Une plage — Une plage. De sable blanc. Je marche et les traces que je fais ne sont pas de moi. Étrangement, des fleurs poussent un peu comme dans certains déserts tôt le matin, des gouttelettes d’humidité ont créé une flore si fragile qu’au moindre coup de vent, elles s’envolent. Là, à ce moment précis, il ne vente pas. Je regarde ce décor minimum avec des traces qui ne sont pas les miennes. Je m’y déplace maintenant à quatre pattes. Je cherche une personne qui ne me connaît pas encore alors que je me transforme. Je recule, je me remets debout, mes pieds correspondent aux traces laissées sur la plage. Je me reconnais. J’avance en reculant. J’arrive à la hauteur d’une femme en jupe d’été fleurie. Elle me sourit. Je suis aile. Nous nous envolons pour échapper au recul qui nous entoure, avant que ça devienne une prison hermétique. En bas, les gens ne bougent plus, certains crient : « Qui a-t-il au-delà du moyen-âge ? » Nous ne répondons pas, nous ne savons pas. Leurs gémissements sont intolérables. Nous tentons de les libérer sans jamais y parvenir. Puis, il nous faudra partir, je ne sais où… Au-delà des refus.
L’envers de l’endroit
L’auteur
Né à Saint-Ulric, près de Matane, sur la rive sud du fleuve, j’ai été créé par les images de ce désert d’eau qui change de forme selon les saisons. Je lancerai bientôt (le 23 novembre) Des mots sur des couleurs, mon premier recueil de récits, en collaboration avec l’artiste peintre Pierre Morin de Varennes qui appartient, tout comme moi, aux paysages de la Matanie, mon pays, mes amours.