Libres pensées...
Au Nigéria, Okonkwo a travaillé dès son plus jeune âge pour s'assurer un avenir prospère, lui qui a grandi auprès d'un père oisif, se jurant dès lors de devenir quelqu'un, et de s'éloigner de la figure paternelle synonyme pour lui de honte, d'opprobre.
Devenu adulte, il est devenu important dans sa tribu, a trois femmes, des enfants, mais le sort semble se jouer de lui.
J'ai été absorbée par ce roman aux accents presque mythologiques et aux personnages entiers.
Il y a, bien sûr, le personnage de Ikemefuna, ce jeune garçon arraché à sa tribu et élevé auprès de Okonkwo, avant d'être sacrifié, les épouses de Okonkwo, ses enfants, parmi lesquels Nwoye, son premier fils qu'ils soupçonne de nonchalance, et Ezinma, sa jeune fille volontaire et ferme, dont il regrette en secret qu'elle n'ait pas été un fils.
L'intrigue fait la part belle aux mœurs et aux croyances du clan, immergeant le lecteur dans un quotidien concret (l'importance des ignames dans la constitution d'une fortune, l'organisation des épouses qui cohabitent, chacune disposant de sa propre case, les discordes familiales et entre tribus...).
L'apparition des blancs et de la religion par laquelle ils embrigadent les membres de la tribu résonne bien sûr, en particulier l'incompréhension et les déchirements qu'elle engendre. Car le regard porté dessus est à la fois interne et externe, dans la mesure où Okonkwo, exilé, trouve le village au pouvoir des blancs lorsqu'il rentre, ce qui vient notamment contrecarrer ses projets de retrouver son rayonnement social.
Une lecture envoûtante, donc, que celle de Tout s'effondre, qui donne envie de poursuivre l'exploration de la littérature nigériane!
Pour vous si...
- Vous êtes un adepte des romans de Léonora Miano (même si l'auteur est camerounaise et non nigériane). Disons Chimamanda, sinon, même si Chima est plus portée sur la société actuelle.
- Vous trouvez que ce n'est pas une mauvaise idée, de mesurer la valeur d'une personne à sa capacité à cultiver des ignames.
Morceaux choisis
"Avec un tel père, Okonkwo n'avait pas débuté dans la vie comme la plupart des jeunes hommes. Il n'avait reçu ni terre ni titre en héritage, pas même une jeune épouse. Mais malgré ces handicaps, il avait commencé, même du vivant de son père, à poser les fondations d'un avenir prospère. Lentement et à grand-peine. Mais il s'était jeté dans le travail comme un possédé. Et il était bel et bien possédé, par la crainte de la vie méprisable de son père et de sa mort honteuse."
"Ne désespère pas, je sais que tu ne vas pas désespérer. Tu as un cœur viril et fier. Un cœur fier ne se laisse pas abattre quand tout s'effondre, car un tel échec ne l'atteint pas dans son orgueil. C'est beaucoup plus difficile et beaucoup plus douloureux quand on est seul à échouer."
Note finale4/5(très cool)