Résumé :
Nous sommes devenus des monstres.
On pourrait s’en affliger.
Mieux vaut en rire.
Nous sommes bien loin ici des souvenirs émus qu’avaient donné l’exceptionnel « La petite fille de Monsieur Linh » et le non moins excellent et plus récent « L’arbre du pays Toraja »…
L’auteur livre tout de go les dérives du monde actuel, celles de la société française des années 2015 en l’occurrence. À travers un ramassis de considérations absurdes, de délires insensés qui frôlent l’avilissement, l’auteur accuse l’humanité de se laisser porter, sans foi ni loi, dans les méandres vils et malsains et par là même dans les coulisses d’un monde où l’on se livre à la pornographie déliquescente, à des situations grotesques sans s’imaginer l’impact de celles-ci sur l’âme humaine puisqu’elle est à présent bafouée, abîmée… Un monde de pacotille qui vit sous le joug de l’égocentrisme et l’inhumanité.
Pour ne citer qu’un passage sordide : un type se rend chez sa mère et, après avoir pris de ses nouvelles à la hâte, la tue en lui assénant des coups au moyen d’une statue de la Vierge en bronze et opaline qui trônait sur sa table de nuit…
Je me bornerai donc à ne donner qu’un avis succinct puisque, fondamentalement, il n’est guère utile de s’éterniser sur cet opus dont la valeur littéraire laisse à désirer. Je dirai simplement que ma déception est très grande et qu’après avoir refermé ce livre, je me hâterai vers les œuvres citées plus haut afin de les relire et de n’imprégner du style de l’auteur que j’ai apprécié maintes fois…
L’auteur nous assomme de son amertume quant à la dégringolade de la société actuelle, mais plutôt que nous guider vers des solutions pour retrouver la quiétude, ou à tout le moins un peu de sérénité, il se renfrogne et diffuse sa sinistrose par des touches d’humour, pense-t-il…
Je terminerai en disant : si vous n’avez jamais lu Claudel, plongez-vous dans ses romans plus anciens et ô combien magnifiques qui méritent de s’y attarder mais ici faites un virage à 180° pour fuir ce pétage de plombs certes inattendu mais indigeste…
« Nous avions tiré à la courte paille et c’est lui qui avait gagné le premier mois d’esclavage sexuel. J’ai gardé l’urne en attendant. Nous l’avons accueillie le mois suivant. Ma femme et moi lui avons tout fait faire. Sodomie. Urologie. Zoophilie. Dressage. Puis nous nous sommes lassés. On se lasse de tout. »
Inhumaines par Philippe Claudel, éd. Stock
Date de parution : 1/3/2017