- Là où tu iras j'irai -Marie VareilleÉd. Mazarine
Je continue donc mes péripéties netgalléennes (merci !) avec ce tout nouveau titre des éditions Mazarine et d'une autrice que l'on commence à connaitre, Marie Vareille. D'elle, je n'avais lu que Je peux très bien me passer de toi aux éditions Charleston, qui m'avait laissé de très bonne humeur, ce qui est toujours appréciable (et pas si facile que ça si vous me connaissez, moi et mon pessimisme à toute épreuve). Je partais donc pleine d'espoir et le baume déjà au cœur rejoindre la jolie demoiselle en converses de la couverture dans des aventures que j'espérais drôles et rocambolesques. En voiture, Simone !
Le résumé qui te rejoint dans le bus
Isabelle a 32 ans, un chihuahua nain prénommé Woody-Allen et une carrière d’actrice comparable à celle du Titanic : prometteuse en théorie, catastrophique en pratique. Le jour où elle refuse la demande en mariage de l’homme qu’elle aime, sous prétexte qu’elle ne veut pas d’enfant, elle se retrouve à la rue, avec pour toute fortune vingt-quatre euros sur son compte en banque. Elle est alors forcée d’accepter le seul travail qu’on lui propose : utiliser ses talents de comédienne pour séduire Jan Kozlowski, un jeune veuf sur le point de se remarier. La voilà donc partie en Italie, dans la maison de vacances de la richissime et déjantée famille Kozlowski. Seule ombre aux deux semaines de dolce vita qui se profilent : pour exécuter en toute discrétion sa mission « séduction », Isabelle devra jouer le rôle de l’irréprochable nanny anglaise de Nicolas, 8 ans, qui n’a pas prononcé un seul mot depuis la mort de sa mère cinq ans plus tôt. Isabelle est bien loin d’imaginer à quel point cette rencontre improbable avec ce petit garçon blessé par la vie va bouleverser sa vision du monde.
L'avis qui t'attend où que tu sois
Les premières pages m'ont fait un peu peur. On découvre une jeune femme, Isabelle, un peu perdue, mais avec une vie plutôt sympa. Et là, le drame, la demoiselle fiche tout en l'air, balance son bonheur par-dessus la (courte) patte de son chihuahua et rompt avec son (parfait) copain, Quentin. Bon. Titine s'est dit qu'on était partie pour une énième chick-litt, bourrée de clichés où une charmante donzelle allait comprendre qu'en fait, son (parfait) copain ne l'était justement pas (parfait) et tomber sous le charme (et le sex-appeal débridé) d'un autre bonhomme, le riche (coucou Christian) et sublime Jan Kozlowski (bon, par contre, la prochaine fois, faut l'appeler Dupont, votre personnage, Madame Marie, hein, je ne vais jamais m'en sortir moi) qu'elle est payée pour séduire (beurk).
Et en fait, NON ! Ouf, miracle, on a eu chaud au postérieur.
Là où tu iras j'irai passe brillamment tous les écueils et clichés bien connus de la chick-litt et, je ne sais pas vous, qu'on ne me prenne pas pour une idiote sous prétexte que je porte des culottes, ça me soulage vachement. L'héroïne est crédible, les adolescentes dont elle a la charge aussi et, pompon sur le bonnet, les hommes ne sont pas de parfaites bêtes de sexe ! Inutile de vous dire que j'ai plongé direct (j'avoue que le fait de sortir d'une lecture légèrement pénible a dû aussi aider). Ici, tout coule de source, les dialogues sont bons, l'humour est bien présent (avec des scènes de courses poursuites en vespa digne de Fast and Furious !) et au-delà de la lecture légère d'été, il y a un vrai fond, sur les relations familiales et le deuil notamment, qui apporte un sacré plus.
Là où, d'ordinaire, la romance a une place de choix, ici c'est la relation entre Isabelle notre héroïne trentenaire et Nicolas, un enfant traumatisé, qui va être reine. Les moments entre eux deux, autour d'Harry Potter, sont absolument adorables et on voit une douce et tendre complicité naître au milieu des gaffes des uns et des autres. À défaut de s’appesantir sur le classique schéma de l'amour romantico-romantique, Marie Vareille va nous plonger au sein d'une famille certes riche mais surtout sacrément dysfonctionnelle, avec un père absent, une grand-mère qui veut tellement bien faire qu'elle en devient tyrannique et des enfants en roue libre. La volubile Isabelle va doucement creuser son trou au milieu de tout ça (à ses risques et périls) et beaucoup d'éléments étonnants vont surgir au fil de la lecture (avec pas mal de suspense et une révélation renversante !).
En Bref
Broco conseille !
Si je m'attendais à passer un agréable moment avec Marie Vareille, ma lecture fut au-delà de ma simple espérance et attente de légèreté. L'autrice arrive à réinventer la chick-litt et le roman feel-good en lui rendant quelques lettres de noblesse mais en conservant aussi ce qui fait la beauté du genre. L'écriture a beau être simple, elle n'en demeure pas moins pétillante, à grand renfort de répliques qui tuent et de réparties glaciales :
"Elle lui a fait subir un lavage de cerveau à base de sexe tantrique et de smoothies vegan. Il n’y a que son fric qui l’intéresse, elle a l’âge d’être sa fille et le charisme d’une poubelle de salle de bains."Et je me suis retrouvée à la fin des péripéties italiennes d'Isabelle avant d'avoir eu le temps de dire "Saperlipopette". Petite touche qui ajoute encore au charme ambiant, le décor planté rappellera de bons souvenirs à tous ceux qui ont une fois mis les pieds en Italie (la scène chez le marchand a fait saliver ma mémoire, la bougresse). Un roman attachant, drôle et émouvant qui satisfera tous ceux qui veulent rêver un instant.