Troisième édition de ce nouveau rendez-vous mensuel, qui rime avec " C'est lundi, que lisez-vous ? ", et peut se voir comme un complément ou un petit frère dérangé, comme il vous plaira. Je vous invite à l'adopter, il ne mord pas.
Le principe ? Quatre trucs à balancer !
- Le Top & Flop de ce que j'ai lu le mois dernier
- Au moins 1 chronique d'ailleurs lue le mois dernier
- Au moins 1 lien qui m'a fait " Wahou " le mois dernier (hors chronique littéraire)
- Et enfin : ce que j'ai fait de mieux le mois dernier
1) TOP & FLOP Alors, ce mois-ci, en tout, j'ai lu :
Et parmi ces lectures, j'ai eu maaasse de coups de cœurs ! Donc ça se bouscule dans la catégorie Top. J'ai aussi eu 2 Meh... mais pas de véritable Flop. Quel mois formidable.
Top (4) J'ai achevé dans un sprint de lecture la saga Red Rising. Je ne sais pas comment le dire autrement et j'assume les superlatifs, aussi : c'est simplement la meilleure dystopie young-adult que j'aie jamais lue.
(Avec la trilogie de Patrick Ness,Le Chaos en Marche, qui est bien différente.) Dans Red Rising, tous les ingrédients habituels sont là, de la société segmentée au héros rebelle en passant par les jeux mortels - et pourtant, vous n'avez jamais rien lu de tel. C'est une épopée de haute science-fiction inspirée de la Rome antique, qui flirte avec le space-opéra et les sagas guerrières nordiques.
Je vous recommande chaudement cette trilogie menée à un rythme d'enfer qui n'hésite pas à malmener ses héros et mettre le lecteur face à des choix impossibles. (Numéro 1 des retournements de situation !) Je pense préparer un article à quatre mains avec Vanaheim, une chroniqueuse jusqu'ici discrète qui a dévoré la saga en même temps que moi et n'a cessé de m'envoyer des messages remplis de points d'exclamation pendant sa lecture. (Auxquels je répondais à grand renfort de OMG!!! Jetez-nous la pierre, vous *connaissez* cette sensation !) Cette lecture fait partie de mon Défi 12 mois, 12 amis, 12 livres, qui consiste à lire les favoris de ses amis au rythme d'un par mois. Je ne sais pas encore sous quel format mais je reviendrai faire un bilan de ces 12 lectures. Blast est une expérience à mi-chemin entre le récit policier et la quête intimiste. Le personnage principal, interrogé par la police (on ignore tout d'abord pourquoi), nous plonge dans ses souvenirs, qui constituent le véritable cœur de la narration. Or, ces souvenirs, ceux de la longue errance qui l'a finalement menée au commissariat, sont emprunts d'une ambiance mêlée de poésie et d'horreur qui met vite mal à l'aise - c'est pour cette raison que ma lecture des quatre tomes s'est étalée sur presque trois mois, j'avais besoin de souffler entre chaque. On est saisi. Le protagoniste est monstrueux, crasseux, inquiétant, et pourtant... malgré soi, rapidement, on le trouve infiniment attachant. C'est de là que vient le malaise, car on ne peut qu'aimer ce faux benêt en quête de son fix existentiel, tout en étant (comme les policiers) tendus, assis du bout des fesses sur notre chaise. Blast est une expérience violente et magnifique, de celles qui restent avec le lecteur. Visuellement, c'est incomparable. J'avais déjà lu Le rapport de Brodeck de Larcenet, et la gestion du noir et blanc, de traits délicats au milieu de la pesanteur noire, se retrouve dans Blast. Mais ici, le dessin est varié dans ce qu'il propose, et devient plus dingue de tome en tome, passant par plusieurs styles, chacun vecteur de sens. Blast, c'est un mélange de noirceur et de naïveté, entre la crasse humaine et l'expérience mystique. Chimamanda Ngozi Adichie est en train de devenir une de mes auteurs préférées - ce en quoi je ne suis pas du tout originale vu que je la découvre en même temps que tout le monde et que, comme tout le monde, je la trouve GÉNIALE. Excellente romancière, elle peut t'emmener traverser plusieurs vies et plusieurs cultures de façon vive, brûlante, drôle et brillante dans une fresque comme Americanah. Et, sociologue moderne, féministe touche-à-tout, elle n'a pas son pareil pour éclairer la société de son regard aigu et impitoyable, pointant du doigt les injustices et absurdités des rapports hommes-femmes dans le monde moderne (et toujours dans plusieurs cultures différentes, ce qui est d'une richesse rare). *Nb : être intransigeant n'est pas incompatible avec la bienveillance, bien au contraire ; vous connaissez l'adage Qui aime bien châtie bien ? Ce n'est pas juste une excuse pout faire des brûlures indiennes à son petit frère. Ça veut dire que si on veut vraiment le bien de quelqu'un, si on est réellement bienveillant, on se doit d'être exigeant. Dans Chère Ijeawele, avec son optimisme caractéristique et sa bienveillance intransigeante*, elle répond à la demande d'une amie qui vient d'accoucher d'une petite fille, et qui, comme tous les parents s'inquiète de comment bien éduquer son enfant. Alors, en une longue lettre généreuse, intelligente, drôle et (forcément un peu) incertaine, l'auteur s'attache à lui donner 15 conseils pour une éducation féministe, afin de déjouez les embuches semées sur le chemin des filles dans la société d'aujourd'hui. L'écriture est maîtrisée, et le rythme et la construction du récit sont hallucinants, surtout sur les tomes 2 et 3. Les personnages sont terriblement humains, ils nous surprennent comme ils nous déçoivent, et même le Gary-Stu de base que semble être Darrow à certains moments est une pelote de tourments et d'émotions. J'ai craqué sur ces comics américains qui brisent les codes de la haute science-fiction. Cette série magnifique est drôle, optimiste et - j'allais oublier - très originale. Ses héros sont un couple de parias venant de donner naissance à une enfant bâtarde interespèces, bravant tous les interdits. Au cœur d'une guerre galactique (qui reste à l'arrière-plan), on se trimballe donc un marmot qu'il faut changer et allaiter.
