Alors que l'instant d'avant, je me sentais abattu et que pour la première fois depuis longtemps, je cru que la fin était proche, je sentis un changement dans l'air. Sans qu'elle ait eu besoin de parler, Lale venait de me faire comprendre qu'elle avait trouvé une issue de secours. A force de la côtoyer jour après jour, certains signes infimes, un redressement des épaules, une foulée qui s'allonge, une respiration qui se calme. Des détails insignifiants, mais qui m'amenèrent à la suivre.
Rapidement, elle prit un peu d'avance. Je lui emboitais " le pas " sans comprendre où elle voulait nous emmener. Mais je n'avais pas d'autres choix. On se dirigeait tout droit vers le flanc d'une falaise. Elle accéléra, j'augmentais le rythme. Je ne devinais toujours pas et regrettais presque de lui avoir fait confiance.
Alors que le stress montait, je distinguais enfin, un petit passage. Une minuscule anfractuosité qui allait nous sauver la mise. Lale se glissa la première à l'intérieur, je la talonnais de près. Yael arriva le dernier, à toute vitesse. Il bondit entre les deux parties de la roche. Un millième de seconde avant que le licre ne s'élance lui aussi et se fracasse en grognant. Un millième de seconde qui lui aurait été fatale. La seule chose, qu'il perdit ce jour-là fût sa chaussure droite.
Pendant un petit moment, on n'entendit que le bruit de nos trois respirations, saccadées, qui tentaient vainement de se calmer. Collés à la paroi, on ne pouvait pas esquiver un seul geste.
" - C'est pas passer loin... , soupirais-je
- Les gars me refaitent plus jamais ce coups-là ! J'ai cru que vous aviez purement et simplement disparu ..., s'exclama Yael.
- Je te comprends. Moi-même au départ, je n'aurais jamais pu penser qu'il y avait un passage. Comment tu l'as su Lale ?
- Le mois dernier, quand on a fait un ratissage pour vérifier qu'aucun espion des Intrants ne se trouvait là, on a découvert cette grotte avec Léon. On s'était dit de refaire un tour mais avec la chasse, et tous les autres problèmes du clan, j'ai complétement oublié de revenir. Heureusement que je me suis rappelée du chemin ! ".
Tout en parlant, elle s'enfonça dans la grotte. On la suivit. Tâtonnant les murs humides, le temps que nos yeux s'adaptent à l'obscurité. Je craignais d'abord, qu'on ne se perde, mais il n'y avait qu'un seul boyau. Le silence s'était fait naturellement. A croire qu'absence de lumière et absence de son étaient synonymes. Je ne puis dire combien de temps, on a erré dans le noir. Des minutes ? Des heures ?
Au bout d'un certain temps, le passage déboucha sur une grotte plus imposante.
" On a pas été plus loin avec Léon. Si on part à droite, on retourne vers la surface ", déclara Lale. En effet, on sentait de l'air frais venir de l'endroit qu'elle nous indiquait du doigt.
" Ou bien, on peut en profiter pour visiter ! ".
Yael et moi acquiescèrent à cette deuxième proposition. Une certaine fierté nous empêchait ainsi de rebrousser chemin. Ainsi qu'une certaine curiosité, celle des explorateurs des temps d'avant, de tout homme. Et on s'enfonça un peu plus, la pente qui descendait, nous fit rapidement comprendre que l'on s'enfonçait sous terre. J'aurais bien proposé de rebrousser chemin, mais je ne voulais pas avouer ma peur. Et comme les deux autres semblaient vouloir continuer, je ne dis rien. Le temps passait. Mon ventre se mit à gronder, ce qui fit rire les deux autres. C'est Yael, qui le premier exprima son souhait de retourner au campement. Lale ne répondis pas et continua sa route. Je jetais un coup d'œil à Yael, qui haussa les épaules. Je ne disais rien, mais moi-même je commençais à en avoir un peu marre. J'allais m'exprimer. Quand je vis un rayon de lumière au loin.