Bouh !
Catherine (parlant à voix basse): Pourquoi il a fallu que Nadia me demande, à moi, de chercher ce livre dans cette remise plongée à moitié dans l’obscurité. C’est flippant ici… Et ça doit grouiller d’araignées et autres choses étranges…
Voix inconnue (gutturale et venant de sa droite): Oui, tel que moi… Enfin une âme pour me nourrir.
Catherine (poussant un cri et s’enfuyant) : Au secours !
Moi (sortant de ma cachette en riant, avec Liam penaud): Trop drôle !
Liam (secouant la tête): Pourquoi, j’ai dit oui… Elle va me tuer, c’est sûr. A cause de toi, je vais me coltiner le canapé un long moment.
Moi (lui tapotant l’épaule): C’est juste. Mais je suis quitte avec elle après qu’elle m’eut effrayée dans les toilettes des filles
Voix inconnue (lugubre et froide): Cela fait un partout…
Liam (se tournant brusquement vers moi): C’est toi qui viens de parler, hein ?
Moi (secouant la tête, les yeux écarquillés): Non, je te jure.
Même voix lugubre et froide: Bouh
Liam et moi quitte la pièce avec précipitation et effroi.
La reine de glace, ma patronne (secouant la tête et en sortant de la remise juste après nous): Parfois, j’ai l’impression de tenir une maternelle.
AUTEUR: Oscar Wilde (traduction par Albert Savine)
TITRE: LE FANTÔME DE CANTERVILLE
ÉDITEUR, ANNÉE: Marmaille et Cie, 2014
NOMBRE DE PAGES: 70 pages
Oui, je travaille dans un lieu quelque peu… Hum… Spécial ? Bref ! On n’a plus recommencé ce genre de bêtises sous consigne de la patronne et pour que le pauvre Liam ne soit pas « in vitam aeternam » sur le canapé. Mis à part cela, croyez-vous aux histoires de fantômes ? Et, si oui, quelle serait votre réaction ?
Découvrez qu’elle fut celle de la famille Otis dans « Le fantôme de Canterville » d’Oscar Wilde
Résumé:
« Mr. Otis, riche ministre Américain, s’installe dans un vieux manoir en Angleterre, avec sa famille. les anciens propriétaires prétendent qu’il est hanté par un dénommé Sir Simon. Les Américains n’en croient pas un mot et prennent possession des lieux sans se soucier de ce fantôme.
Pourtant, ce dernier est bien décidé à les terroriser et met tout en place pour leur faire peur. il a beau utiliser toutes les recettes classiques de l’épouvante, la famille s’en moque. Petit à petit la situation s’inverse et c’est le fantôme qui commence à être effrayé par cette étrange famille… »
La première fois que j’ai lu ce texte, je devais avoir 10/11 ans. J’avais beaucoup aimé le récit de cette famille américaine débarquant dans la vieille campagne anglaise et étant point déconcertée par la supposée présence d’un fantôme dans leur nouvelle demeure. J’avais même cru que c’était une histoire contemporaine. Peut-être est-ce dû à la traduction française.
Après avoir appris que cette nouvelle fut écrit à la fin du XIXème, j’étais ébahie par son ton assez moderne, le choc de culture évident entre la vieille Angleterre et la jeune Amérique, la modernité de certains éléments et son humour qui fait mouche à chaque fois.
Et quel humour ! Alors que le genre Fantastique connaît un essor en Angleterre en ce fin de siècle et où des titres tels que « Carmilla », « Dracula » et, bien sûr, « Portrait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde effrayent les lecteurs, « Le fantôme de Canterville » est un vrai pied nez à ces histoires en nous présentant un esprit qui prête plus à rire et à avoir pitié de lui que de nous filer des nuits blanches.
Autre grand point positif de cette nouvelle, c’est qu’elle est intemporelle. On peut très facilement l’adapter selon les époques ou cultures choisies comme on peut le voir dans de nombreux films ou pièces de théâtre.
Alors de voir « Le fantôme de Canterville » a nouveau publié dans un bel album illustré pour les jeunes lecteurs, il était clair que je ne pouvais pas laisser passer l’occasion.
Et que dire, à part que je suis fan des illustrations de Barbara Brun. Elles sont présentes à chacune des pages (voire même pour certaines sur double page). J’apprécie tous les petits détails apportés à la décoration qui oscille entre touches de modernité et rétro (comme on peut le voir sur l’image avec cette radio des années 50 et le rubisk’s cube posé sur lui. ). Et cette idée de contraste se renforce encore lorsque l’on compare la famille Otis à leur bonne, et les couleurs vives des vivants à celles froides du fantôme .
J’ai savouré chacune des pages, au point d’être vraiment marqué par le coup de crayon de Barbara Brun.
Et pour finir sur une très bonne note, nous avons droit à la fin de l’album, un bonus qui montre les différentes étapes de l’illustratrice afin d’obtenir les images actuelles.
Conclusion:
Si vous voulez faire découvrir un classique anglais à un jeune lecteur ou bien même à un adulte friand d’album illustré, je vous le conseille sans aucune hésitation.
Reprenant la très bonne traduction d’Albert Savine et accompagnée de belles illustrations pleines de dualité et teintées d’une touche onirique, vous avez de grandes chances de savourer cette adaptation du « Fantôme de Canterville ».
Et puis, comme objet-livre dans sa bibliothèque, c’est véritablement un must !