- Normal(e) -

- Normal(e) -- Normal(e) -Lisa WilliamsonÉd. Hachette
Régulièrement, les lecteurs de litt young adult contemporain peuvent assister à l'émergence d'une thématique et donc, en toute logique, à l'éclosion de nombreux ouvrages la mettant en action. Il y a quelques années, c'étaient les histoires d'amour vampiresques (ou avec toutes autres créatures surnaturelles), puis la "sick-litt" (histoire d'amour entre deux adolescents atteints de maladies graves, souvent mortelles), pour ne citer que deux exemples. Aujourd'hui, la "mode" est à la transidentité et les récits ayant pour héros des adolescents transgenres se multiplient. Et si pour la société, c'est une très bonne chose, attention à l'overdose littéraire. Titine avait déjà lu Celle dont j'ai toujours rêvé et l'avait beaucoup aimé, qu'en est-il de Normal(e) ?
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Le résumé ordinaire
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La voilà, l’occasion pour moi de tout déballer. Cinq petits mots : Je. Veux. Être. Une. Fille. Une phrase qui refuse de sortir. Qui me réduit au silence. Maman s’attend certainement à ce que je lui dise que je suis gay. Il y a sans doute des mois qu’elle se prépare à cette conversation. Sauf qu’elle et papa ont tout interprété de travers. Je ne suis pas gay. Je suis juste une fille coincée dans un corps de mec.
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L'avis traditionnel
Avant toute chose, parce que je ne l'ai pas fait dans l'introduction, je tiens à remercier les éditions Hachette et Netgalley qui m'ont permis de lire ce roman qui, avec sa couverture joliment simple et son étrange titre, m'avait tapé dans l’œil en librairie.
Contrairement à ce que laisse penser le résumé de quatrième de couverture, nous n'allons pas suivre un seul personnage mais bien deux. David, celui qui lance cet appel rempli de désespoir "Je suis une fille coincée dans un corps de garçon", est le premier que nous rencontrons. Considéré comme bizarre par ses camarades de classe, il est régulièrement harcelé, maltraité et insulté de monstre. Pourtant, David se cache, personne, sauf deux amis proches, ne sait rien de son mal-être et de sa véritable identité. C'est un personnage attachant et très touchant. Une scène du début nous le montre en train d'observer avec attention (et horreur) son corps en pleine transformation pubère et, je vous avoue que voir un jeune mesurer avec appréhension son sexe, effrayé par l'idée que cette "chose dégoûtante et pendouillante" (je le cite de mémoire) grandisse encore, ça vous serre sacrément le cœur.
Le deuxième personnage, c'est Léo, un petit nouveau au lycée de David. C'est un personnage plein de mystères, secret, doté d'un caractère bien trempé et d'une famille plutôt bancale. Nous allons le voir grandir, s'affirmer dans ce nouvel environnement et tomber amoureux. Ce système d'alternance des points de vue apporte un vrai bonus à l'histoire (comme souvent) mais a ici un léger problème : nous ne savons jamais, avec de commencer un chapitre, quel personnage nous allons suivre et, si on comprend assez vite parce qu'on n'est pas idiot, hein, c'est tout de même assez agaçant de devoir lire un paragraphe entier avant de comprendre qui nous raconte un morceau de son histoire...
J'ai beaucoup apprécié les 3/4 du roman, l'histoire est prenante et suivre ses deux jeunes héros dans leurs interrogations quotidiennes est très intéressante, parfois drôle, souvent dur et soulève beaucoup de questions, que ce soit autour de la transidentité mais aussi sur tout un tas d'autres sujets (comme l'homosexualité, le harcèlement, le rapport à la famille, etc.). Malheureusement, c'est vers la fin que ça se complique et le récit m'a alors perdu. Tout devient trop mièvre et tombe presque dans le "ils vécurent heureux et eurent beaucoup de bébés chats"... Et hélas, moi qui étais si enthousiaste, je me suis dégonflée comme un vieux soufflet trop cuit.
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En Bref

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Broco vous encourage
à le découvrir !


Même si je termine ma chronique de la même manière que ma lecture, sur une petite déception, j'ai vraiment beaucoup aimé ce roman qui arrive à nous apporter tout à fait autre chose que Celle dont j'ai toujours rêvé (vous pouvez lire les deux ouvrages sans avoir un désagréable sentiment de redite). Le style est simple et clair et, malgré son sujet assez difficile, il se lit très facilement. Lisa Williamson arrive à passer outre certains clichés qui pourraient pointer le bout de leur vilain nez et prouve que les personnes transgenres sont bien plus nombreuses que la littérature, et la culture en général, veut bien le montrer et que leur voix doit absolument être entendue ! On peut aussi arguer que cette fin de conte de fées était nécessaire, pour apporter une bonne dose d'espoir aux jeunes dans la situation de David... Je reste aussi persuadée que Normal(e) pourrait se poser comme référence pour cette thématique toute neuve et est un must-read et un must-have dans les CDI de France et du reste du monde.