Résumé :
Deux jeunes filles vont braver leur entourage respectif pour vivre librement
Les filles sont faites pour se marier… Les Noirs et les Blancs ne doivent pas se mélanger… Une fille ne doit pas embrasser une autre fille… Linda ne doit pas aimer Sarah.
Rien que des mensonges?
1959, en Virginie. C’est l’histoire de deux filles qui croient qu’elles se détestent ― parce qu’elles n’ont pas la même couleur de peau et qu’elles ne sont pas nées du même côté.
C’est l’histoire de Sarah et Linda qui croient qu’elles se détestent… mais c’est aussi l’histoire de l’année où tout va changer ― parce que les mensonges des autres vont voler en éclats et que les vies, les coeurs de Sarah et Linda vont s’en trouver bouleversés pour toujours…
Mon avis
Il y a de ces livres que l’on sait d’avance que l’on va aimer au premier coup d’œil, le coup de foudre littéraire quoi ! C’est exactement ce qui m’est arrivé la première fois que j’ai vu ce roman. Outre sa superbe couverture, Des mensonges dans nos têtes m’a aussi attiré par son résumé et sujets qui y sont évoqués . Etant le premier livre que je lis de Robin Talley, je ne m’attendais pas à avoir un tel coup de cœur !
L’histoire prend place en Virginie, en 1959. La cour suprême des Etats- Unis d’Amérique a décrété que la ségrégation n’avait plus sa place dans les écoles publiques. C’est ainsi que le lycée Jefferson est contraint d’accepter en son sein des élèves afro-américains dont Sarah Dumbar et ce, au grand déplaisir de la plupart du corps enseignant et parental. Sarah et ses compagnons vont alors être confrontés à l’accueil haineux que leur réserve leurs camarades blancs au quotidien, entre insultes et autres brimades. Parmi eux se trouve Linda Hairston dont le père est un ségrégationniste pur et dur. Élevée selon l’idée que les noirs sont inférieurs et n’ont pas leur place aux côtés des blancs, Linda verra ses convictions s’ébranler au contact de Sarah. Et si tout ce qu’on lui a inculqué n’était que mensonges?
Dès les premières pages, j’ai été percuté de plein fouet par l’intensité émotionnelle qui se dégage de certaines scènes et leur réalisme. D’entrée de jeu, on est confrontés à la violence du traitement réservé à Sarah et les autres élèves afro-américains. Autant dire que l’auteur ne prends pas de pincettes pour décrire l’atrocité de la chose. J’ai été à la fois horrifiée, indignée et dans une totalement incompréhension face aux préjugés de l’époque, même si je pense que l’auteur est encore loin de la dure réalité. Au fil des pages, le récit nous donne matière à réflexion. On se remet en question et on se demande alors qu’elle aurait été notre conduite si l’ont s’était retrouvés à la place de Sarah ou Linda. Aurions-nous eu le courage d’endurer les humiliations morales et physiques en tant que personne noire? Et en tant que personne blanche, aurions-nous eu des propos racistes pour se conformer à la société tels de simples suiveurs? C’est, entre autres, le genre de questions qui m’ont traversé l’esprit durant ma lecture.
L’auteur aborde par ailleurs un autre sujet délicat, à savoir l’homosexualité. Si la différence de couleur de peau constituait à l’époque un tabou à elle seule dans les relations amoureuses, le fait d’être en plus attiré par une personne de même sexe était considéré comme une tare en soi. Sans mettre de nom sur la nature de leurs sentiments, Sarah et Linda vont, à leur manière, briser les barrières raciales, sociales et morales. J’ai de suite accroché aux deux personnages principaux même si Linda a tout de la peste raciste de prime abord. Bien que tout semble les opposer, on prend conscience qu’au fond elles ont plus en commun que ce qu’elles croient.
Sarah est une jeune fille belle, intelligente et très soucieuse du bien être de son entourage, en particulier sa petite soeur Ruth. J’ai vraiment été admirative de sa force de caractère et sa dignité face à tout ce qu’elle endure au lycée. Linda est, quant à elle, la fille populaire, belle et talentueuse mais contre l’intégration au même titre que son père. Toutefois, lorsque les deux jeunes filles vont être obligées de travailler ensemble, leur vision des choses va peu à peu commencer à changer. Les certitudes laisseront la place aux doutes et les préjugés seront remis en question. Sarah et Linda vont ainsi apprendre à réfléchir par elles-mêmes sans tenir compte de l’opinion publique. Leur évolution m’a vraiment plu et j’avais hâte d’en voir le dénouement final.
La plume de l’auteur est très plaisante et addictive. Son style est fluide et pour le moins incisif. La narration à la première personne donne la parole à tour de rôle à Sarah et Linda. C’est donc à travers leurs yeux que l’on suit le cheminement de l’histoire. Cette immersion dans leurs pensées intimes permet de mieux les comprendre et éventuellement de s’y identifier. Le découpage des chapitres rend la lecture d’autant plus dynamique, si bien que j’ai terminé ce livre en une journée.
En bref, Des mensonges dans nos têtes est un premier roman réussi de la part de Robin Talley. Ce livre destiné à un public young adult nous offre une belle leçon de courage et de tolérance, à travers un récit émouvant et percutant, le tout porté par des personnages authentiques et humains. Je serai curieuse de lire d’autres romans de l’auteur si l’occasion m’est un jour offerte !