Chronique « Silencieuses »
Texte de Salomé Komy, adaptation, découpage, dessin et couleurs et dialogues de Sibylline Meynet,
Public conseillé : Adultes / Adolescents,
Style : Polar fantastique,
Paru aux éditions « PerspectivesArt9 », le 1er juin 2017, 104 pages couleurs, 14.95 euros,
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L’Histoire
Après avoir raté son épreuve de Math, la jeune et jolie étudiante Anaïs rentre chez elle. Quelques difficultés de communication avec son “petit frère”, et elle part au sport retrouver ses copines. Les filles se donnent rendez-vous à la soirée de Mahé, le lendemain. Sur le trajet, Anaïs est interpellée vulgaire ment par un inconnu.
Le lendemain, Mahé est attablée à une terrasse de café. pendant qu’elle attend un ami, un homme passe en voiture, lui demandant de relever sa jupe…
Ce que j’en pense
“Silencieuses” est le premier album de deux jeunes auteures : Salomé Komy et Sibylline Meynet. Si le sujet m’a interpellé, c’est aussi l’occasion de découvrir le travail et le potentiel de ces deux jeunes femmes, qui se sont attaqués à un problème aussi douloureux que présent dans leur univers : le harcèlement. C’est d’autant plus courageux que le sujet n’est que peu traité, faute de non-dits…
Racontant très simplement le parcours quotidien de plusieurs amies, elles évoquent, avec beaucoup de pudeur, la violence dont les jeunes femmes peuvent être victimes encore aujourd’hui dans la rue. Insultes, comportements et gestes vulgaires, les possibilités sont multiples et peuvent arriver n’importe quand. Et contrairement à ce qu’on pourraient penser, ce n’est pas seulement dans une zone totalement vide et de nuit. A la terrasse d’un café, dans les transports publics, certains hommes peuvent déraper, considérant le moindre signe de féminité (une jupe, des talons…) comme une « invitation »…
La situation est d’autant plus difficile à supporter qu’elle engendre chez ces jeunes femmes un lourd sentiment de culpabilité. Des fois-même, leur entourage masculin macho trouve parfaitement normal cette maltraitance…
Alors, à qui se confier, à qui en parler ? C’est pour trouver une solution que les deux jeunes auteures abordent un sujet aussi sensible.
Avec intelligence, sans pathos, elles racontent ces moments qui provoquent culpabilité, dégoût et colère.
Libérer la parole, affirmer haut et fort que ce n’est pas acceptable, c’est le but de cet album et j’imagine qu’il est atteint (que ce soit pour les victimes ou pour les jeunes hommes qui pourraient être tentés d’agir de la sorte).
Au dessin, Sibylline accompagne ce récit avec un dessin doux et “féminin”. Un trait sobre et rond, des couleurs pastels, les cases s’enchaînent avec facilité.
Alors, c’est sûr, ce n’est pas le genre de BD qui vous divertira, mais sans doute qui vous fera prendre conscience du malaise général. Et c’est une excellente raison de le lire.