Je suis depuis toujours très intéressée par les troubles alimentaires. Je suis infirmière en pédo psychiatrie. J'ai fais une formation sur ces troubles. J'ai déjà lu beaucoup de témoignages à ce sujet. Chaque témoignage est différent, comme chaque patiente souffrant d'anorexie peut l'être.
Dans ma profession, j'ai croisé un certain nombre de jeune fille anorexique, et Caroline semble encore si différente, qu'elle me permet une fois de plus de me remettre tellement en question. Caroline à une rage, une violence, que je n'ai jamais lu, jamais vécue. Elle accuse le corps médical, et elle a loin d'avoir tord! Son témoignage est choquant, bouleversant, poignant! Evidemment, je ne comprend pas, moi petite infirmière, comment elle a pu être traitée comme telle, avec parfois autant de violence. C'est insupportable ces soignants qui se croient tellement supérieurs. Je me suis pris une belle gifle avec ses mots si forts. Caroline ne vomit pas que de la nourriture, elle vomit sa rage, sa colère, ses mots! Si tenté que ce sujet vous intéresse, je vous le conseille vraiment. Et pour mieux étayer mes propos, je vous cède certains passage.
Courage à vous Caroline, et n'oubliez pas vos propres mots : "Mais j'ai à présent la certitude que cet état précis n'est pas figé, que sur ce point aussi je peux progresser (...). Et peu importe à quel point j'en ai bavé, peu importe à quel point j'en bave toujours, et peu importe à quel point j'en baverai encore, tout ceci est bien plus supportable quand on a la conviction intime et profonde que cela pourra s'arranger un jour, et que l'on sait que cela n'aura pas été fait pour rien. "
Retrouvez le aux Editions Baudelaire, que je remercie encore une fois.137 pages14,50€
" Je veux que ce livre soit un cri collectif, qu'il soit le hurlement puissant et simultané de toutes ces affamées qui ne mangent pas, de toutes ces dépressives dont les larmes ne sèchent plus, de toutes suicidaires qui ont fait couler leur propre sang. Nous sommes le cri époumoné des charognes, des cadavres et des squelettes au ventre creux, le cri de celles dont la panse déjà remplie ne cesse de réclamer encore, le hurlement des herbeuses aux lèvres amères et à la langue acide, des mutilées au rasoir ou au cutter, des détraquées de l'intestin, de toutes les phobiques de la bouffe et les phobiques de la vie." p13
"Je veux et ne veux pas tellement de choses! Je veux que l'on me foute la paix, je veux que l'on prenne soin de moi, je veux épuiser mon corps, je veux reposer ma tête, je ne veux pas que l'on me force la main, j'aimerais que l'on m'oblige, je veux que l'on me laisse me tuer, je ne veux pas que l'on me lâche, je veux demander de l'aide, j'ai trop de fierté pour l'accepter, je veux lui faire confiance, je refuse de la laisser agir, je veux que l'on me protège, je veux que l'on me laisse me détruire, je veux que l'on m'en ferme, je hurle que je suis libre, je veux me laisser flotter, je ne veux pas lâcher prise... Comment voulez-vous que je m'en sorte?"p 40
"(...) j'inscris au feutre noir sur le tableau blanc qui trône au milieu de la pièce une citation que je tiens d'elle et qui me semble convenir à merveille à ma situation actuelle : "Certains sont nés sous de bons auspices, moi je suis née bonne pour l'hospice"."p 56
"Ils peuvent y aller, avec leurs menaces, leurs internement leurs internements, leurs murs, leurs serrures et leurs prisons! Je suis déjà enfermée de toute manière. Ils peuvent bien de traîner mon vulgaire ramassis d'os où ils le veulent, je sais que la seule véritable prison est en moi et je suis la seule à avoir les clefs."P 77