On retrouve l'artiste à une table de la Villa la Tour, à Nice. Goran n'est pas du matin, et pourtant, malgré un voyage mouvementé et marqué par des retards incessants entre les différentes correspondances aériennes, il nous a rejoint la veille, pour le première édition du Printemps des Comics. S'il parvient à ouvrir les yeux et fonctionner, c'est grâce au café, qu'il absorbe en quantité industrielle. Il en a toujours été ainsi, même quand j'étais à l'école primaire. Je n'ai jamais eu de bons résultats le matin, je ne suis pas du matin. En général je ne suis pas en forme si je dois me lever avant midi. Nous voici avertis. Goran Parlov, c'est un dessinateur qu'on adore, que nous voulions absolument avec nous. Man, un monument! Et franchement prendre ses lasagnes en compagnie du Punisher, par un joli midi de printemps, à Nice, voilà qui confine avec l'irréel, à bien y penser. La force tranquille, Goran. D'ailleurs, le Punisher n'est pas fait pour être en mouvement, je ne sais pas dessiner le Punisher en train de courir, par exemple, ce serait presque le rabaisser. Mon Punisher ressemble plus à Terminator, fixe, immobile, imposant. On veut bien le croire. Goran aussi en impose, et en même temps il dégage une sympathie profonde, une forme de bonté qui apparaît derrière les volutes de la cigarette (hier j'étais bloqué à l'aéroport, sans pouvoir en fumer une...) et les yeux alourdis, signe de la fatigue et du manque de sommeil. Mais il a aussi l'air heureux d'être là, et ça fait chaud au coeur. Goran Parlov est croate, né à Pula dans les années 70, pas si loin que cela de la frontière italienne. On s'imagine des choses sur la Yougoslavie communiste, et on se rend compte qu'on a tort. J'ai passé une enfance heureuse finalement. Je lisais beaucoup de bd... si aujourd'hui nous pouvions avoir le tiers de tout ce qu'on trouvait alors dans nos kiosques! A l'époque en Yougoslavie les gens pouvaient acheter moins de choses mais l'école était gratuite, idem pour la médecine, la pharmacie...les entreprises offraient même un logement, au bout d'un moment, aux familles. Mon père avait la plus belle voiture de la ville, une Fiat Croma rouge. Mais la guerre est passée par là. Parlov se retrouve en Italie, en Ligurie, et décroche ses premiers contrats pour la maison d'édition italienne Sergio Bonelli, non sans avoir connu la galère. Pour en arriver là, l'artiste a étudié dans son pays. J'ai fait les beaux-arts à Zagreb, mais c'est seulement quand j'ai quitté l'université que j'ai trouvé ma voie, que j'ai commencé à savoir dessiner. Il m'a fallu désapprendre ce que j'avais appris pour devenir un artiste. Tant mieux pour nous. Les vrais débuts se feront sur Ken Parker, avec Giancarlo Berardi, et Parlov va se faire un nom, à en devenir incontournable, chez Bonelli, avec Nick Raider, Tex (L'ultima frontiera) et Magico Vento (et Gianfranco Manfredi)
Goran Parlov est avec nous pour une séance de dédicace/free sketch chez Alfa Bd, le vendredi après-midi, et la samedi. Il nous accompagne aussi pour une conférence à la Bibliothèque Louis Nucéra, avec au passage le Commis des comics en guest à Nice. Les réactions de ceux qui le croisent ou se font dédicacer un album sont unanimes. Gentil, disponible, hyper talentueux. Les cigarettes défilent, les cafés ristretto aussi, et l'artiste semble avoir trouvé son habitat naturel à la table extérieure du restaurant italien Pane e Olio, où la concentration en caféine lui permet de rester en fonction. Tiens, on parle un peu de Starlight avec lui. Une scène que j'aime beaucoup, c'est lorsque Duke McQueen se rend aux funérailles de son épouse, au début. Il est de dos, plongé dans l'obscurité chez lui, on le voit sortir, entrer dans la lumière, c'est simple mais efficace. Avec Mark Millar ce fut un vrai travail de collaboration. par exemple je me rappelle avoir appelé Mark, en recevant le script du second numéro, et lui avoir fait remarqué qu'il ne semblait pas correspondre au rythme et au ton du premier. Cela ne ressemblait plus à la même histoire. Et bien il a réécrit tout l'épisode, jusqu'à ce que vous avez pu lire. Mais ce genre d'entente ne marche pas toujours... Par exemple avec Garth Ennis, c'est très différent. Il faut tout faire exactement comme il le dit, jusqu'aux modèles précis d'avions présents dans le récit, le nombre d'hélices...Du reste Goran Parlov peut et sait tout dessiner, de la jungle du Viet-Nam aux canyons de béton des grandes villes, en passant par l'espace et les monde aliens, ou les chevaux du grand west. Comme à ses débuts, un splendide numéro spécial de Tex qui en fait n'est pas une vraie histoire de Tex. Le ranger reste en retrait, même les lieux habituels sont différents, là on le retrouve dans le grand nord, au Canada, ça n'avait rien à voir. Et j'ai du dessiner des chevaux! Donc Goran n'est pas qu'un artiste de comic-book traditionnel, loin de là! Mon premier amour c'est d'ailleurs Blek Le Roc, du trio EsseGesse (Giovanni Sinchetto, Dario Guzzon et Pietro Sartoris). Un trapper qui lutte contre les forces de l'occupation anglaise, à l'époque de l'indépendance du Canada. Coté comics, j'ai débuté sur Oulaw Nation, gâce à Goran Sudzuka, qui bossait avec le scénariste Jamie Delano, et avait besoin d'un coup de main. Ensuite est arrivé Garth Ennis, et le Punisher...
Goran Parlov nous a régalé de nombreux sketchs, et de toute sa sympathie durant ce week-end du Printemps des Comics. Un secret en vue de l'avenir? Il est plus que probable qu'il revienne nous rendre visite en 2018 pour la prochaine édition. D'ailleurs, comme il le dit lui même Je chercherai bien un petit appartement pour passer quelques semaines en France, il suffit juste qu'il y ait du wi-fi... J'en profiterai pour aller saluer des amis... Avec Goran Parlov, on a l'impression que tout peut changer sur le moment, que c'est l'atmosphère de l'instant présent qui le guide pour le pas suivant. Un artiste qu'on a hâte de revoir à Nice, mais aussi dans ses oeuvres sur papier. Et qui est repartie en Croatie achever un bref récit de Spider-Man, que Marvel vient de lui confier.
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A lire aussi : Starlight, de Millar et Parlov
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Goran Parlov nous a régalé de nombreux sketchs, et de toute sa sympathie durant ce week-end du Printemps des Comics. Un secret en vue de l'avenir? Il est plus que probable qu'il revienne nous rendre visite en 2018 pour la prochaine édition. D'ailleurs, comme il le dit lui même Je chercherai bien un petit appartement pour passer quelques semaines en France, il suffit juste qu'il y ait du wi-fi... J'en profiterai pour aller saluer des amis... Avec Goran Parlov, on a l'impression que tout peut changer sur le moment, que c'est l'atmosphère de l'instant présent qui le guide pour le pas suivant. Un artiste qu'on a hâte de revoir à Nice, mais aussi dans ses oeuvres sur papier. Et qui est repartie en Croatie achever un bref récit de Spider-Man, que Marvel vient de lui confier.
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