Pour faire une jolie photo de livre avec un chat, rien de plus simple : vous posez le livre/la liseuse sur le chat pendant que ce dernier dort profondément. Dans le pire des cas, il ouvrira un œil blasé et le refermera aussitôt. J'ai peut-être des chats particulièrement cools, qui me passent toutes mes lubies, mais n'empêche que je suis convaincue de l'efficacité de ma technique !
Après cette introduction au poil, revenons au sujet qui nous intéresse aujourd'hui : Le murmure du vent et Karen Viggers. Les vétérans du blog s'en souviennent, j'ai lu le premier roman de la dame, La mémoire des embruns, et l'histoire de cette famille et de cette île, battue par des vents violents, m'avait beaucoup touchée. Et même si je n'ai lu son deuxième ouvrage, La maison des hautes falaises, j'étais tout de même curieuse de découvrir son petit nouveau, histoire de voir si Karen Viggers avait réussi à conserver ce qui avait fait son succès.
Le résumé dans le brouillard
Quand Abby rencontre Cameron, tout en lui l'agace. Biologiste, elle arpente seule la vallée des monts Brindabella pour observer le comportement des kangourous. Il est un jeune journaliste en quête d'un article pouvant susciter la polémique. Quand il cherche à la revoir, elle fait tout pour l'éloigner. Pourquoi prendrait-elle le risque d'être à nouveau blessée par la vie ? Un jour, elle rencontre une vieille dame, Daphne, qui a passé sa jeunesse dans ces montagnes et vient régulièrement se ressourcer dans cette nature si chère à son cœur.
Malgré leur différence d'âge, les deux femmes se rapprochent. Avec délicatesse, Daphne essaye de sortir Abby de son marasme. Leur amitié leur permettra peut-être enfin de se libérer du passé et de sourire à l'avenir ?
L'avis brumeux
J'ai vraiment du mal à cerner ce bouquin. Vraiment du mal. Je lui ai trouvé beaucoup de qualités, celles déjà évidentes dans La mémoire des embruns : une belle écriture, des descriptions de paysages à couper le souffle (ici, l'Australie), des personnages hantés par leur passé et en quête de leur avenir. Mais, il y a un grand, un énorme Mais.
Dieu que c'est lent. Et long. Et re-lent par-derrière.
Alors oui, on sent qu'il y a une volonté de présenter un roman contemplatif ici, et je n'ai habituellement rien contre, mais là, vraiment, c'est trop. Le roman m'a d'ailleurs perdu en route très rapidement : ne voyant pas du tout où l'autrice voulait nous emmener, j'attendais toujours un quelconque événement, un élément perturbateur, une péripétie, que sais-je encore, qui viendrait mettre un peu d'excitation dans cette histoire, mais rien à faire, hormis dans les dernières pages, rien ne se passe jamais vraiment.
J'ai d'abord cru que le récit allait tourner autour de la possible relation entre Abby et Cameron, mais elle reste très discrète, j'ai ensuite rabattue mes espoirs sur l'amitié (très touchante au demeurant) entre la jeune Abby et la vieille Daphne, hélas, je suis restée en dehors, à les observer de loin, sans parvenir à pénétrer dans leur intimité.
De plus, Abby ne s'est pas révélée être un personnage attachant pour moi. C'est même plutôt l'inverse... Par contre, Daphne est la vieille dame qu'on voudrait toutes avoir comme copine, ça rattrape un peu la chose.
Après un long débat avec moi-même (c'est moi qui ai gagné), j'en ai finalement conclu que le véritable centre de l'histoire, le seul élément qui mérite qu'on s'attarde, c'est l'Australie, qui devient ici un personnage à part entière. Et on ne peut décemment pas nier le talent de Karen Viggers, qui arrive à nous charmer et à nous conter l'histoire du continent en passant par les relations difficiles (remplies de rancœur et de culpabilité) entre les aborigènes et ceux qui leur ont volé leurs terres. C'est très prenant, très intéressant mais malheureusement, tout cela est resté un peu trop en surface, pour s'attarder sur le passé de Daphne et Abby, hélas bien moins passionnants à mon goût.
J'ai aussi bien accroché à l'aspect "Biologie" du roman. Abby est en thèse et une partie de son travail consiste à observer les kangourous dans leur milieu naturel. Arrive alors le problème de la surpopulation et de la trop forte reproduction de ses animaux, problème qui fait apparemment polémique et crée de fortes réactions (pour et contre) dans la population. C'est un sujet fascinant et rarement traité en littérature mais ici, contrairement au reste de l'histoire, Karen Viggers insiste un peu trop. Et ça en devient lassant. J'ai eu constamment l'impression qu'elle n'arrivait pas à trouver un juste équilibre entre les informations qu'elle veut nous donner et le récit qu'elle cherche à construire. Conséquence, Titine est restée en dehors.
En Bref
Mouai...
J'ai la sensation d'être hyper dure avec ce roman, qui ne m'a absolument rien fait, le pauvre. Mais force est de constater que je me suis grave ennuyée. La seule chose qui m'a fait tenir, c'était l'espoir qu'il se passe enfin quelque chose par la suite. Ce ne fut le cas que dans les 20 dernières pages (environ) et je suis franchement déçue. Je lui reconnais de nombreux points positifs (ou qui auraient pu être positifs) mais les lenteurs/longueurs et son trop fort caractère contemplatif a eu raison de moi. Néanmoins, j'imagine qu'il peut trouver et toucher son public grâce à tout ce qui m'a, moi, agacé, parce que le texte est beau, on ne peut pas lui enlever ça.