Littérature. — De Homère aux histoires outrées de Pierre Bellemare en passant par Rimbaud, les textes littéraires et/ou historiques nous permettent de partager ce que les humains ont pensé, ressenti, imaginé, fait, inventé… Pauvreté d’une éducation qui se prive de cette richesse !
Désir d’approbation. — Ce besoin répandu, chez les individus et les groupes, suscite, comme effet bénéfique, une certaine discipline sociale. Mais il comporte ses effets négatifs : conformisme et mimétisme, mépris de soi-même – donc des autres –, ressentiments et haines accumulées, passivité fataliste, crainte maladive de la critique, autocensure apeurée. Tout ce que l’on retrouve à l’intérieur des cliques soumises aux diktats des tendances. À haute intensité dans les milieux intellectuels et médiatiques de gauche.
Lacune en histoire. — On peut faire croire n’importe quoi à celui qui n’a aucune idée des faits politiques ou climatiques du passé. Tour devient « fin du monde » ou « fin d’un monde ». On les entend qui répètent : « On est tout de même en 2017 ! » Formule magique. Comme si, depuis des siècles, les ignorants n’avaient pas ânonné la date où le calendrier les avait poussés.
Index. — J’ai vécu l’Index catholique au Québec. Ces temps où l’Église condamnait des auteurs aussi inoffensifs que Mauriac, entre autres. Où on censurait éditeurs et libraires. (L’Imprimatur !) Où nous lisions des classiques expurgés.
Malgré tout (ou grâce à cela…), on lisait plus et, surtout, mieux qu’aujourd’hui. On désire ce qui est plus ou moins inaccessible. Et le livre n’était pas facile d’accès. Nous les désirions, les cachions et les dévorions.
En nos temps du livre partout, des liseuses, d’Amazon, on ne lit plus et, si on lit, ce sont des traductions bâclées de bestsellers américains. Et les quelques lectures obligatoires paraissent des pensums très lourds et inutiles aux étudiants. Il faut dire que les enseignants choisissent souvent des auteurs qui font dur.
Heureux temps, celui où je lisais à l’étude Malraux ou Nietzsche sur mes genoux, tout en laissant croire au surveillant (complice ?) que je faisais une rédaction anglaise, dictionnaire bien en vue.
Marion Le Pen et la culture. — J’ai toujours cueilli mes pierres précieuses là où elle se trouvait, sans m’occuper du lit du cours d’eau.
Dans une entrevue à un magazine, on retrouve ces deux idées-forces sur la culture que je fais miennes : 1. La culture est le seul bien que l’on peut partager sans s’appauvrir ; 2. La culture, c’est ce qui sert de ciment à des individus pour constituer un peuple. Définitions qui ont des pieds et des mains.
Formulations à la fois non élitistes et non réductionnistes.
L’auteur : Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K(Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose ont ensuite paru chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale(2003), Jakob, fils de Jakob (2004), Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique(Triptyque, 2005), Les versets du pluriel(Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan,Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux(MBNE) ; récemment il publiaJit un essai, Fantômes d’étoiles, chez ce même éditeur. On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL. De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com).