» Souvent, il imagine, au rebord du sommeil,
Dans un futur lointain l’implosion du soleil.
Puisqu’un jour tout sera cette profonde absence,
Pourquoi remplir en vain notre vaine existence ?
Pourquoi se dépenser en futiles efforts
Dans un monde acculé au couloir de la mort ?
Qu’ils sont laids et idiots, ceux qui se divertissent
Ceux qui se perdent en labeur ou en délices,
Ceux qui travaillent, ceux qui aiment, ceux qui chantent
Pour oublier le vide intense qui les hante !
Eugène, à dix-sept-ans, a tout compris sur tout :
Et comme tout est rien, il ne fait rien du tout. «
Auteur : Clémentine Beauvais
Edition : Sarbacane
Note : 5/5 ♥
Présentation du roman
Le livre
Quand j’ai vu ce livre en librairie, j’en avais déjà entendu parler, notamment grâce à de magnifiques citations. Mais quelle surprise quand je l’ai ouvert ! Je ne savais pas du tout qu’il était écrit en vers et ça m’a un peu dérouté au départ.
Je n’avais des vers que le souvenir du primaire et des poésies qu’on devait apprendre. J’étais sceptique, j’avais peur de ne pas apprécier la forme d’écriture et de ne pas rentrer dans l’histoire. Mais j’ai mis de côté mes préjugés et l’ai finalement acheté.
La mise en page est très originale et j’admire l’auteure e l’éditeur pour le travail monstre qu’ils ont fourni. Ce livre est beau, autant dans les mots et le phrases, que dans la forme de ces paragraphes.
Le résumé
Quand Tatiana rencontre Eugène, elle a 14 ans, il en a 17 ; c’est l’été, et il n’a rien d’autre à faire que de lui parler. Il est sûr de lui, charmant et plein d’ennui, et elle timide, idéaliste et romantique. Inévitablement, elle tombe amoureuse, et lui, semblerait-il, aussi. Alors elle lui écrit une lettre ; il la rejette, pour de mauvaises raisons peut-être. Et puis un drame les sépare pour de bon. Dix ans plus tard, ils se retrouvent par hasard. Tatiana s’est affirmée, elle est mûre et confiante ; Eugène s’aperçoit, maintenant, qu’il ne peut plus vivre loin d’elle. Mais est-ce qu’elle veut encore de lui ?
Mon avis
(attention, risque de spoiler)
L’histoire
Tout dans ce livre est parfait. Je n’ai pas réussi à y trouver un seul point négatif, ce qui ne m’étais encore jamais arrivé.
L’histoire est écrite en vers, comme vous le savez déjà, et si j’ai eu un peu de mal lors des dix premières lignes (le temps de s’habituer à cette forme que je n’avais pas l’habitude de lire), j’ai dévoré le reste du roman.
Songe à la douceur n’est pas le genre de livre dont on va tourner les pages avec une grande avidité parce qu’on veut absolument savoir la suite, parce que le cliffhanger de la fin d’un chapitre est insoutenable, etc… Non. Songe à la douceur est le genre de livre dont on tourne les pages avec une grande avidité parce qu’on en veut tout simplement plus. On veut plus de cette poésie, on veut encore être plongé dans cette beauté fascinante, et plus la fin approche, plus on se dit qu’on ne pourra pas s’en remettre. Songe à la douceur est typiquement le genre de livre qui laisse une marque au fer rouge dans votre cœur et votre esprit, un livre qui change notre vie de lecteur en y apportant pureté et beauté.
La fin est tout à fait frustrante pour tout lecteur qui aime quand c’est net et précis. Ce qui est mon cas. Au début je me suis dit : « Quoi, on se languit tout le long du roman pour savoir comment ça va se terminer et on n’a droit qu’à ça ? » Mais avec le recul et à bien y réfléchir, il ne pouvait en être autrement.
La fin ne détonne pas de l’ambiance du roman, elle laisse au lecteur le soin d’imaginer ce qui peut se passer ensuite, ce qui la rend tout simplement parfaite. Je pense qu’une fin toute faite, avec l’exactitude de ce qui arrive aux personnages, m’aurait un peu gâché le charme et la beauté que je trouve à ce roman. Et c’est pourtant le genre de fin que je préfère !
Mais Songe à la douceur n’est pas un livre comme les autres, comme le comprendront ceux qui l’ont déjà lu.
Les personnages
Eugène et Tatiana sont deux personnages totalement différents. J’ai beaucoup aimé les rencontrer dans leur adolescence, tout comme dans leur vie d’adulte. Ça m’a permis de mieux appréhender leurs différences de caractère, et surtout les changements qui se sont opérés sur eux en dix ans.
Ils se cherchent, à des époques différentes, et ne savent rien de ce que l’avenir pourrait leur réserver. Ils ont une certaine innocence, un charme poétique que je n’avais pas encore rencontré chez d’autres personnages.
Conclusion
Poétique, fascinant, sublime, Songe à la douceur est une pure pépite de la littérature qui mérite d’être lue, relue et relue, encore et encore.
Ça a été pour moi un véritable coup de cœur et c’est, à ce jour, le meilleur livre que j’ai pu lire depuis Le Ciel est Partout de Jandy Nelson.