American Requiem – Jean-Christophe Buchot

Couverture American Requiem

Résumé :

« Depuis l’autre côté, la voix de JFK nous parvient par éclats, esquilles, fragments de souvenirs se réunissant telles les pièces d’un puzzle onirique et pourtant parfaitement documenté. Il a fallu sept ans à Jean-Christope Buchot pour écrire ce roman noir qui tient tout autant de la poésie que de l’essai. « Coincé à l’arrière de ma Lincoln Continental, je rêve d’un avion qui m’emporterait au-delà de la vérité », nous confie le président assassiné…
Et si les faits, seuls, ne suffisaient pas à faire émerger la vérité, s’il fallait les soumettre à l’épreuve de la littérature pour qu’éclate enfin toute la lumière ? »

Mon avis :

Je remercie Babelio et les éditions La Renverse pour l’envoi de ce livre. Cette année, nous fêtons le centenaire de la naissance du président Kennedy. Quelle bonne surprise de trouver un livre le concernant lors de la masse critique ! Je trouvais le résumé assez curieux. Se mettre dans la peau de JFK qui nous parlerait depuis l’au-delà… c’est vraiment original ! Seulement, je me suis vite rendu compte que ce livre allait mettre mes nerfs à rude épreuve.

American Requiem – Jean-Christophe Buchot

Nous sommes le 22 novembre 1963. John Fitzgerald Kennedy est à Dallas et dans quelques minutes, il sera mort. Il s’en ira rejoindre ses ancêtres, les pionniers de la dynastie Kennedy, ainsi que son frère Joe, sa soeur Kick et ses enfants Arabella et Patrick. JFK se prépare depuis longtemps à mourir, il a subit l’extrême-onction a plusieurs reprises dans sa jeunesse. Il se sent prêt. Prêt à mourir, prêt à laisser les rênes de la politique à son petit frère Bobby et prêt à laisser Jackie aux commandes de Camelot. Mais maintenant qu’il se trouve face à la mort, il en vient à regretter des pans entiers de sa vie. Pourquoi a-t-il laissé tomber Inga, par exemple. Depuis l’au-delà, le trente-cinquième président des Etats-Unis nous livrent toutes ses joies, ses peines et ses incertitudes.

A l’annonce planétaire de ma mort, le monde s’est arrêté net. Une brisure soudaine dans le continuum spatio-temporel. Le Président est mort ! Jack est mort ! Je suis mort. La décomposition est entamée, la recomposition aussi.

J’aimerais vous dire que j’ai aimé ce livre, j’aimerais vous dire que l’originalité de ce roman noir m’a fait passée un super moment. Mais ce n’est pas le cas, je n’ai pas été transporté par le style de l’auteur. Mais à la limite, cela n’est pas trop grave, tous les livres ne sont pas faits pour nous. En revanche, il y une chose que je ne peux pas laisser passer : l’inexactitude. Etant une grande passionnée de la famille Kennedy, j’ai regardé des dizaines de reportages, j’ai lu des livres, j’ai décortiqué le site de la JFK Library etc. Il y a tellement de choses à connaître sur cette famille complexe qu’il y a toujours de nouvelles choses à découvrir. Mais en ce qui concerne les faits « basiques », je pense tout de même avoir des connaissances solides. Par exemple, Joe Jr, le grand frère de JFK, est mort dans l’explosion de son avion le 12 août 1944. Le 12. Pas le 11, pas le 13, pas à la Saint-glinglin. Pour être certaine que ma mémoire ne me joue pas des tours, j’ai bien évidemment vérifier dans les documents de la JFK Library (source que je qualifierais de 99,99999% fiable). Dans le livre, il est écrit que Joe est mort le 13 août. Loupé. Certains pourraient considérer cela comme un petit détail. Pas moi. Surtout qu’il est écrit que son avion a explosé au-dessus de la Manche. Encore une fois, c’est loupé. L’avion de Joe Jr n’avait même pas fini de survoler l’Angleterre. Encore une fois, petit détail ? Pas vraiment, car si quelqu’un qui ne s’intéresse pas forcément aux Kennedy lit ce livre, il va croire ce qui est écrit. L’auteur n’a peut-être pas voulu rentrer dans les détails pour ne pas rendre son récit trop lourd. C’est compréhensible, mais dans ce cas-là autant dire que son avion a explosé point barre.

