Le Tony Stark que nous découvrons, dans la série Superior Iron Man, n'a pas les idées et l'esprit très clairs. Il faut se souvenir que durant le grand événement Axis, une "inversion" avait rendu certains vilains très héroïques, et certains des "bons" étaient devenus de véritables pourritures. Du coup, nous avons là une version plus cynique et froidement calculatrice du play-boy milliardaire que tout ce que nous avons pu lire auparavant. Ce n'est pas peu dire, tant ces dernières années le personnage a été traité comme un héros à la morale parfois discutable. Cette fois, c'est pire. Bien pire. Tony a mis au point une nouvelle application pour smartphone, dérivée de la technologie Extremis. Vous la téléchargez gratuitement sur votre portable Stark, puis elle s'occupe du reste : voici la population de San Francisco transformée en êtres parfaits, au physique de rêve; tout le monde peut devenir une bimbo droit sortie de Hollywood ou un culturiste au regard de braise (en gros, me ressembler). Bien sur, si vous êtes habitués au monde impitoyable de l'économie de marché, vous comprendrez vite que passée ce qu'on nomme la période d'essai, certains logiciels bien utiles peuvent se révéler coûteux, et susceptibles de vous ruiner. Stark tient ainsi les utilisateurs sous sa coupe : s'ils veulent retrouver ce moment de rêve illusoire garanti par l'application, il va falloir passer à la caisse, et souscrire un abonnement. Au passage, les tarifs sont exorbitants. Rien n'arrête ce Tony Stark là, qui traite les être humains comme des marchandises, pas même Daredevil, le super-héros aveugle, qui s'est depuis peu installé dans le coin et va rendre une visite à son d'ordinaire allié, pour comprendre ce qui se trame. Comme vous le savez, lui aussi souffre d'un handicap, que l'application saurait guérir. Une tentation à exploiter, un point faible sur lequel appuyer?
Disons le franchement, je suis enthousiasmé et convaincu par l'idée de base qui donne l'impulsion du titre et par Tom Taylor. Tony Stark est plus arrogant que jamais, et il est juste qu'il en soit ainsi. Superior Iron Man est aussi un joli portrait de ce qu'est le capitalisme sauvage aujourd'hui : avec l'argent, tout s'achète et se vend, et l'art de créer des besoins qui n'existaient pas auparavant, et qui deviennent rapidement de véritables dépendances pour lesquelles des millions de personnes acceptent de s'endetter, est une triste réalité. C'est de tout cela dont il est question dans les premiers épisodes. Un monde mercantile qui se soumet devant des idoles illusoires, qui accepte la génuflexion face au Dieu dollar pour une existence sur papier glacé, un cauchemar moderne. Le dessin est confié à Yildiray Cinar, plus habitué à réaliser des couvertures, et qui n'a pas encore la maîtrise et l'inventivité nécessaires pour briller sur un grand titre Marvel. Certes, son style simple et clair a le mérite d'être lisible, et comme nous sommes en plein comic-book mainstream, ce n'est pas désagréable, mais il manque cette pointe d'audace, de folie, d'âme, qui est la marque des artistes avec un A Majuscule. Il n'est pas seul, le soutien vient de Laura Braga, et avec l'italienne c'est plus carré, plus maîtrisé, si vous voulez mon humble avis. Qu'à cela ne tienne, Superior Iron Man est globalement une bonne surprise. Qui n'était pas née pour durer, et perd de son charme et de sa pertinence sur la longueur, mais dépasse de loin le Iron Man de Gillen, qui l'a précédé.
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