Éditions Eyrolles, 2012 (500 pages)
Ma note : 16/20
Quatrième de couverture …
Du Directoire à la Belle Époque, La mode du XIXe siècle en images révèle l’extraordinaire variété des courants de mode qui ont balayé cette période fondatrice de la mode contemporaine.
Ce livre réunit plus de 700 gravures, pures merveilles de précision et de délicatesse réalisées par de véritables maîtres d’art graveurs et dessinateurs, tels Jules David ou Anaïs Toudouze, pour l’abondante presse de mode de l’époque. Il offre à tous, professionnels et passionnés de mode, un éblouissant répertoire des toilettes du siècle de l’élégance.
Mon avis …
Suite à mon gros coup de cœur pour un ouvrage réunissant les collections du Kyoto Costume Institute (Fashion : Une histoire de la mode du XVIIIe au XXe siècle), j’ai eu envie de me replonger dans mon amour pour les costumes historiques. Après les photographies de vêtements d’époque, place à la gravure ! Centré sur le XIXe siècle, ce beau livre nous propose en effet de retrouver des planches issues de périodiques alors très en vogue (Le journal des dames et des modes, La mode illustrée ou encore Le moniteur de la mode). Vous commencez à le savoir, le XIXe siècle est une période que j’affectionne tout particulièrement. Le Second Empire ainsi que la Belle Époque restent peut-être mes périodes historiques préférées avec les Années folles. Aussi, j’en ai littéralement pris plein les yeux en feuilletant cet ouvrage. J’ai apprécié la délicatesse des gravures, tout comme j’ai lu avec beaucoup d’intérêt les commentaires de Guénolée Milleret. Spécialiste en histoire de la mode, l’auteure nous présente ainsi les différents courants de la période qui ont fait éclore des allures extrêmement variées. Démocratisation de la mode, ou encore développement des grands magasins et de la vente par correspondance, le XIXe reste aussi indiscutablement le siècle de l’élégance.
Pour beaucoup, le XIXe siècle met en scène une silhouette corsetée. Cet ouvrage nous invite à prendre conscience que la mode d’alors ne se résume pas uniquement au corset. De nombreuses pièces phares ont ainsi commencé à prendre place dans la garde-robe féminine : la robe de réception (ancêtre de la petite robe noire), le costume-tailleur, le spencer ou encore le châle de cachemire. Si la mode du début du XIXe siècle reste encore réservée à une élite (Joséphine de Beauharnais donnant par exemple le ton à la cour lors du Premier Empire), l’ouverture des premiers grands magasins (seconde moitié du XIXe) ouvre la porte à une véritable démocratisation de la mode. Avec ce livre, Guénolée Milleret procède de manière chronologique. Nous débutons ainsi avec la mode Directoire avant de découvrir le style Premier Empire.
La silhouette féminine se fait alors plutôt libérée (dans le sens où le corset n’est ici pas de mise, du moins pour quelques années… Il reviendra en force par la suite !). La mode souhaite rompre avec ce qui aura fait l’opulence de la cour avant la Révolution (les perruques, les robes à paniers). Sous le Premier Empire, les tissus utilisés se font légers. Férue de mode, Joséphine de Beauharnais impose son style et dépense des sommes folles. On aime alors s’inspirer de la nature, de l’Antiquité, mais la France s’inspire beaucoup de la mode anglo-saxonne. Porté comme un cardigan, le spencer (petite veste très courte) est alors très à la mode jusque dans les années 1820. La mode sous la Restauration (chute de Napoléon, et avènement au pouvoir de Louis XVIII puis de Charles X) est donc également intéressante. Je ne savais pas que les coiffures pouvaient parfois être plutôt extravagantes.
Dès les années 1850, place à la crinoline (le jupon est structuré par des cerceaux métalliques). Napoléon III souhaite alors relancer l’industrie textile française. Rapidement, le volume de la crinoline augmente peu à peu par l’ajout d’autres jupons (jusqu’à six ou sept !). On imagine alors combien la lourdeur de l’ensemble pouvait parfois rendre la marche difficile. Sous le Second Empire, il est également de bon ton de se changer plusieurs fois par jour. Aussi, chaque période ou évènement de la journée (matin, soirée, promenade, voyage) correspond à certains codes qui doivent se retrouver dans la tenue. Si le soir, l’on peut oser le décolleté et les épaules dénudées, les robes de jour ou de réception (accueil d’invités au domicile) se font plus sages.
À la fin des années 1860, les jupes se font moins amples. On commence à concentrer tout le volume vers l’arrière de la robe. Afin de mieux supporter le volume des draperies sur l’arrière, un nouveau système est inventé : la tournure (forme d’évolution de la crinoline). Cette innovation correspond environ à la chute du Second Empire.
Pour les femmes, la mode se fait alors peut-être moins contraignante pour faciliter le quotidien. Il n’est alors plus question de se changer six voire sept fois par jour comme le voulait le grandiose Second Empire, seules subsistent les tenues d’intérieur et les tenues destinées aux promenades.
Crinoline. Robe à tournure. Le volume s’efface peu à peu pour privilégier une ligne souple, verticale (début du XXe siècle). Les robes sont alors rehaussées sous la poitrine et ne prévoient pas de corset (seule subsiste une doublure baleinée qui servira de transition avant l’abandon total du corset).
Nous assistons alors presque à un retour de la mode Empire ! Mais si la taille n’est plus contrainte par un corset rigide, ce sont les chevilles qui sont incommodées par une jupe souvent très étroite en bas. J’ai ainsi appris que certaines femmes utilisaient sans doute un lien de jambe (une sorte de cordon qui maintenait les chevilles entre elles). L’objectif : faire de petits pas pour ne pas déchirer l’ourlet ! Le corps des femmes ne sera finalement totalement libéré qu’en 1914, à la veille de la Grande Guerre… Ci-dessous, quatre gravures datant de 1912 (toilettes de ville et toilettes de courses).
En bref, j’ai beaucoup aimé cet ouvrage tant il se fait riche en références iconographiques. Si la mode du XIXe siècle reste souvent somptueuse, on ne peut que faire un rapprochement entre le corps des femmes entravé dans des corsets ou autre lien de chevilles (face à des jupes trop étroites dans le bas) et la condition féminine de l’époque. La mode féminine se fera plus libérée à l’arrivée de la Grande Guerre. Viendront ensuite les Années folles… J’ai hâte de poursuivre l’aventure puisque j’ai déjà repéré un ouvrage rassemblant des gravures de mode des années 20 cette fois-ci. Il me tarde donc de le découvrir.