Plumes en tout genre

Par Loulou Coco

On continue nos articles thématiques sur des personnages dans la littérature de jeunesse ! Cette semaine j’ai choisi de parler des oiseaux, ces êtres si fragiles et majestueux à la fois. Une sélection très variée avec des oiseaux personnifiés ou non, à bon ou mauvais caractère, mais qui transmettent toujours un message.

L’oiseau de pluie raconté par Monique Bermond et illustré par Kersti Chaplet, chez Flammarion (Père Castor) en 1971

Banioum aime écouter le chant de l’oiseau de pluie, annonciateur des déluges qui sont bienfaisants pour les champs de son village. Il décide alors de capturer un oiseau de pluie, pour en avoir constamment un au village et que celui-ci fasse prospérer les récoltes grâce aux pluies amenées par son chant. Mais, une fois capturé, l’oiseau n’émet plus aucun son. Banioum va demander conseil au grand Sage. Ce dernier enferme Banioum dans sa case une partie de la journée. Il en ressort en pleurant et comprend que l’on ne peut être heureux enfermé ainsi.

Un conte traditionnel africain très classique, mais dont les illustrations sont particulièrement attractives. Une morale comme dans nos contes européens pour apprendre certaines valeurs dès le plus jeune âge.

L’homme aux oiseaux de Melvin Burgess (texte) et Ruth Brown (illustrations), paru chez Gallimard jeunesse en 2000

Sur un marché, un homme dans un piteux état vend des oiseaux en cage. Le petit Ivan trouve cela cruel et décide d’acheter un petit rouge gorge pour pouvoir le libérer. Il le ramène chez lui en se promettant de le libérer le lendemain. Mais il chante si bien qu’il décide de le garder. Encore un peu. Encore un peu. Si bien qu’au bout d’un an il ne l’a toujours pas libéré. « Tu t’habitueras », lui répète-t-il. Un soir, Ivan trouve le moineau en piteux état. Il décide alors d’ouvrir la cage pour que l’oiseau puisse s’enfuir. Mais dans la nuit, l’homme aux oiseaux pénètre dans la chambre du petit garçon. Il échange alors la place des deux êtres. Ivan devient moineau, tandis que l’oiseau prend la forme du petit garçon. Le lendemain, le nouveau petit garçon force Ivan à s’envoler par la fenêtre et referme, même si celui-ci se débat. « Tu t’habitueras », dit le nouveau petit garçon au moineau Ivan.

J’ai choisi cet album pour son auteur. Je connais Melvin Burgess pour Rouge sang, qui est un roman dur, sanglant, réservé aux ados à partir de 15 ans. Je me demandais donc dans quel registre il était parti pour un album pour les plus jeunes. Même si le thème n’est pas aussi dur que dans Rouge sang, L’homme aux oiseaux n’a rien d’un conte classique pour s’endormir. On reconnait finalement la patte de l’auteur, avec un fond de cruauté et de regard très réaliste sur le monde. Cette histoire, sortie initialement en album, existe désormais en roman folio junior poche.

La chaussette verte de Lisette de Catharina Valckx, à L’école des loisirs en 2002

Par une belle journée, Lisette sort se promener. En chemin, elle trouve une belle chaussette verte qu’elle s’empresse d’enfiler. Mais Matou et Matoche se moquent d’elle car, c’est bien connu, les chaussettes vont par deux. Lisette est déçue. Mais son ami Bébert la souris arrive et pense que ce bout de tissu vert est un bonnet. Revigorer, Lisette se prend au jeu et cherche la seconde chaussette pour s’en faire elle aussi un bonnet.

A L’école des loisirs, Catharina Valckx est célèbre pour son personnage de Billy, un petit hamster cow-boy qui a fait craquer de nombreux enfants. J’ai décidé de vous présenter un personnage un peu moins connu : Lisette, une petite oiselle (espèce indéterminée). Une petite histoire toute simple, pour les plus petits.

Les oiseaux de Germano Zullo (texte) et Albertine (illustrations), paru aux éditions La Joie de Lire en 2010

Un désert. Un chemin. Une camionnette rouge. Un homme en salopette. C’est un jour en apparence comme les autres. L’homme ouvre les portes de sa camionnette et une flopée d’oiseaux plus colorés les uns que les autres en sort. Au moment de refermer les portes, l’homme s’aperçoit qu’il reste un tout petit oiseau, noir, au fond du camion. Le malheureux ne sait pas voler. L’homme prend alors le temps de s’attarder sur des petits détails et de lui apprendre à voler. Cet instant, pris dans le temps, changera la vie de l’oiseau et la vision de l’homme.

Une petite histoire, avec presque pas de texte, pour beaucoup d’émotions. Une façon de montrer que s’accrocher aux détails, se détacher des préjugés et prendre le temps pour des choses en apparence insignifiantes, cela vaut vraiment le coup. Touchant, poétique et tendre.

