Je vous parle aujourd'hui d'un roman paru très récemment, doté d'un bandeau pour le moins accrocheur : "J'aimerais bien être amoureux d'une vraie personne".A ce stade, libre au lecteur de s'imaginer qu'il est question de Pygmalion ou de zoophilie, mais en tout cas, une chose est sûre, on veut en savoir plus.
Libres pensées...
Le narrateur, étudiant en sociologie, est amoureux de Harry Styles, ancien membre du groupe One Direction, auquel il décide de consacrer son mémoire, prétextant une analyse en sociologie des représentations fondée sur la circulation iconographique autour de Styles.
Dans le cadre de son travail, il réalise des entretiens auprès de jeunes filles revendiquant leur passion pour Harry Styles, puis fait la rencontre de Julien, étudiant en droit et avec lequel il partage son objet de recherche. Peu à peu, il noue une relation particulière avec lui, qui va lui permettre de rencontrer Harry Styles, tandis que son mémoire prend une nouvelle direction sous l’impulsion de Jean-Philippe Costat, son nouveau directeur, qui le bouscule et lui suggère d’envisager Harry Styles comme sujet et non comme objet.
Si l'on m'avait dit un jour que je lirais un roman sur un fan de One Direction, j'en serais restée bouche bée. Ou plutôt, non, je me serais perdue en dénégations et accusations de calomnie.
Et pourtant, force est de reconnaître que le roman de Côme Martin-Karl m'a complètement absorbée.
La preuve : il m'a même conduit à taper dans Google "Harry Styles", histoire de voir si le jeune homme existait vraiment (oui, mon niveau de culture musicale actuelle en est là...), et pour les curieux, la réponse est oui. Il a même daté Taylor Swift, Kendall Jenner, Ellie Goulding, Selena Gomez... Messieurs Dames, la jeunesse est prolifique, réjouissons-nous.
Bref, Harry Styles.
A l'image de Podium, Styles n'est pas tant un roman sur Styles lui-même que sur un étudiant amoureux de Styles, qui ne le connaît pas et l'a donc appréhendé uniquement au travers de l'image médiatique à laquelle il a accès.
Le récit relate les tribulations du narrateur, occupé à son mémoire de sociologie consacré à Styles, et incertain des sentiments qui sont les siens. Il se dit amoureux de Styles, est pourtant attiré par Julien, cultive l'intérêt que lui porte un autre larron, bref, on s'aperçoit rapidement qu'il ne sait pas forcément où il en est, dans sa vie sentimentale comme sociale, et qu'il en est de même dans ses études.
Styles a le goût des romans très actuels, ancrés dans une temporalité et des mœurs connues du lecteur. Le narrateur exprime son mal-être et les paradoxes qui l’habitent, ses désirs divergents, une certaine solitude en dépit des interactions relatées.
Finalement, bien que l'intrigue soit légère, l’écriture transporte le lecteur, et les préoccupations du narrateur autour de l’amour et de la réussite intéressent, rendant la lecture prenante. Le récit n’est par ailleurs pas dépourvu d’une touche d’humour et d’autodérision qui le rend pétillant.
Pour vous si...
Morceaux choisis
"Je n'ai pas eu de grandes difficultés à trouver un directeur de mémoire prêt à accepter que je travaille sur Harry Styles. La sociologie a ceci d'excitant que tous les objets du monde social sont susceptibles d'être décortiqués. C'est ce qui fait son attrait, et probablement aussi ce qui cause son manque de prestige face aux sciences dures qui ont un champ de recherche fini. On peut imaginer une sociologie de la bactérie, mais aucun biologiste ne s'intéressera jamais au chômage. La sociologie prétend à une telle universalité qu'elle en devient une discipline floue se diluant dans le monde qu'elle est censée expliquer."
"Je comprends très bien les préadolescentes qui se laissent aller à la volupté de l'amour pour une star. C'est d'abord un sentiment sécurisant que celui de l'érotisme impossible : on peut éprouver les choses les plus violentes sans jamais être confronté au réel. Cela a été décrit en long, en large et en travers par des bataillons de pédopsychologues.
Mais surtout, il me semble que ce sentiment est identique à l'émotion religieuse en ce qu'il est fondé sur la combinaison de l'inaccessible et du toujours-là. Comme Dieu, Harry Styles est inaccessible et pourtant il est toujours là. En fait, comme beaucoup de stars contemporaines, il n'existe pas, et pourtant il sature l'espace public de sa présence."
"Je n'ai pas du tout envie de baiser. Je le lui dis. Je suis désolé. Il fait comme s'il ne comprenait pas et comme s'il n'avait jamais été question de ça. Il prend l'air outré d'un président de conseil d'administration à qui l'on affirme que son entreprise a comme seul et unique but de générer de l'argent." (AH AH AH!)
"Je me mets souvent en situation d'attendre des réponses. Pour moi, la vie est une entité à laquelle j'adresse un vaste questionnaire qu'elle ne me rend jamais, ou alors jamais à l'heure."
