Quelques mois après la sortie du célèbre Silver Surfer Requiem en 2007, une autre mini série consacrée au personnage a vu le jour. Elle porte le titre original de In thy name. Cette série a été traduite par Panini Comics dans la collection Marvel graphic novel, avec l'appellation Le Messager. En gros, disons que le Surfer rencontre deux cultures extraterrestres fort différentes, au fin fond du cosmos. Tout d'abord les Ama, qui sont des aristocrates de grande taille (apparence docte et illuminée) privilégiant la raison, et qui se targue d'avoir mis sur pied une société parfaite. De l'autre côté nous trouvons les Brekk, qui sont un peu le contraire : ils sont laids, trapus, pauvres, impulsif et ils sont particulièrement attachés à une religion, qui est basée sur la seconde venue d'un mystérieux messager céleste. Évidemment, puisque nous parlons de lui, le Surfer d'Argent va être reconnu comme cet être divin tant espéré. Bien entendu, il faut aller creuser derrière les apparences pour se rendre compte de la réalité. Les Ama, par exemple, souhaitent entrer en guerre contre leur opposants, mais ils n'ont pas envie de passer pour les agresseurs. Ils ont donc tout organisé pour faire passer le Surfer comme le messie attendu, considérant que cela donnera la force aux Brekk pour ouvrir les hostilités. Une fois le culte du Surfer instauré, ils ont la bonne idée d'enlever le présumé messie et de le crucifier, tout en posant au sommet de la croix sa planche de surf, là où figure selon le Nouveau Testament l'appellation INRI (roi des Juifs) surplombant le calvaire du Christ. Comme prévu, le héros est très intelligent, et il va se sortir de cette situation, puis contraindre sous la menace les leaders des deux cultures de se rencontrer, dans le but d'obtenir une réconciliation. Une décision louable mais qui ne fonctionnera pas, puisque les deux races vont se déclarer la guerre au même moment, s'accusant réciproquement devant leurs propres peuples. Le graphic novel se terminera sur une note amère, avec un Silver Surfer qui observe de loin les explosions et la destruction du conflit qu'il n'est pas parvenu à empêcher. Quel naïf tout de même...Nous sommes en fait face à une histoire qui avait tout pour devenir un véritable chef-d'œuvre, avec la comparaison évidente entre le Silver Surfer et la figure de Jésus-Christ. La pureté et l'étique inébranlable du personnage sont instrumentalisées et manipulées, dans le but d'apporter la mort ou l'oppression. Le sacrifice ultime est accompli comme dans le Nouveau Testament, mais ici il s'agit juste ici d'une supercherie et pas un moyen de racheter un peuple ou l'humanité tout entière. Le Surfer est impuissant, aussi bien en tant que messie qu'en tant que diplomate. La vision de la religion qui est développée dans ces pages est extrêmement cynique et pessimiste, le thème global qui est déroulé est celui des interférences entre la politique et la religion, avec cette dernière qui devient un instrument pervers de contrôle des masses. Simon Spurrier fait du bon travail sur le fonds, et orchestre une aventure crédible et intelligente, mais qui manque parfois de subtilité dans ses phases cruciales (la comparaison avec le Christ est ici très littérale, un peu de subtilité pouvait magnifier la chose). Le dessin de Tan Eng Huat a desservi l'album à sa sortie. Le style n'est pas conventionnel, nous avons un Surfer parfois difforme, des planches par moments disgracieuses, de qualité inégale. On n'ose imaginer ce qu'un Ribic ou même (pour faire classique) un Starlin auraient pu offrir.En 2008 alors que les États-Unis apprennent à composer avec une grave crise économique, que la guerre en Irak semble interminable et que Ben Laden échappe toujours aux services secrets, les comics sont une fois de plus pertinents et éloquents, quand il s'agit d'aller fouiller dans les plis de l'inconscient collectif. Pas si inconscients, d'ailleurs.
REJOIGNEZ NOUS SUR www.facebook.com/universcomics Epuisé en Vf, bonne chance avec l'occasion... A lire aussi : Silver Surfer Requiem
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