Concept et résumé: Zoé, Princesse Parfaite, est une collection qui suit Zoé, une petite fille de plus ou moins cinq ans, dans sa vie quotidienne, suivant un thème précis. Les doubles pages antagonisent les " mauvais " et " bons " comportements de Zoé, dans une situation donnée.
Ici, Zoé est timide: au parc, à l'école, sur scène, avec des amis, au centre aéré... Zoé est tellement timide qu'elle n'arrive pas à communiquer, est embarrassée, rougit, n'ose pas... mais lorsque Zoé se transforme en Princesse parfaite, alors elle prend son courage à deux mains, fait le spectacle, va parler aux autres enfants, demande à aller aux toilettes, fait un bisou à sa maîtresse...
A la fin du livre, il y a un diplôme et dix bons points. A chaque fois que l'enfant surmonte sa timidité, il reçoit un bon point, et lorsqu'il a reçu tous ses points, il reçoit son diplôme.
Mon avis: il n'a pas changé pour cette collection. Je trouve toujours que c'est une fausse bonne idée.
Antagoniser Zoé, qui fait les choses " mal ", avec son alter-égo de princesse, c'est déjà à la limite du soutenable pour moi. Le message envoyé est: telle que tu es, tu as seulement des défauts. Il te faut te transformer en Princesse Parfaite, avec robe à fanfreluches et tout le tralala, pour être considérée en société. Je passe sur le fait que l'alter-égo aurait pu être une héroïne badass au lieu d'être toute de rose vêtue... pour les stéréotypes de genre, on est en plein dedans.
Les situations sont hyper culpabilisantes pour l'enfant timide: au centre aéré, Zoé fait pipi dans sa culotte mais n'ose pas le dire au moniteur. En Princesse Parfaite, Zoé ose enfin dire qu'il faut qu'elle se change! Youpi! Quand Zoé voit un copain qu'elle n'a pas vu depuis longtemps, elle reste dans les jupes de sa mère. Mais quand Princesse Parfaite voit sa meilleure copine, elle lui saute au cou! Quand Zoé est au parc, elle n'ose pas parler aux autres enfants et se sent triste qu'ils s'amusent sans elle... bref, vous saisissez le truc.
Comment j'ai tourné la chose? Parce que oui, Mademoiselle a voulu lire ce satané livre. Heureusement qu'elle ne sait pas encore lire et que je peux bidouiller le truc comme je l'entends.
Alors j'ai expliqué qu'il y avait deux Zoés, mais qu'elles étaient en fait la même personne qui se sent bien ou qui ne se sent pas bien. Jusque là on est dans les clous.
Lorsque nous avons lu le livre, j'ai modifié les situations, et expliqué que quand Zoé ne se sent pas bien, c'est parce qu'elle est dans un nouvel environnement, avec des gens nouveaux. J'ai demandé à Mademoiselle si quand elle était avec des gens qu'elle ne connaissait pas, il lui arrivait de préférer vouloir rester avec nous, ses parents, plutôt que d'aller jouer avec des enfants qu'elle ne connaissait pas encore bien. Réponse: oui!
Et quand Zoé se sent bien, et ose parler/demander/danser/jouer, c'est parce que ça fait un petit moment qu'elle connaît les gens/qu'elle s'est bien entraînée/qu'elle a déjà fait ce genre de chose avant.
- La maîtresse: Zoé parle très bas à sa maitresse et n'ose pas la regarder en début d'année. Après quelques semaines, Zoé connaît bien sa maîtresse et lui fait un gros bisou lorsqu'elle arrive à l'école.
- Le spectacle: pour le spectacle de l'école, Zoé se retrouve devant tous les parents et ça lui fait peur, elle oublie les paroles de la chanson. Pour le spectacle de son école de danse, il y a seulement les parents de ses amies du cours de danse, et elle se sent plus à l'aise.
Et le diplôme de Princesse Parfaite avec ses dix bons points, à la fin du livre, on en parle? Une carotte!! L'enfant sera motivé à ne " pas être timide " pour la récompense, pas pour améliorer sa vie sociale...
Vous l'aurez compris, Zoé, Princesse Parfaite est pour moi une collection qui ne sert à rien. Je ne la recommande pas du tout, du tout.
Chronique rédigée dans le cadre du challenge Avril en Albums du blog Pilalire.