Manoel, un tatou qui lit beaucoup. (c) l'école des loisirs.
Illu et légende en pleine page. (c) edl.
L'histoire, complètement loufoque, est admirablement mise en scène et brillamment soutenue par de percutantes illustrations pleine page dont les légendes détaillées forment à elles seules une version parallèle du récit. En fait, Manoel, un tatou brésilien cultivé et lecteur plus que vorace (romans, albums, prospectus, dictionnaires, notices de montage Ikea, etc.), reçoit de son ami Luizao, le narrateur, un exemplaire du livre "Histoires comme ça", de R. Kipling. Avec une histoire qui le concerne, la septième, "Le commencement des tatous".Qu'a lu là Manoel? Le tatou est furieux de ce qui est écrit à propos de son espèce et décide d'aller "trouver ce R. Kipling" et de "lui demander les yeux dans les yeux de publier un démenti." Et bien sûr, il décide d'embarquer Luizao, donateur du livre, dans cette aventure. Logique de tatou.
Le roman va nous faire vivre les différents épisodes de cette quête d'auteur, plus invraisemblables les uns que les autres, mais logiques à leur manière et tellement réjouissants à découvrir. Qui est ce R. Kipling d'abord? Ce gars de Manaus au pedigree long comme un bras qui traîne avec l'ex-vendeuse de fleurs Bonanza? De fameuses aventures et de nombreuses surprises attendent Manoel et Luizao, d'autant que les piranhas du fleuve dédaignent rarement l'occasion de grignoter un bout d'humain et que rôdent Geraldo, grand chasseur de tatous, et un Indien furieux que le narrateur lui ait refilé des piles déchargées…
Exemples de lettrines dessinées. (c) l'école des loisirs.
Le suspense s'intensifie de chapitre en chapitre, chacun ayant une lettrine joliment dessinée - une idée empruntée à Rudyard Kipling lui-même -, les caractères des personnages se précisent pour le meilleur et pour le pire. Le texte oscille constamment entre sérieux, dans les remarques du tatou par exemple, et grosses blagues chez les autres, établissant une atmosphère solidement farfelue. Mais les différents éléments rencontrés en chemin se retrouvent subtilement dans une finale bien composée. Un tapis rouge particulièrement original pour la lecture d'"Histoires comme ça".
Des légendes aussi effrayantes que les dessins. (c) l'école des loisirs.