Note finale3/5(cool)
Libres pensées...
Le narrateur, étudiant en sociologie, est amoureux de Harry Styles, ancien membre du groupe One Direction, auquel il décide de consacrer son mémoire, prétextant une analyse en sociologie des représentations fondée sur la circulation iconographique autour de Styles.
Dans le cadre de son travail, il réalise des entretiens auprès de jeunes filles revendiquant leur passion pour Harry Styles, puis fait la rencontre de Julien, étudiant en droit et avec lequel il partage son objet de recherche. Peu à peu, il noue une relation particulière avec lui, qui va lui permettre de rencontrer Harry Styles, tandis que son mémoire prend une nouvelle direction sous l’impulsion de Jean-Philippe Costat, son nouveau directeur, qui le bouscule et lui suggère d’envisager Harry Styles comme sujet et non comme objet.
Si l'on m'avait dit un jour que je lirais un roman sur un fan de One Direction, j'en serais restée bouche bée. Ou plutôt, non, je me serais perdue en dénégations et accusations de calomnie.
Et pourtant, force est de reconnaître que le roman de Côme Martin-Karl m'a complètement absorbée.
La preuve : il m'a même conduit à taper dans Google "Harry Styles", histoire de voir si le jeune homme existait vraiment (oui, mon niveau de culture musicale actuelle en est là...), et pour les curieux, la réponse est oui. Il a même daté Taylor Swift, Kendall Jenner, Ellie Goulding, Selena Gomez... Messieurs Dames, la jeunesse est prolifique, réjouissons-nous.
Bref, Harry Styles.
A l'image de Podium, Styles n'est pas tant un roman sur Styles lui-même que sur un étudiant amoureux de Styles, qui ne le connaît pas et l'a donc appréhendé uniquement au travers de l'image médiatique à laquelle il a accès.
Le récit relate les tribulations du narrateur, occupé à son mémoire de sociologie consacré à Styles, et incertain des sentiments qui sont les siens. Il se dit amoureux de Styles, est pourtant attiré par Julien, cultive l'intérêt que lui porte un autre larron, bref, on s'aperçoit rapidement qu'il ne sait pas forcément où il en est, dans sa vie sentimentale comme sociale, et qu'il en est de même dans ses études.
Styles a le goût des romans très actuels, ancrés dans une temporalité et des mœurs connues du lecteur. Le narrateur exprime son mal-être et les paradoxes qui l’habitent, ses désirs divergents, une certaine solitude en dépit des interactions relatées.
Finalement, bien que l'intrigue soit légère, l’écriture transporte le lecteur, et les préoccupations du narrateur autour de l’amour et de la réussite intéressent, rendant la lecture prenante. Le récit n’est par ailleurs pas dépourvu d’une touche d’humour et d’autodérision qui le rend pétillant.
Pour vous si...
- Vous êtes curieux, et avez un petit côté branché
- Vous êtes vous aussi amoureux de Harry Styles. Il faut exorciser tout ça, mon vieux.
Morceaux choisis
"Je n'ai pas eu de grandes difficultés à trouver un directeur de mémoire prêt à accepter que je travaille sur Harry Styles. La sociologie a ceci d'excitant que tous les objets du monde social sont susceptibles d'être décortiqués. C'est ce qui fait son attrait, et probablement aussi ce qui cause son manque de prestige face aux sciences dures qui ont un champ de recherche fini. On peut imaginer une sociologie de la bactérie, mais aucun biologiste ne s'intéressera jamais au chômage. La sociologie prétend à une telle universalité qu'elle en devient une discipline floue se diluant dans le monde qu'elle est censée expliquer."
"Je comprends très bien les préadolescentes qui se laissent aller à la volupté de l'amour pour une star. C'est d'abord un sentiment sécurisant que celui de l'érotisme impossible : on peut éprouver les choses les plus violentes sans jamais être confronté au réel. Cela a été décrit en long, en large et en travers par des bataillons de pédopsychologues.
Mais surtout, il me semble que ce sentiment est identique à l'émotion religieuse en ce qu'il est fondé sur la combinaison de l'inaccessible et du toujours-là. Comme Dieu, Harry Styles est inaccessible et pourtant il est toujours là. En fait, comme beaucoup de stars contemporaines, il n'existe pas, et pourtant il sature l'espace public de sa présence."
"Je n'ai pas du tout envie de baiser. Je le lui dis. Je suis désolé. Il fait comme s'il ne comprenait pas et comme s'il n'avait jamais été question de ça. Il prend l'air outré d'un président de conseil d'administration à qui l'on affirme que son entreprise a comme seul et unique but de générer de l'argent." (AH AH AH!)
"Je me mets souvent en situation d'attendre des réponses. Pour moi, la vie est une entité à laquelle j'adresse un vaste questionnaire qu'elle ne me rend jamais, ou alors jamais à l'heure."
Note finale3/5(cool)