Le livre du lundi: La petite fille et le monde secret

Par Lucie & Marion

de Maren Uthaug, traduit par Jean-Baptiste Coursaud

A sept ans, Risten quitte la Norvège du nord et le peuple Same pour le sud du Danemark avec son père. Nouvelle maman, nouvelle maison, nouvelle langue, nouvelle école. Elle change même de nom et devient Kristen, qui fait bien plus danois. Il se passera plus de vingt ans avant qu’elle ne revoit sa mère biologique.

La quatrième de couverture promettait un récit nordique gorgé de folklore, de légendes et de mystères. Je m’attendais à une ambiance comme celle de Morwenna ou d’Ava Lavenderun récit dans lequel je serais incapable de déceler la réalité de l’imaginaire.

Or ici, on fait très bien la différence: les croyances de Risten sont des superstitions, des idées auxquelles s’accroche une enfant ayant perdu ses repères. Le style de Maren Uthaug, bien que détaillé et harmonieux, reste un peu froid. Elle aborde certains passages assez crûment aussi, notamment dès qu’elle parle de sexualité: elle la défait de toute sensualité ou même de sentiment. Risten grandit pour devenir une femme détachée du monde, j’ai eu du mal à la cerner. Cependant, l’auteure écrit subtilement autour du déracinement, des traditions et de la maternité: il y a beaucoup d’intelligence dans sa plume.

J’ai apprécié les paysages nordiques, la nature de ces pays froids et les aurores boréales. J’ai aussi aimé découvrir la communauté Same (une minorité vivant en Norvège du nord) et sa culture. Mais, Risten quittant le pays très vite et grandissant à l’étranger, on n’apprend finalement pas grand chose su ce peuple et j’ai trouvé cela un peu dommage.

Cela étant dit, il se passe dans ce roman ce qui arrive souvent dans les littératures scandinaves et qui me plait à chaque fois: on suit l’auteur dans son histoire sans savoir où on va, sans comprendre où il veut en venir, jusqu’aux derniers chapitres où tout s’éclaire et prend son sens. Il n’y a pas forcément de grandes révélations, de twist ou quelque chose de trop renversant mais le texte prend une nouvelle couleur et on comprend pourquoi on a du faire tout ce chemin pour en arriver là. Ce qui me réconcilie quelque peu avec le genre contemporain qui, trop souvent à mon goût, me laisse un sentiment de « Ok. Et alors? » en fin de lecture.

Je compte cette lecture pour le challenge Emprunts de livres

Marion

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