèrent sur Terra ". D'autant plus que j'ai l'impression que ce truc bleu va jouer un rôle majeur par la suite, mais je me trompe peut-être... En tout cas il finit en couronne sur le front d'Athorn, ce qui est déjà pas mal.
Un truc qui m'a un peu hérissée: la justification de l'emplacement de l'Arche, qui abrite donc un nombre restreint d'humains et toutes les oeuvres d'art possibles et imaginables, est que les Alpes, en plus d'offrir un socle solide pour l'abris, sont situées au coeur de l'Europe, qui est l'endroit qui regroupe le plus d'oeuvres d'art au Monde. C'est un peu euro-centré, tout ça! Et je doute que les Africains, les Asiatiques, les océaniens et les Américains apprécient...
En même temps c'est vrai qu'on a pillé toutes leurs ressources culturelles pour les exposer au Louvre, mais je pense que l'argument de la solidité du bloc rocheux alpin aurait suffit.
Au niveau de l'écriture, comme je l'ai dit plus haut, certains choix de ponctuation et de majuscules m'ont parus un peu farfelus... Je ne suis pas non plus une grande fan des phrases nominales ni de l'utilisation d'abréviations.
Et pourtant... l'univers mis en place par Armand Bourgeois est passionnant! Il a vraiment pensé à tout, et ce doit être un travail de titan que de passer en revue la multitude de détails évoqué et leur probabilité de véracité.
On sent l'amour de l'auteur pour les sujets qu'il évoque. Pêle mêle: l'écologie, la pollution, la surpopulation, l'art, la lithothérapie (le pouvoir des pierres), le progrès technologique, l'histoire humaine et planétaire, les relations humaines...
Par exemple, l'expansion de l'humanité est maîtrisée par une loi draconienne qui n'est pas sans rappeler le contrôle des naissances en Chine: deux enfants par personne maximum (donc si tu as déjà deux enfants avec ton ex, par exemple, tu ne peux pas en avoir un autre avec ton nouveau partenaire, même si ce dernier n'a pas d'enfant. En Chine c'était un enfant par couple, et donc j'ai une copine de parents divorcés et remariés qui a une demi-soeur du côté de sa mère et un demi-frère du côté de son père).
Les pierres ont un rôle magique important à jouer. Elle permettent des transes méditationelles assez impressionnantes qui donnent lieu à certaines découvertes majeures. un personnage peut, par exemple, explorer un astéroïde lors d'une séance de méditation " aidée " par une pierre.
Je me demande bien, d'ailleurs, quel rôle ces pierres vont jouer dans le futur.L'une de ces pierres est un Shiva Lingam. Si vous suivez un peu, vous savez certainement que la culture indienne, c'est mon dada! Que vient faire la pierre sacrée du Dieu Shiva ici? J'ai bien l'impression que ses pouvoirs magiques pourraient provenir du choc de la première météorite qui a décimé les dinosaures et façonné la Lune... à confirmer dans le prochain tome!
La référence biblique est immanquable: on construit une Arche pour y conserver tous les ADNs de faune et de flore existants sur Terra, en plus d'y conserver les oeuvres d'art majeures. Par exemple les sphinx égyptiens sont transportés dans l'Arche, construite dans le massif alpin, ainsi que des tableaux de maître et toute autre oeuvre susceptible de constituer un capital culturel qui viendrait à manquer s'il était détruit lors de l'impact.
Certaines oeuvres sont conservées sur place, là où elles se trouvent, car elles sont intransportables. Je pense aux pyramides, puisque j'ai parlé plus haut des sphinx. Ces monuments sont conservées dans une mousse spéciale pour les protéger au mieux lors des impacts et des ondes de choc en découlant.
J'ai critiqué un peu au dessus l'écriture, mais une chose que j'ai grandement appréciée, c'est l'usage des beaux mots. Il y a aussi beaucoup de suspense, on se demande vraiment ce qui va se passer, comment l'humanité va pouvoir s'en sortir...