Drôle d’oiseau de Jennifer Yerkes, aux éditions Memo, paru en 2011

Il était une fois un drôle d’oiseau. Sans contour apparent, il est quasiment imperceptible. Seuls un bec, des yeux et des pattes sont visibles. L’oiseau est bien triste de voir ses congénères si colorés et majestueux alors que lui paraît si insignifiant. Il va tout faire pour se confectionner un magnifique plumage en collectant ce qu’il peut dans la nature. Mais son déguisement ne va pas attirer les bons yeux… Un renard, le prend en chasse ! Finalement, être invisible, ce n’est pas si mal.

Une histoire sur la différence et les talents de chacun. Les illustrations simples, pleine de poésie et de douceur font le charme de cet album. L’oiseau sans contour apparent, qui se fond dans le décor à chaque page est adorable. Un graphisme très bien pensé et original.

Grand Calao et Petit Homme de Carl Norac (texte) et Anne-Catherine De Boel (illustrations), paru à L’école des loisirs en 2014

Amoila s’ennuie. Il aimerait bien que quelque chose se passe dans sa vie et en fait donc la demande au soleil. Le lendemain, alors que sa maman lui demande d’aller chercher du sucre au marché, sur le chemin un grand calao apparait. Il demande à l’enfant de lui apporter la Douceur, sous peine de subir la Douleur de la part de la hyène. Amoila, terrifié, réfléchi. Plus tard il apporte une plume au grand oiseau. Mais celui-ci, déjà couvert de plumes, n’accepte pas le présent. Il envoie alors la hyène. En revanche celle-ci trouve que la plume est pleine de Douceur et refuse donc de faire du mal à l’enfant. Dans les jours qui suivent, Grand Calao, mécontent, défiera encore plusieurs fois l’enfant, qui échouera, et l’oiseau lui enverra donc divers animaux malfaisants, qui seront pourtant subjugués à chaque fois par les présents du petit africain. Jusqu’au jour où Amoila réussi à satisfaire l’oiseau en lui apportant sa version de l’Amour. Ce sera ensuite à l’enfant d’apprendre des choses au calao.

Carl Norac est un grand conteur contemporain que j’aime énormément. Anne-Catherine De Boel est une excellente illustratrice, notamment d’histoires africaines, que j’ai découvert avec Rafara. Le mélange des deux ne pouvait que me plaire. Cette histoire, à laquelle mon résumé ne rend pas honneur, est vraiment pleine de poésie, de tendresse, d’amour et est sublimée par les illustrations. On a l’impression de se retrouver devant un vieux conte africain, alors que c’est une création contemporaine. Une belle réussite sur le thème de valeurs importantes de la vie.

La paix, les colombes ! de Gilles Bachelet et Clothilde Delacroix (texte et illustrations en alternance), paru chez Hélium en 2016

Que fait une colombe de la paix dans sa journée ? Reste-t-elle assise dans rien faire à attendre une mission ? Eh bien, non, la journée d’une colombe de la paix est bien remplie, figurez-vous. Entre les entraînements militaires pour se préparer au terrain, les collègues de bureau agaçants (comme dans tout métier) et la vie privée, une colombe de la paix, ça ne chôme pas !

Même si cet album n’est pas vraiment pour la jeunesse, je n’ai pas résisté et je le mets dans cette sélection car il est en parti rédigé et illustré par Gilles Bachelet, mon idole. En collaboration avec Clothilde Delacroix, ce petit album est truffé de malice et de situations cocasses sur la vie supposée des colombes de la paix. On retrouve avec plaisir l’humour de ces deux auteurs/illustrateurs qui se livrent déjà des batailles acharnées de croquis sur facebook.

Pas eu assez de plumes, de becs et d’envolées colorées ? Voici de quoi vous satisfaire :

  • Quand l’oiseau Lou raconte des histoires à dormir debout de Uri Schulevitz, paru aux éditions autrement jeunesse en 2000
  • Bonjour, petite grive de Mary Lyn Ray (texte) et Peter Sylvada (illustrations), chez Syros jeunesse en 2004 (un texte sur la situation délicate de la migration des oiseaux, dont beaucoup ne retrouvent pas leur habitat naturel chaque année)
  • Le voyageur et les oiseaux d’Anne Brouillard, chez Seuil jeunesse en 2006
  • Petite plume de Kristien Aaertssen, sorti à L’école des loisirs en 2007
  • Martin des colibris de Alain Serres (texte) et Judith Gueyfier (illustrations), chez Rue du monde en 2008 (tiré d’une histoire vraie, sur l’expédition de La Coquille, qui a ramené, en 1825, de nombreuses espèces animales inconnues en Europe dont de nombreux oiseaux, et surtout 250 colibris).

Joyeuses lectures à plumes les loulous !