" MEH " (2)
Un " Meh ", c'est un livre qui aurait pu être un Flop mais en fait, non, parce qu'il y a, objectivement, Côté moins cool : Cela manque de tension, d'intrigue, d'une construction narrative forte, pour un roman. Et puis, l'aspect assez didactique m'a gonflée, de temps à autres. J'avais parfois le sentiment de lire une démonstration de ce qui cloche dans notre société de consommation (aka beaucoup de choses) et de ce qu'il faudrait changer pour que le monde soit meilleur (aka beaucoup de choses). Par ailleurs, et cela joue dans mon ressenti, ce portrait idyllique de l'Ère de la Douceur (où tout-le-monde-il-est-beau-tout-le-monde-il-est-gentil) sonne faux à mes oreilles. (Sérieusement, comme si le fait de vivre dans les arbres allait supprimer magiquement la violence, l'envie, et toute la série des péchés capitaux - dont témoignent des textes mythologiques très antérieurs à notre société de consommation actuelle.) Et je ne me retrouve pas, à titre très personnel, dans ce fantasme de monde où le progrès technique de production est interdit (ça m'a rappelé la fin de Ravage, de Barjavel, brrr) ; moi j'aime bien l'idée d'inventer toujours de meilleurs moyens de ne pas passer ses journées aux champs, afin de les passer plutôt à lire de la poésie - - ce que Macha et ses contemporains adorent faire, mais qui en pratique serait assez compliqué dans une société dénuée de machines ou d'esclaves (suffit de regarder le quotidien des ouvriers ou paysans quelques décennies en arrière pour s'en rendre compte). Mais bref, si je me retrouve à discuter des idées portées par le roman (alors qu'au fond, je n'ouvre pas un roman pour m'engager dans un débat), c'est que, et c'est ça qui pêche à mon avis, Macha ou l'évasion ne s'articule presque qu'autour de ses idées. Le roman porte une opinion, une vision sociétale, et celle-ci n'est à mon sens pas assez insérée, incarnée dans un vrai récit pour que l'on puisse s'en détacher et aimer l'histoire en-dehors de son propos. Vous voyez ce que je veux dire ? On tombe un chouïa, bien que pas totalement, dans le roman à message (cf. ma chronique de George, d'Alex Gino). Donc, je n'ai pas détesté, mais... " Meh " ! Par ailleurs, j'ai eu l'impression que le texte souffrait d'une surtraduction (un style simple en VO qui devient soutenu et lourd en VF), et après vérification, c'est un peu le cas, effectivement - ce qui n'aide pas le problème d'insistance sur des détails insignifiants, DUH. Donc ici, " Meh ! " car je n'ai pas aimé ce texte, mais je ne suis pas sûre que cette première expérience m'ait réellement donné l'opportunité de découvrir Truman Capote. Mais ça part mal. 2) CHRONIQUES D'AILLEURS Je ne vais pas m'étendre sur ce texte qui est ma toute première expérience avec Truman Capote, et que j'ai choisi volontairement courte (texte rikiki) : par moments, j'ai aimé le style, mais presque tout le temps, j'ai détesté le rythme. J'ai trouvé que le récit ne savait pas gérer ses ellipses de façon à tendre son texte vers son enjeu : la relation entre le petit garçon (le narrateur) et son grand-père. On s'égare dans des interstices non significatifs qui n'ont pas de force particulière, et on manque la douleur douce-amère de cette relation abandonnée, mais chérie. 3) WAHOU LE WEB Côté cool : Plongez-vous dans un univers futuriste où une nouvelle société est née... qui n'est pas une dystopie ! Ça change. J'aime l'idée. On se situe dans un monde post-crise économique où tout a été reconstruit, repensé, autrement, harmonieusement. C'est un roman ultra optimiste, ce qui est agréable. Par ailleurs, l'aspect témoignage, avec l'idée de collecter les souvenirs de la génération précédente, m'a beaucoup plu. de bons aspects, des choses cool. Sauf que la sauce n'a pas tout à fait pris. Ici, 4) HAPPY NOMBRIL* *Expression volée à Lola, d'À l'Hozizon des Mots je tiens à parler des aspects qui m'ont séduite et moins séduite. C'est bourré d'humour et ponctué d'inventions visuelles épatantes, parfois presque psychédéliques.
