Du milieu de ce lac, mandala glacé où s'entrecroisent ses fantasmes, le romancier nous fait vivre des heures intenses à la frontière de la démence, dans un no man's land où peu d'entre nous osent s'aventurer. Vous côtoierez une galerie de personnages à la fois fantastiques et très tangibles : la comtesse russe, le Kalmouk géant, le moine mort-vivant, Kama la voluptueuse et sage, Alphonse Larouche, le maquignon hypocrite, et son épouse, la terrible Alvine... Et Louis Hémon, lui-même, qui, en ces années d'avant la Grande Guerre, hante les arpents glacés de ce lac et y vient converser avec Evan J. Thorston, le franc-maçon à mystères.
Avec cet ouvrage, Alain Gagnon poursuit inlassablement sa quête de " ce qui en l'homme est plus que l'homme ". Cette quête n'est pas sans risques pour l'auteur et, dans ce roman, il a risqué gros jeu.
" Alain Gagnon a toujours été fasciné par les phénomènes paranormaux. Tout au long de sa vie d'écrivain, il n'a jamais su dire non à la tentation de glisser, ici et là, dans ses ouvrages, des phénomènes inexplicables, des énigmes difficiles à cerner.
Que ce soit dans " Thomas K " ou dans " Le gardien des glaces ", le lecteur se heurte à un événement qui le désarçonne. Particulièrement dans " Le gardien des glaces ". Les fantasmes se bousculent entre les murs du relais qui accueille les voyageurs qui s'aventurent sur le lac Saint-Jean, entre Péribonka et Roberval, quand les glaces font un pont sur la grande étendue d'eau.
Louis Hémon y fait une apparition, un moine hirsute et des bêtes qui n'agissent guère comme des bêtes. Un incroyable roman de neige, de froidure et d'hallucinations qui subjugue le lecteur. Je le relis régulièrement et éprouve toujours le même plaisir. Un livre étonnant (...) Il serait temps de le redonner au public lecteur.
Yvon Paré, in Progrès-Dimanche "
" Nous nous souvenons des livres qui ont laissé en nous une empreinte, des livres qui nous ont changés. Le gardien des glaces d'Alain Gagnon est un de ceux-là. Ce roman a changé ma vision du lac en hiver. Auparavant, le lac ne présentait aucun intérêt pour moi en cette saison. Depuis la parution du Gardien, cette calotte de glace m'attire, irrigue ma vie. Et cet ouvrage est de plus rattaché à l'un de mes meilleurs souvenirs d'enseignant. Le gardien des glaces a servi de porte d'entrée dans le monde littéraire à plusieurs. En me le remettant, on me demandait : " Monsieur, en auriez-vous un autre pareil ? "
N'est-ce pas le seul roman qui exploite le lac Saint-Jean comme lieu d'une saga hivernale, où se marient la réalité et la fiction dans un style alerte et poétique ? Lisez la première phrase : " Sitôt les glaces suffisantes à porter hommes, bêtes et traîneaux, j'arrive. " Le gardien monte son relais. Nous sommes au début du XXe siècle. [...]
Jeune, Alain Gagnon avait entendu raconter l'histoire d'un homme qui, l'hiver venu, construisait au milieu du lac un relais pour les voyageurs. De ses souvenirs a surgi un conte où la magie opère. Imprégné par son milieu, le romancier félicinois a créé une œuvre originale, une épopée bien ficelée, au rythme rapide. Des personnages très particuliers peuplent ce roman, des scènes inattendues l'émaillent ; et la fin est digne de cette étendue de glace remplie de mystères, d'interrogations et de magies. Dans ce pays, l'hiver est long, l'hiver est dur. Nous avons besoin d'histoires pour l'exorciser. En voici plusieurs en une. Peu de romans possèdent cette envergure.
Jacques Girard, écrivain "
L'auteur : Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose ont ensuite paru chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004), Le truc de l'oncle Henry (2006) et Les Dames de l'Estuaire (2013). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L'espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d'août (Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d'Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (MBNE) ; récemment il publiait un essai, Fantômes d'étoiles, chez ce même éditeur. On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL. De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d'éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd'hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2.