La description du cataclysme en lui-même est pleine de suspense. Plusieurs " petits " astéroïdes s'écrasent sur Terra, provocant plusieurs ondes de choc. Certains abris résistent, mais d'autres pas, notamment ceux qui sont construits sous les océans. C'est assez horrible de les voir se rendre compte que le plafond fuit...
Et le tour de maître, LE truc auquel je ne m'attendais pas du tout, c'est Terra APRES ... On glisse doucement de la science fiction à la fantasy! L'apparition de dragons, trolls, fées, orcs et elfes est simplement due... aux radiations provoquées par les impacts! Et comme tout a été détruit à la surface du globe, les humains qui restent doivent se débrouiller avec les moyens du bord, plutôt archaïques... C'est tout simplement génial!!! Woww!!!
Par une habile manipulation du scénario, Armand Bourgeois isole Terra de ses colonies Mars et Proxima après les impacts. Les trois mondes évoluent donc de manière indépendante pendant une bonne décennie, voire plus.
Comme les scientifiques et artistes ont été privilégiés pour immigrer sur Proxima, cette dernière se développe de manière fulgurante. Mars, sous la coupe de son dirigeant despotique, voit au contraire ses conditions de vie se dégrader. Et sur Terra, comme on le sait, une nouvelle aventure inspirée de la fantasy vient de commencer...
En conclusion: un roman qui ne m'a pas convaincue à 100% sur la forme, mais bien sur le fond! Une ode à notre petite planète et à tous les trésors qu'elle recelle... j'ai hâte de lire la suite!
L'auteur: Armand Bourgeois, ex-enseignant, se décide à publier le premier des trois livres de sa saga. Depuis toujours, il vit au contact de la science-fiction et de l'heroïc fantasy, de l'histoire des Arts et de leurs pratiques. Il partage sa vie entre le Béarn, le Pays Basque, le Périgord et Paris, aime voyager et rencontrer le monde.
Biographie extraite de la page de l'auteur sur Société des Ecrivains.
Ma rencontre avec Armand Bourgeois a été plus qu'improbable: je me suis arrêtée sur le stand de son éditeur car je connais quelques plumes que cela pourrait intéresser, et j'ai entendu gromeler derrière moi " Non mais ils exagèrent, quand même, Amélie et Bernard! ", en références aux files interminables devant les stands de dédicace d'Amélie Nothomb et Bernard Weber.
Je me retourne, et me trouve face à un grand gaillard, plutôt jeune, et à ce monsieur aux cheveux blancs et aux lunettes cerclées de bleu vif. Maintenant que j'y pense, peut-être que ces montures de lunettes sont faites elles aussi en métal de dragon? Mais je m'égare, encore une fois...
Je lui demande de me présenter son livre. Je vous rappelle que la science fiction littéraire et moi, ça fait deux. Et pourtant, Armand Bourgeois, son enthousiasme et son bagou, ont finis par me convaincre... et je ne le regrette pas!
Comme je n'avais plus assez de cash sur moi, j'ai du retourner au distributeur et poireauter une bonne vingtaine de minutes pour pouvoir, enfin, repartir avec mon livre. Ouf!
Livre dédicacé par Arislord lui-même, voyez-vous ça 😉
Produits dérivés: c'est une trilogie, il y a donc deux autres tomes à découvrir!
Tome 2: Ahtorn et les Créatures
Tome 3: (à sortir en juillet 2017)
Pour aller plus loin:Visitez Proxima-b, une exo-planète du système Proxima du centaure découverte récemment, qui pourrait véritablement être habitable! C'est juste magnifique...
Apparemment, le personnage d'Athorn a été inspiré à Armand Bourgeois par son ancien élève, l'artiste Ben, qui illustre les couvertures des livres. Les illustrations de cette chronique sont toutes tirées de la page Facebook de Ben ainsi que de celle consacrée au personnage d' Arislord, auquel l'auteur s'identifie fortement, et de la page personelle de l'auteur Armand Bourgeois.
Quelques articles dans la presse locale sur Armand Bourgeois et sa Saga:
La Rep Des Pyrénées; Sud-Ouest: article du 3 mars 2016, article du 11 octobre 2016