J'ai tellement craqué que je vous ai préparé un article dessus alors que je n'ai lu que 3 tomes sur 6. Il paraîtra demain, donc je n'en dis pas plus !
- J'ai adoré la chronique de Pax et le petit soldat, de Sara Pennypacker, par Moka, sur son blog Au milieu des livres. Très juste, elle a su mettre les mots sur la délicatesse de ce récit et m'a replongée dans mon bonheur de lecture.
- J'ai A-DO-RÉ le concept du Top Littérature Jeunesse 2016 de Tom, de La Voix du Livre, où, pour chacun de ses coups de cœur, il a invité l'auteur à partager son propre coup de cœur de l'année passée, et lui a demandé ce que dirait son personnage à propos de 2016.
- Si je n'ai pas encore lu Je suis ton soleil, de Marie Pavlenko, la chronique Bob, du blog Bob & Jean-Michel, devrait vous donner autant envie qu'à moi. Il s'agit d'un roman de genre, au sens : le genre de la poilade adolescente parce qu'on enchaîne les VDM. Sauf que, si j'en crois Bob - et j'en crois Bob - c'est plus que ça.
- J'ai vraiment aimé cet article 3 livres sur le thème de l'immigration sur le blog Croque les mots, parce qu'on n'y tombe pas dans l'écueil de la bien-pensance et que c'est tout simplement un excellent prétexte à vous recommander de l'excellente littérature qui - bonus - rend intelligent.
- Et last but not least, un article qui m'a donné envie, par son bagout, sa passion et la richesse de ses recommandations, c'est la chronique de Dans ta page sur le roman de Jo Witek, Y a pas de héros dans ma famille. Alors, je sais, ça fait plusieurs fois que je recommande Dans ta page, mais euh, il est très bien ce blog, et me muscler les zygomatiques faisant partie de mon régime quotidien, je m'y rends régulièrement, et tu devrais faire pareil.
Je vous ai bien chargés en chroniques, aussi, je vais vous faire une seule recommandation côté Web.
J'ai découvert la chaîne de linguistique de L'insolente linguiste, qui a en outre l'avantage indescriptible d'être québécoise (en plus d'être brillante et fun), et de proposer ainsi une approche différente de la langue de ce qu'on entend habituellement sur nos réseau nombrilo-hexagonaux.
Vous pouvez insérer le lien de votre propre C'est le 1er, je balance tout ! en cliquant sur l'aimable grenouille bleue ci-dessous. (Je reporterai tous les liens directement en fin d'article.) Aujourd'hui, c'est une vidéo sur le terme selfie et son pendant académique égoportrait que je souhaite partager avec vous, parce qu'elle est géniale, simple, et très pertinente : Un selfie n'est pas un égoportrait, de l'Insolente Linguiste.
*Je compte sur vous pour vous moquer, c'est ça que je voulais dire. Raisons pour lesquelles j'ai été contente d'être moi en mars :
La chronique de George, d'Alex Gino, qui me tenait beaucoup à cœur parce que j'avais engagé le dialogue avec pas mal de lectrices et lecteurs au sujet de ce roman, a suscité des réactions aussi variées qu'intéressantes et m'a globalement permis de constater, une fois encore, que j'étais entourée de gens intelligents.
- J'ai fait des interventions scolaires auprès de collégiens de 11 à 13 ans environ, pour leur présenter la collection Pépix, la chaîne du livre et les métiers de l'édition, et passé la terreur du malentendu - Je dois parler à des enfants ? Mais... je SUIS une enfant ! - l'expérience était formidable, excitante, et je n'ai même pas tapé le cornichon qui m'a soutenu, le sourcil goguenard, que Dragon Ball Z, c'était démodé.
-
Ça bouge, professionnellement ! OMD !! Je vous donnerai des nouvelles plus précises cet été. *S'enfuit d'un air de petit diable malicieux, tel un lutin de Cornouailles.*
Raisons pour lesquelles j'ai été modérément contente d'être moi en mars :
- Je suis allée au Salon du livre de Paris et j'ai acheté -
- beaucoup -
- beaucoup beaucoup -
- TROP
- de livres.
Du côté des chroniques à venir : la trilogie Red Rising, probablement Pax, certainement L'Écrivain abominable, mon énorme coup de cœur régressif, et of course SAGA dès demain.
D'ici là, bonnes lectures !
PS : On va faire comme si personne n'avait remarqué que j'étais en retard à ce rendez-vous, je compte sur vous. *