La dédicace, dessin pour "Le Figaro Littéraire" en 2012. (c) Quentin Blake.
Les Londoniens ont bien de la chance. Ils peuvent visiter l'exposition de Quentin Blake "The Life of Birds" qui vient de s'ouvrir à la House of Illustration (adresse ici) et s'y tiendra jusqu'au 1er octobre.
Autoportrait. (c) Quentin Blake.
Ils y découvriront l'inclination de l'auteur-illustrateur britannique, chantre en images de nombreux écrits de Roald Dahl, à dessiner des oiseaux, ces "petits amis emplumés" comme les qualifie leur créateur. Des œuvres connues mais aussi une vingtaine de dessins jamais montrés."J'ai toujours aimé dessiner des oiseaux", commente Quentin Blake. "Je ne sais pas vraiment expliquer pourquoi mais peut-être parce que, comme nous, ils sont sur deux jambes et ont des gestes expressifs. C'est une façon de commenter les gens que nous voyons autour de nous sans vraiment dessiner des individus."
En introduction du livre, le critique Peter Campbell (1937-2011) écrivait: "Ces images sont le produit d'un demi-siècle consacré à la vie des personnages. Dans "The Life of Birds", Blake suit les traces de grands illustrateurs comme Daumier et Lear, et de fabulistes tels Esope et La Fontaine. Les oiseaux de Blake sont davantage comme des personnages de romanciers que des exemples de moralistes. Comme Daumier, il crée des individus qui sont des exemples, non réduits, de types. Les dessins sont, tour à tour, insidieusement charmants, absurdement tristes et vigoureusement observateurs. Ils suggèrent des sentiments sur le vieillissement, la vie de l'art, l'insupportabilité des personnes stupides et le désagrément des intimidateurs."
Sans sa préface à la version française, le romancier Daniel Pennac note que "quand il songe aux quatre vérités de l'homme, le dormeur Quentin Blake rêve oiseaux", et que "pour faire le tour de l'homme, c'est un oiseau que Quentin Blake dessinera d'abord". Pourquoi? Aux réponses évasives de l'intéressé, préférons ses dessins, nés "d'une vision". Chaque oiseau croqué raconte une histoire, parfois la nôtre. Petits bonheurs, joies profondes, tristesses infinies... En quelques traits délavés! Les expressions naissent de la courbe ou de l'intensité d'une ligne, du tracé d'une silhouette. Enfants, ados, adultes, Quentin Blake a tout vu de la vie, tout compris. Pour le dire, il choisit la tangente de ces "Oiseaux" qui nous masquent un peu. Ses dessins somptueux se lisent aussi simplement qu'un roman ou une nouvelle.
Deux autres dessins à découvrir dans l'exposition de Londres.
Aperçus profonds, dessin pour le "Figaro Littéraire", 2012. (c) Quentin Blake.
La maîtresse, dans "Nous les oiseaux" (c) Quentin Blake.
Mais Quentin Blake n'avait pas attendu 2005 pour représenter des oiseaux. Il les aime trop. La preuve dans quelques albums pour enfants qui leur sont dédiés, sans oublier les exquises illustrations réalisées pour son personnage Armeline Fourchedrue.
Quentin Blake
traduit de l'anglais par Marie Saint-Dizier
Gallimard Jeunesse
1992, plusieurs éditions
Un sujet en or pour les jeunes enfants au moment où ils adorent prononcer certains mots interdits. Car les cacatoès du professeur Dupont apparaissent à toutes les pages. Enfin, apparaissent au lecteur. Le scientifique lui, malgré ses lunettes, ne voit rien du tout. C'est peut-être l'émotion qui le rend aveugle. Écoutez ce qui lui arrive: lui dont chaque jour de sa vie se déroule selon le même rituel immuable (lever, toilette, salut sonore aux dix cacatoès vivant dans sa serre), ne trouve pas ce matin-là ses compagnons ailés. Ses "petits amis emplumés" en ont tout d'un coup eu par-dessus la tête de ces habitudes.
"Les cacatoès" (c) Gallimard Jeunesse.
Espérant donner au professeur une leçon qui modifierait ses habitudes, les oiseaux ont filé à l'anglaise, s'enfuyant par un carreau cassé de leur maison de verre. Leur grand ami à lunettes, décontenancé par cette intrusion du hasard dans sa vie, visite toute sa maison à leur recherche. De la cave au grenier, en passant par la cuisine et la chambre à coucher, il cherche partout ses cacatoès. Mais ne les voit nulle part. Or, le lecteur, lui, gentiment pris à partie par l'auteur, retrouve dans chaque dessin les volatiles qui se dissimulent à leur hôte. Le savant finit par abandonner sa chasse aux cacatoès, bredouille! Après une nuit agitée, il reprend ses habitudes matinales. Quand il arrive dans la serre, miracle, les perroquets sont revenus. Ne pouvant contenir sa joie, le professeur Dupont les salue d'un superbe "Bonjour mes petits amis emplumés" qui marque le signal d'un nouveau départ desdits amis. Sera-t-il définitif? Un album très réussi, au texte et aux dessins débordants d'humour et de cocasserie.John Yeoman
Quentin Blake
traduit de l'anglais par Pascale Houssin
Gallimard Jeunesse
1993, 80 pages, plusieurs éditions
Nées à la ferme du Bois-Joli, une espèce de grand hangar destiné à la ponte industrielle, Flossie et Bessie, les deux poules de cette histoire, y mènent une vie paisible et fort monotone. N'étant jamais sorties de chez elles, elles vivent dans une ignorance heureuse, jusqu'au jour où un choucas ouvre inopinément la porte de leur cage. Les deux sœurs acceptent de le suivre pour aller déjeuner dehors et s'échappent sans le vouloir. N'ayant jamais appris à voler, elles ne sont pas à l'abri du danger mais le choucas les prend sous son aile….
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L'aventure commence, comique et mouvementée, à travers le village et dans la forêt, où le choucas parviendra à conduire, avec beaucoup de patience, ces deux poules têtues, peureuses et ingénues.Emanuele Luzzati
John Yeoman
Quentin Blake
traduit de l'anglais
par Jean-François Ménard
Gallimard Jeunesse, 2014
De vers en vers et de strophe en strophe, trois hiboux facétieux nous entraînent autour du monde, au gré des saisons, d'un Noël au suivant, comme on marcherait dans un rêve.
John Yeoman
Quentin Blake
traduit de l'anglais par Marie Saint-Dizier
Gallimard Jeunesse, 1998
Que se passait-il au temps où les oiseaux ne savaient pas voler? Ils trottinaient dans les rues et envahissaient les maisons. Chez les Tiredaile, comme partout, la situation était devenue intenable. Par bonheur, M. Tiredaile avait l'âme d'un grand inventeur… Une aventure aérienne extrêmement drôle.