Bravo, Monsieur Couillard. — Je ne suis pas libéral, dans le sens partisan du mot. Ni à Québec ni à Ottawa. La dernière et unique fois où j’ai voté pour ce parti remonte à l’élection sur la Nationalisation de l’électricité. Ça fait un bail… Mais je me dois de vous féliciter pour le geste d’amitié que vous avez posé à l’égard de Monsieur Marc-Yvan Côté.
Il y a un certain temps, j’ai connu une mauvaise passe sociale. Et moi dont le téléphone sonnait, et qui ne manquais jamais de commensaux au restaurant, je me suis retrouvé soudain très seul. « C’était amis que vent emporte et il ventait devant ma porte… », pour paraphraser Rutebeuf. J’aurais bien aimé que quelqu’un m’envoie un courriel et me dise : « Viens qu’on jase… »
Vous avez choisi d’agir humainement. Et de ce simple geste, qui n’a même pas eu de suite, certains de vos adversaires ont décidé de faire une tempête dans un verre d’eau. Ils n’ont rien à se mettre sous la dent.
Rectitude politique et fascismes de bon ton. — Le fascisme, c’est lorsqu’on dit à des individus ou à des groupes : « Nous allons vous empêcher de parler parce que vous ne pensez pas comme nous, donc vous avez tort. Lorsque des groupuscules, peu importe leur allégeance, interviennent directement ou indirectement pour faire interdire panels ou présentations qu’ils jugent racistes, sexistes, homophobes ou islamophobes, ils minent sérieusement la démocratie libérale que, de toute façon, ils remplaceraient par leur parti unique, le seul à avoir raison. Ces choses sont encore plus déplorables lorsqu’elles se passent en milieu universitaire, qui devrait être le lieu privilégié de la libre discussion.
Le Québec sombre peu à peu dans cette rectitude politique délétère, bigote et morbide.
Une araignée… — Une araignée partage mon bureau. Taille d’un 25 sous, brune.
Quelques minutes plus tard, elle était toujours là. Même manège de ma part, mêmes paroles. Elle ne bougea toujours pas.
Je revins au travail. Un quart d’heure plus tard, la bestiole n’avait toujours pas bougé. Irrité, je lui dis : « Cette fois, tu vas quitter la place ! » J’ai sorti un papier-mouchoir de ma poche et me suis avancé vers elle avec l’intention de la capturer et de la porter à l’extérieur de la maison. À toute vitesse, elle s’est réfugiée sous la bibliothèque. Je ne l’ai pas revue.
M’a-t-elle compris ?
L’auteur : Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K(Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose ont ensuite paru chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale(2003), Jakob, fils de Jakob (2004), Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013). Il a reçu à quatre