Résumé :
Au début de l’ère Seika (ère fictive), le gouvernement a voté un texte appelé “Loi d’Amélioration des Médias” et qui vise en réalité à un contrôle renforcé de la culture. L’armée est ainsi mise à profit pour censurer et détruire les ouvrages susceptibles de troubler l’ordre public, ou de porter atteinte aux valeurs de la patrie ! Afin de lutter contre cette répression, les bibliothèques se sont fédérées et mobilisées afin de créer une unité d’élite spécialement entraînée pour protéger les livres et leurs lecteurs. Depuis que, lectrice, elle fut sauvée d’une rafle par un des membres de cette unité d’élite, Iku Kasahara rêve d’en faire partie à son tour. Mais l’entraînement, mené d’une main de fer par son instructeur, s’avère impitoyable !
Mon avis
Adapté d’une série de romans de Hiro Arikawa qui a connu un vrai succès au pays du soleil levant, Library Wars est un manga dont le thème avait attiré mon attention il y a de cela un bon moment. Publié en français chez Glenat, je me suis récemment laissée tenter par la lecture des premiers tomes et je dois dire que je n’ai pas été déçue !
Kiiro Yumi nous entraîne dans un futur alternatif où la liberté d’expression est devenue un notion fragile pour laquelle il faut se battre. En effet, le gouvernement japonais a émis une loi d’amélioration des médias qui donne le plein pouvoir à un comité de censure officiel pouvant contrôler, retirer ou même interdire n’importe quel ouvrage jugé beaucoup trop dangereux pour l’équilibre du système et de la société. Révoltés par cette prohibition de publication, les bibliothécaires se rassemblent et forment une unité paramilitaire visant à protéger les livres et leurs lecteurs. Nous retrouvant donc Iku Kasahara, une jeune fille qui s’apprête à acheter le dernier tome de sa série préférée. Mais, juste avant de se faire arrêtée par les agents du comité, un mystérieux sauveur vient à sa rescousse. C’est alors qu’Iku décide elle aussi d’intégrer le corps des Bibliothécaires, une conviction toutefois motivée par l’espoir secret de retrouver son preux chevalier.
Malgré ce que peut laisser croire son synopsis, Library wars est bien catalogué dans la case shojo. Plus que les intrigues politiques et les scènes d’action, c’est avant tout la romance qui semble mise en avant. Je dois dire que ce premier tome ne va pas encore en profondeur pour ce qui est du scénario d’anticipation mais il donne quelques bribes d’explications concernant le vote de cette loi d’amélioration des médias ainsi que la création du corps des Bibliothécaires. L’idée d’un monde opprimé par la censure n’est pas nouvelle et si l’on peut y voir une critique des gouvernements autoritaires, Library Wars fait aussi écho aux grands classiques de la littérature SF. On peut évidemment penser au 1984 de George Orwell ou encore à Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. Nous suivons par ailleurs, la formation d’Iku au sein de cette organisation ce qui nous en apprend un peu plus sur sa mission et l’organisation de sa hiérarchie. Je m’attends en tout cas à ce que les prochains tomes soient plus approfondis. Ce qui m’a plu également c’est le fait qu’on se retrouve directement plongés dans l’intrigue, ne laissant aucune place au temps mort. La narration est très rythmée et l’humour présent apporte une bonne dose de légèreté à l’ensemble. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. Visuellement parlant, le trait graphique de la mangaka est agréable et soigné. Les dessins sont assez fins et présentent des personnages expressifs. On notera tout de même un coup de crayon parfois plus marqué déviant un peu d’un style typé shojo.
Dès la première page, nous faisons la connaissance d’Iku, un personnage au caractère bien trempé. Loin des héroïnes naïves et gnangnan que l’ont peut retrouver dans ce genre de mangas, Iku est assez garçon manqué avec une personnalité explosive et franche. Bien que son côté maladroit et sa tendance à foncer sans réfléchir entraînent quelques catastrophes sur son passage, on ne peut que saluer sa détermination sans faille qui la rend d’autant plus attachante. D’un autre côté il y a Dojo, l’autre personnage principal de ce premier tome et accessoirement l’instructeur d’Iku. Il peut paraître austère et sévère de prime abord mais il se révèle plus nuancé par la suite, révélant un homme sur lequel on peut compter. Sa relation avec Iku est surtout faite de prises de bec et autres piques cinglantes mais je n’ai aucun doute quant à l’évolution favorable de leurs rapports. Pour ce qui est des autres personnages, ils semblent assez discrets pour le moment mais ils devraient prendre davantage d’importance dans les prochaines tomes.
En bref, Library Wars est un titre original où se mélange action, politique, humour et amour. Ce premier opus s’est révélé très agréable à lire avec un univers riche mais tout en restant léger et divertissant. Il pose efficacement les bases d’une intrigue qui ne demande qu’à être plus exploitée par la suite.