Marilyn elle-même me demandait souvent : « Pleurerais-tu si je devais mourir ? Moi je ne vis que pour que pour les gens qui pleureraient ma mort si je devais mourir. Et je ne connais pas ces gens. » Et elle éclatait de rire.
Nous écoutions ensemble le Camelot de Lerner, et elle me disait : « Je voudrais refaire un bébé avec toi. On le garderait celui-là ! Hein ? D’accord ? »

Un autre détail m’a chiffonné, pour ne pas dire qu’il m’a profondément agacé : l’histoire avec Marilyn. Beaucoup d’historiens s’accordent aujourd’hui à dire que JFK ne s’est jamais laissé prendre au jeu de Marilyn. Il savait qu’elle avait quelques problèmes d’ordres psychologiques et il avait beaucoup trop à perdre pour tomber dans ses filets. Dans American Requiem, la relation entre John F. Kennedy et Marilyn Monroe ressemble à une histoire d’amour tragique. Ils s’aimaient, auraient voulu avoir des enfants ensembles, mais il ne pouvait pas. Car il était le président, car il était marié à Jackie (dont je reparlerais après d’ailleurs), car il ne pouvait pas, c’est tout. Mais c’est quoi ce délire ??? On tombe tellement dans le cliché du couple mythique, glamour mais malheureux. J’hésite entre exploser de rire ou planquer ce livre dans un carton au fin fond de mon grenier. Je suis bien d’accord que cette histoire doit avoir un petit côté romancé, un petit côté fictionnel pour le rendre plus attractif pour le lecteur. C’est bien normal. Mais de là à écrire une telle histoire… J’en reste perplexe. JFK et Marilyn ne sont pas les amants maudits du Vérone des temps modernes. Après, chacun a ses opinions et le droit de les défendre. La chose qui me dérange c’est que la frontière entre la fiction et la réalité est très mince dans ce livre, donc tous les faits peuvent êtres considérés comme véridiques par le lecteur. Il ne faut donc pas oublier son sens critique lorsqu’on lit ce livre (ni n’importe quel autre d’ailleurs). Enfin, j’ai été un peu choqué par l’absence de Jackie. Je sais bien que JFK n’a jamais oublié ce premier amour que fut Inga. Mais de là à passer sous silence ses quelques onze années de mariage avec Jackie… C’est un petit peu gros. Il n’était peut-être pas épris d’amour pour elle, mais de là à penser qu’elle était insignifiante, je trouve ça légèrement abusé.

American Requiem – Jean-Christophe Buchot

Enfin bref, oublions tous ces petits détails historiques pour parler du style d’écriture. Malheureusement, je n’ai pas accroché. J’ai trouvé qu’il y avait trop de répétitions. Le grand frère, Joe Jr, ou le fils, Patrick, reviennent souvent sur le tapis et on lit toujours la même chose à leur sujet. C’est un peu lassant. Tout comme la phrase Aujourd’hui je suis mort qui revient très très souvent. Dans le résumé, il est écrit que « ce roman noir tient tout autant de la poésie que de l’essai ». Etant donné que la poésie et moi, ça fait 7864, j’imagine que je n’ai pas compris tout l’univers poétique de l’auteur. Cela dépendra de chaque lecteur et je ne doute pas que de nombreuses personnes apprécieront cette plume. Pour ma part, je n’ai pas été emballée et je dirais même que le récit me semblait parfois confus. Par exemple, JFK parle de sa mort puis il divague sur un autre sujet, puis il revient sur l’instant de sa mort avant de repartir sur autre chose….. Help, je ne comprends plus où j’en suis. Il m’est arrivé de perdre le fil pendant ma lecture. C’est sûrement parce que je reste insensible à ce genre d’écriture poétique.

Mais pour finir sur une note positive, je me dois de souligner la beauté des illustrations. Ce sont souvent des photos célèbres de Kennedy reprises sous forme de dessin et retravaillées avec quelques collages par exemple. Je crois que mon illustration préférée est celle du soldat japonais, qui prend une double page. Je l’ai trouvée splendide ! Ces quelques dessins viennent renforcer le côté sinistre de ce livre et ils nous plongent dans un autre univers.

En résumé, je suis loin d’être conquise par ce livre. J’ai relevé quelques inexactitudes historiques qui m’ont fait tiquée. Mais, même sans cela, je n’ai pas accroché au style de l’auteur qui est beaucoup trop poétique pour moi. Un autre lecteur saura apprécier cette plume qui nous emmène dans l’au-delà à la rencontre d’un Président qui fascine toujours autant, plus de cinquante ans après sa mort. Je ne regrette pas d’avoir lu ce roman, car je retiens tout de même l’originalité du scénario.

Note : 6/20
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C’est en 1943, dans le Pacifique sud, que j’ai tué mon frère.

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