Avant de démarrer cette chronique, l'envie de relire mes deux anciennes chroniques de La fille du futur m'a pris comme on prend un taxi. Du coup, j'ai un peu honte, la toute première phrase que j'ai écrite sur cette trilogie critiquait assez vertement cette couverture rose bonbon, alors que je disais justement samedi à Nathalie Stragier que la maquette du bouquin me plaisait beaucoup. Et c'est le cas ! Aujourd'hui, plus d'un an après la découverte du premier épisode, qu'est-ce que je l'aime, cette couverture ! Les trois d'ailleurs. Comme quoi, quand on aime, le physique importe peu [C'est la réflexion philosophique du jour, ne me remerciez pas, c'est offert par la maison].
Ce tome est donc le dernier de la trilogie de La fille du futur, vous n'êtes donc pas à l'abri d' un spoiler ou deux. Si le cœur vous en dit, vous pouvez aller jeter un œil à la chronique du tome 1 et à celle du tome 2. Et en guise de dessert, il existe aussi un Throwback Thursday qui lui est consacré.
Le résumé de toujours toujours
... parce qu'à force de voyager dans le temps, vous savez que rien ne se passe jamais comme prévu.
... parce que dans le futur on fait des trucs dingues, comme se baigner nue dans la Seine.
... parce qu'il vous reste encore pas mal de boulot pour sauver les hommes !
L'avis qui dit encore encore
Bon sang, je l'ai tellement attendu cette suite et fin ! Nous retrouvons Andréa et Pénélope là où nous les avions laissées à la fin du deuxième tome, en partance vers l'inconnu (du moins, pour Andréa). Parce que oui alors que les deux premiers épisodes nous gardaient dans notre présent, le troisième nous emmène dans le futur ! C'est donc dans un univers uniquement peuplé de femmes, propre à souhait, écologique et sain (quoique...) que nous débarquons. Le futur a été à la hauteur de mes attentes, mais si on s'était attardé un peu plus sur les détails, la sauce tomate aurait été parfaite.
Fonctionnant en miroir avec , c'est maintenant Andréa qui a le privilège de découvrir un autre lycée et une organisation totalement différente (et faire quelques bourdes bien drôles au passage). À travers elle, nous creusons un peu plus ce que Pénélope n'avait fait que mentionner et Nathalie Stragier développe alors toutes les thématiques qui lui semblent chères : la consommation à outrance, le réchauffement climatique, la place des femmes dans la société, la relation à notre corps, etc. Et je ne vous cache pas que c'est passionnant.
La fille du futur n'est pas seulement un livre distrayant, drôle et rocambolesque. C'est aussi une profonde réflexion sur notre société, celle d'aujourd'hui et celle qu'on pourrait mettre en place demain si l'on s'en donnait vraiment les moyens. La société futuriste du roman n'est pas parfaite, loin de là, mais elle pousse le lecteur à s'interroger sur des comportements profondément acquis et rarement remis en question (l'épilation des femmes, les achats en masse pour pas cher chez H&M). Et si certaines visions de leur Moyen-Âge (notre présent) semblent loufoques et pleines de préjugés, elles ont pourtant toujours une base de vérité, qui nous encourage à modifier (sans jugement, ni propagande, ni prosélytisme) notre mode de vie.
Le féminisme est toujours présent, mais c'est ici l'égalité des genres et la tolérance qui priment. Pourquoi vouloir tuer un homme à cause de son identité nous semble horrible dans un roman alors que tant de petites filles sont tuées dès la naissance dans notre monde ? En inversant drastiquement les positions de chacun, ce roman peut permettre à de nombreux adolescents de comprendre beaucoup de choses, tout en se distrayant.
Drôle, très bien écrite, addictive et intelligente, cette trilogie se termine ici brillamment. Certaines questions restent en suspens, mais tout ce qui était primordial est bien là (cela dit, s'il prend à Nathalie Stragier l'envie de faire un prequel, une suite, un manuel informatif sur le Moyen-Âge vu par les femmes du futur, que sais-je encore, je serais au rendez-vous, frétillant comme un cachalot hors de son aquarium). J'ai commencé ce tome avec l'angoisse qu'il ne me plaise pas, avec la peur d'assister à cette étrange malédiction qui touche les auteurs ne sachant pas comment terminer leur histoire, mais, au fil de ma lecture, j'ai bien vu que mes craintes n'avaient absolument pas lieu d'être et, qu'encore une fois, Nathalie Stragier maîtrisait son récit, ses personnages et ses thématiques. Vraiment, vraiment, VRAIMENT, lisez cette trilogie coup de cœur, l'une des meilleures du genre selon Titine (et Broco) (mais il semble qu'on mange beaucoup trop de légumes dans le futur, il flippe un peu du coup), vous ne le regretterez pas. Et faites le lire à vos ados et préados, ça peut toujours servir.