Merci à L'asiathèque & au bdp Sabine Arman pour cette belle découverte !
Titre et auteur : Le magicien sur la passerelle de Wu Ming-yi
Date de parution : 15/02/17
Nb de pages : 272
Résumé :Sur la passerelle reliant le bâtiment " Ai " (Amour) et le bâtiment " Hsin " (Confiance) du grand marché de Chunghua, à Taipei, un magicien exerce son art. Autour de lui, tout un monde s'active dans de petits métiers. Le narrateur, qui a une dizaine d'années à cette époque-là, tient un stand de semelles en face de l'illusionniste. Comme ses camarades, il est fasciné par ses tours, dont certains dépassent la mystification habile du prestidigitateur et semblent mener à de mystérieux mondes parallèles. Devenu adulte et toujours hanté par ce troublant personnage, il interroge ceux de sa génération qui ont pu avoir naguère des contacts avec lui.Le magicien sur la passerelle est une sorte de roman sous forme de nouvelles tout à fait captivant !
L'évocation du souvenir du magicien donne lieu à une mosaïque de récits, tantôt drôles, tantôt poignants, où le marché devient le royaume de l'aventure et du fantastique et où se révèlent les rêves et les angoisses existentielles des jeunes Taïwanais de la capitale.
Traduit du taïwanais par Gwennaël Gaffric.
J'aimerais commencer en affirmant que la couverture est sublime (et en plus, j'adore la matière). C'est une couverture intrigante et l'on se demande sa signification jusqu'à la toute fin du livre.
Le magicien sur la passerelle commence avec la nouvelle éponyme. Elle nous présente cette fameuse et fascinante figure du magicien qui sera l'élément phare de tous les récits.
Le magicien sur la passerelle est en effet une sorte de roman présenté sous la forme d'un recueil de nouvelles. Toutes les nouvelles apparaissent comme des chapitres qui nous font avancer d'un point à l'autre. Toutes ces nouvelles sont des témoignages que le narrateur, qui cherche à en savoir plus sur le magicien, recueille. Elles gravitent toute autour du marché de Taiwan, divisé en huit bâtiments : Chung, Hsiao, Jen, Ai, Hsin, Yi, Ho et P'ing.
Une poignée d'habitants du marché, anciens camarades du narrateur, racontent donc leurs souvenirs avec un personnage récurrent, celui du magicien. On se rend rapidement compte que celui-ci a laissé un souvenir impérissable à chacun et que personne n'a jamais réussi à percer le mystère qui l'entoure. J'ai aimé constater que le magicien a eu une influence sur la vie de chacun, d'une manière ou d'une autre. Toutes les histoires des différents narrateurs sont auréolées d'un peu de fantastique et de mystère à chacune des apparitions du magicien, et cela m'a paru fascinant.
J'ai adoré la structure du livre. En effet, grâce à ce mouvement de narration, on ressent une continuité entre chaque nouvelle, chaque témoignage, qui pourraient pourtant toutes se lire de manière distincte. Au fur et à mesure des récits recueillis par le narrateur, on en apprend de plus en plus sur les personnages qui apparaissent et disparaissent, comme le magicien forcément, mais aussi le devin par exemple.
Toutes les nouvelles sont présentées sur le mode " Tu te souviens... " et j'ai adoré ça puisque la figure du narrateur et celle du lecteur se télescopent en quelque sorte en tant que récepteur de témoignage. On a donc un sentiment d'intimité très puissant, avec cette sensation d'être réellement engagé dans l'histoire. C'est très agréable !
En définitive, commencer la lecture du Magicien sur la passerelle, c'est être prêt à vivre un moment absolument extraordinaire et fascinant, dépaysant. Ouvrir ce livre, c'est entrer dans un monde enchanté et envoûtant, et vivre un moment fabuleux. Je recommande vivement cette lecture !