Ecrit par Chigozie Obioma
Traduit de l'anglais (Nigeria) par Serge Chauvin
Editions de l'olivier
Paru en 2016
296 pages
Ben, le narrateur (10 ans au moment des événements), nous raconte la tragédie qui a touché sa famille. Un jour, près du redoutable fleuve Omi-Ala, Abulu, le fou du village, lance une prophétie sur un des fils de la famille. La vie de ces garçons et de leurs parents ne sera plus jamais la même après cela.
Voilà un roman que j'ai savouré. J'ai pris mon temps pour le lire, pour déguster sa langue imagée, pour m'arrêter sur certains passages. J'étais au Nigeria dans le village d'Akure avec Ben et ses frères et sans aucune envie de les quitter.
Et pourtant, on suit, atterré, cette descente aux enfers, cette fuite en avant vers l'inéluctable. C'est à la fois, terrible et fascinant. L'écriture y est pour beaucoup. Les croyances et les superstitions se mêlent au réalisme politique et nous livrent un tableau haut en couleurs de ce pays maltraité par des dirigeants véreux et affaibli par des guerres civiles. L'auteur est un véritable conteur, par la voix de son narrateur. Il nous transporte, nous émeut, nous fait sourire, nous glace, nous horrifie, nous saisit et ne nous lâche pas une seule seconde.
Et si l'écriture m'a subjuguée à ce point, c'est sans doute aussi grâce au talent du traducteur (on ne le souligne jamais assez).
Un premier roman à lire de toute urgence !
" Et, à l'aube, quand la ville se fut allongée dans le sommeil, quand le calme eut reconquis les rues, quand le ciel fut silencieux, l'église déserte, les poissons du fleuve assoupis, quand un vent marmonnant ébouriffa la fourrure de la nuit, quand notre père fut endormi dans le grand fauteuil et notre mère, dans sa chambre avec les deux petits, mon frère franchit de nouveau le portail, et le rideau se referma derrière lui. Alors l'aube, balai infernal, dispersa les débris de la fête - la paix qu'elle apportait, le soulagement et même l'amour sincère - comme autant de confettis jonchant le sol à la fin d'une soirée. "