J’avoue que dès les premières pages, je n’ai pas été plus enthousiaste que ça. Cette sordide enquête m’en rappelait d’autres (hello, Larry Watson…) et cet air de déjà-lu ne me disait rien qui vaille, et puis Longmire lui-même me laissait dubitative : je me figurais bien ce grand type un peu lent, cinquantenaire et veuf, à la mélancolie un peu irritante, perpétuellement entouré de femmes protectrices, lui-même ayant une tendance assez marquée à tomber un peu amoureux de chaque créature féminine croisée, quel que soit leur âge… Fort heureusement, Walt a aussi de très bons côtés qui font oublier ses petits défauts : son sens de la justice, son affection pour le peuple Cheyenne, sa compassion pour les animaux. Et puis il est flanqué d’un meilleur ami que je considère comme étant peut-être le véritable héros de la saga Longmire : Henry Standing Bear, patron de bar et philosophe, costaud au coeur tendre et admirable observateur de la nature humaine.
Evidemment, au bout de quatre romans, on peut dire que Longmire est devenu un ami (malgré une fâcheuse tendance à se regarder dans la glace et s’amouracher su premier jupon croisé). Et pas que lui. Outre Henry (mais comment ne pas être admirative de ce gars, franchement ? ), j’avoue un faible marqué pour l’irascible Lucian Connaly, le mentor de Longmire, qui malgré son âge, est toujours capable de tirer plus vite que son ombre. A eux trois, les enquêtes sont résolues en un tour de main. Certains autres personnages m’intéressent moins, et notamment l’insupportable adjointe, Vic, qui jure comme un charretier, tandis que d’autres gagnent à être développés comme la dernière recrue, Santiago. Il y a donc matière à exploiter plein d’autres pistes dans les prochains romans.
La grande force de Johnson, outre cette écriture efficace et son rythme lancinant, c’est cette parfaite connaissance de la vie dans les petites bourgades (et pour cause, l’auteur vit dans le Wyoming), cette admiration non feinte pour la nation Indienne et sa spiritualité, qui me touche tout spécialement et son indulgence sans bornes pour les femmes qui ont toujours le beau rôle dans les enquêtes. Si l’on ajoute son affection pour les bêtes (de beaux passages consacrés en particulier aux chevaux et aux chiens), je dirais que tous les ingrédients sont réunis pour en faire une série plus qu’attachante.
A noter que le premier récit que j’ai lu de Johnson était une nouvelle gratuite, proposée en téléchargement par Gallmeister : un vieux truc indien, j’avais adoré !
Une série a été adaptée des Longmire, je ne sais pas du tout ce que ça vaut…
Plein d’autres avis sur babelio et Keisha.