L'hiver dernier, je me suis séparé de toi Fuminori Nakamura Edition Philippe Picquier, 2017 Traduit par Myriam Dartois-Ako 192 pages Genre : ContemporainMerci à et aux éditions
Résumé :
Un journaliste est chargé d’écrire un livre sur un photographe accusé d’avoir immolé deux femmes, mais pourquoi l’aurait-il fait ? Pour assouvir une effroyable passion, celle de photographier leur destruction par les flammes ?
A mesure que son enquête progresse, le journaliste pénètre peu à peu un monde déstabilisant où l’amour s’abîme dans les vertiges de l’obsession et de la mort. Un domaine interdit où il est dangereux, et vain, de s’aventurer…
Dans ce roman noir qui flirte avec le roman gothique pour mieux nous faire frissonner, les apparences sont toujours pires que ce qu’elles semblent, les poupées sourient étrangement et le rouge est celui du sang. Seule est certaine l’attirance pour la perdition.
Mon avis :
Lors de l’avant dernière Masse Critique je n’étais pas inspirée et ne comptait pas participer mais en fin de journée j’ai regardé les titres encore disponibles et j’ai aperçu ce livre qui m’a intriguée par ses allures de thriller et vu que je ne lis pas assez de littérature asiatique à mon gout, je me suis lancée !
Kiharazaka Yûdai est un célèbre photographe qui est accusé du meurtre de deux jeunes femmes, qu’il aurait brulé vives afin de saisir leurs agonies sur pellicule. Il n’a pas nié ces crimes et est emprisonné lorsqu’un journaliste vient parler avec lui pour écrire un livre sur les faits et retracer cette histoire…
C’est un poil compliqué de parler de cette lecture, je l’ai plutôt bien aimé mais je n’ai pas tout compris à l’intrigue, enfin du moins je pensais y voir clair jusqu’au tout dernier chapitre qui m’a franchement perdue et qui m’a fait demander si je n’avais pas tout compris de travers ou tout compris à moitié, je ne sais pas si cela vient de moi (mais vu que j’ai accroché, je pense avoir été quand même attentive !), de l’auteur qui n’a pas assez développé les dernières pages ou de la traduction qui n’est peut-être pas clair mais je crois qu’une relecture dans quelques mois sera bien utile pour être moins dans le flou !
A par ce point, ce livre tient la route à mes yeux, c’est très tordu, glauque et assez pervers en fait, mais si beaucoup de choses ont de quoi mettre mal à l’aise (que ce soit l’histoire elle-même ou les personnages qui sont perturbants et impossible à cerner), l’ensemble est très bien construit et à de quoi retourner le cerveau quand certains rebondissements arrivent de façon bien brutale et remettent tout ce qu’on a lu avant en cause…
La forme du livre est aussi efficace, on pourrait juste suivre le journaliste et n’avoir qu’un point de vue externe sur le tueur, mais il y a la correspondance entre l’accusé et sa sœur qui permet de voir un peu la situation de l’intérieur, de connaitre un bout de leur enfance, de voir ce qui aurait pu l’amener à commettre ces deux meurtres, et accessoirement pour se rendre compte encore un peu plus que ces deux personnages sont vraiment malsains… ce qui est d’ailleurs un petit bémol car je les trouve plutôt manichéens, niveau finesse j’ai vu bien mieux et c’est plutôt lourdingue d’autant insister sur le fait qu’ils sont mentalement instables, et c’est dommage vu que l’auteur semblait vouloir s’attarder sur leurs psychologies, cela plombe un peu l’ensemble que ce soit aussi grossier et presque stéréotypé, même si pour le coup je ne sais pas ce qu’aurait donner l’intrigue si le personnage avait été plus nuancé…
Cela dit si la personnalité des personnages m’a un peu gênée et que j’aurais bien aimé que le livre soit plus long pour développer certains points, je le redis mais l’histoire est prenante et arrive à nous balader, mais forcément comme elle joue sur les rebondissements je ne peux pas en dévoiler beaucoup, cela perdrait de son intérêt et il vaut mieux se plonger dans l’histoire et dans l’atmosphère pesante en ne connaissant que le strict minimum.
« L’hiver dernier, je me suis séparé de toi » ne se limite pas qu’à une intrigue sombre, en si peu de pages l’auteur aborde pas mal de thèmes qui ont de quoi faire réfléchir, que ce soit jusqu’où on peut aller au nom de l’art (ce qui tombait bien vu qu’on traitait cette question dans mes études au moment de ma lecture !), ou la place des êtres « artificiels » et s’ils peuvent remplacer les êtres vivants (je n’en ai pas parlé car ce n’est pas forcément important dans l’histoire mais on croise un créateur qui fabrique des poupées à l’image de personnes décédées…).
Bref, s’il y a des défauts il y aussi pas mal de bons points dans cette lecture, il y avait le potentiel de creuser encore un peu plus mais le livre ne nous laisse pas sur notre faim, et je compte bien découvrir d’autres titres de Fuminori Nakamura pour voir un peu ce qu’il nous réserve.
Et pour finir, je remercie Babelio et les éditions Philippe Picquier pour cette découverte !
Ma note :