Libres pensées...
Le roman s'ouvre sur le meurtre du petit Rémi Desmedt le 23 décembre 1999, dont se rend coupable le protagoniste, Antoine, alors âgé de 12 ans. Il dissimule le corps tant bien que mal, et assiste à la tension qui envahit la ville, lorsque la disparition est signalée, et que les habitants se mobilisent pour retrouver Rémi.
Mais la terrible tempête qui s'annonce et dévaste la France vient compromettre les recherches.
Il a été amusant de lire le roman peu après Aveu de faiblesses, dont Frédéric Viguier, qui aborde une thématique similaire, d'une manière tout à fait différente. Ici, le coupable est connu dès les premières pages, tout comme son motif, et l'auteur établit un lien étrange entre Antoine et le lecteur, qui pourrait ressembler à de la connivence, alors même que l'intrigue se centre sur la disparition et le meurtre d'un petit garçon.
La prose de Lemaitre retient captive l'attention du lecteur, curieux de savoir où tout cela va bien pouvoir mener, curieux de comprendre quelle est sa posture envers Antoine, les sentiments qu'il éprouve pour ce gamin qui commet le pire acte qui soit, et voit sa vie se transformer sous le poids de la menace de la découverte du corps, et de sa culpabilité. La duplicité à laquelle il donne visage peu à peu provoque l'effroi, et pourtant, on parvient sans mal à se figurer sa peur d'être confondu, et partant, certains choix auquel il se résout, une fois adulte.
Au-delà du suspense créé par l'auteur, qui garantit l'intérêt de la lecture dans sa dimension "distrayante", on trouve également une dimension plus réflexive, autour des conséquences profondes du crime pour celui qui s'en rend auteur, et l'impossibilité pour lui de vivre désormais sereinement dans l'impunité. Alors même que des années se passent sans que le forfait commis ne soit révélé, une épée de Damoclès flotte au-dessus d'Antoine, qui n'est jamais véritablement libéré de son acte.
Trois jours et une vie forme donc un roman - sous forme de thriller - attrayant, aux prétentions mesurées mais néanmoins atteintes : la lecture trouble, déstabilise, et plaît pour cela.
Pour vous si...
- Vous savez ce que c'est, de vivre avec un squelette dans le placard, et la crainte que quelqu'un tombe dessus (en ce qui me concerne, c'est un peu le sentiment que me donne la présence de la tétralogie Twilight dans un recoin poussiéreux de ma bibliothèque).
Morceaux choisis
"_Mes très chers frères, je sais votre douleur. Je la partage. Et je souffre avec vous." (et mes bien chères sœurs, dans l'histoire?)
"Ce n'était pas seulement l'impossibilité d'aider M. Desmedt qui vous étreignait, mais l'impression que la disparition de son petit garçon, aussi tragique soit-elle, serait désormais reléguée au second plan et qu'écartée par des malheurs qui touchaient chacun, elle ne redeviendrait plus jamais une affaire collective."
"Emilie approuva gravement. L'humanitaire, c'est bien. On lisait sur son visage que c'était un concept vide de sens, juste un mot, mais dont la connotation morale méritait le respect."
Note finale3/5(cool)