La vie de famille peux réserver bien des difficultés, et receler bien des secrets. Ceci est d'autant plus vrai lorsque vous êtes un synthézoïde, c'est-à-dire une créature artificielle faite de circuits et de technologie ultra moderne, mais dotée des sentiments et d'une logique tout humaine. C'est cette étrange combinaison qui a poussé la Vision à tenter l'aventure d'une vie de famille normale, avec une femme et deux enfants, dont il est le créateur, au sens propre. Leur emménagement dans une banlieue paisible américaine a vite tourné au cauchemar, l'épouse de la vision ayant ainsi assassiné le Moissonneur, qui était venu causer un drame chez notre Avenger. Ensuite elle s'est retrouvée en partie coupable de la mort du fils d'un voisin, qui tentait de la faire chanter, après avoir filmé la disparition du premier cadavre. La Vision peut-il mentir pour protéger sa famille? Quelles seront les conséquences extrêmes des actes du premier tome et jusqu'à quel point la situation peut-elle empirer? Après un premier épisode qui revient sur la longue relation entre le héros et la Sorcière Rouge, leur mariage, leur histoire d'amour et leurs enfants imaginaires, qui sont à la base d'une des plus grandes tragédies de l'histoire Marvel, nous retournons dans le vif du sujet avec un Tom King qui signe là un des titres les plus extraordinaires qu'il nous ait été donné de lire chez Marvel, ces dernières années. Il faut des êtres de circuits imprimés pour obtenir une telle analyse, une telle finesse dans la description de ce qui peut bouleverser un être humain, lorsque les liens du sang et les choix forcés nous obligent à emprunter des sentiers que nous savons périlleux. La situation précipite d'avantage lorsque le "frère" de la vision, Victor Mancha, ancien membre des Fugitifs et des Avengers I.A, s'installe au foyer...
La famille de la Vision est totalement désorganisée, proche du délitement. La femme est névrosée, piégée dans une vie au foyer qui ne lui convient pas, écrasée par les mensonges et ses actes qui inévitablement apporteront le désastre. La fille tente de vivre son existence d'adolescente pré-programmée, non sans pâtir du climat ambiant. Reste le fils, fasciné par le Marchand de Venise, la tragédie de Shakespeare, et qui sera lui aussi au centre d'un drame exemplaire. Victor apporte de son coté cette poussée décisive, ce dernier coup du sort qui ajoute la trahison au lot des frustrations quotidiennes, et pousse la Vision devant un choix crucial. Accepter les faits et se soumettre à ce que les autres attendent de lui (les Avengers) ou agir, au risque de se mettre à dos toute la communauté super-héroïque, et de précipiter le funeste destin qui rôde.
Inutile de se répéter, cette série en douze épisodes est indispensable. L'écriture est d'une justesse remarquable, et l'ensemble fonctionne comme un mécanisme d'horlogerie diabolique, où tout se met peu à peu en place et implose au bon moment. Gabriel Hernandez Walta est parfait dans son rôle de dessinateur d'émotions, et il insuffle vie et grandeur à ces personnages synthétiques, pourtant si proches de nous, si semblables à l'humanité et ses contradictions. Notons aussi le passage de Michael Walsh, qui ne dépareille pas, et joue lui aussi dans un registre sensible et poignant. La Vision, chez Panini Comics, est ce genre de comic-book qu'on définit "oeuvre d'art" sans avoir à rougir un seul instant.
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