Z comme Zorglub… mais aussi Zandra!

Z comme Zorglub… mais aussi Zandra!

La fille du Z (Jose Luis Munuera – Editions Dupuis)

Zandra, 16 ans et demi, est une adolescente tout ce qu’il y a de plus normale. Du moins en apparence. Car au moment précis où elle embrasse André, le garçon avec lequel elle vient d’aller voir « Starbattle XI » au cinéma, un rayon de lumière les éclaire subitement, tandis qu’une voix grave s’exclame: « Eh, toi, imbécile, on ne touche pas à la fille! » Immédiatement après, une armée de robots se lance à la poursuite des deux ados, en détruisant tout sur leur passage. « Ce sont les Martiens qui nous envahissent? », se demande André. « Bien pire que ça: mon père », lui répond Zandra. Effectivement, cette jeune fille aux cheveux roses n’est autre que la fille de Zorglub, le scientifique un peu fou (et surtout très gaffeur) connu de tous les lecteurs de « Spirou et Fantasio ». Un Zorglub dont on découvre qu’il a une fâcheuse tendance à surprotéger sa petite fille chérie… particulièrement lorsque celle-ci a la mauvaise idée de vouloir sortir avec un petit ami. Ou plutôt un « prédateur », comme le décrit Zorglub, qui semble décidément peu enclin à laisser un peu de liberté à Zandra. Et tant pis s’il doit détruire la moitié de la ville pour ramener sa fille de force dans leur base secrète! Le hic, c’est que les frasques du génial inventeur ne passent pas inaperçues. Résultat: l’armée lui rend une petite visite inattendue. Quant à André, il se retrouve transporté malgré lui vers la base de Zorglub et Zandra. C’est le début d’une aventure trépidante et pleine de rebondissements, dans laquelle on va découvrir la vérité sur la naissance de la fille du Z!

Z comme Zorglub… mais aussi Zandra!

Apparemment, Jose Luis Munuera n’est pas du genre à renoncer rapidement. Quand on le fait sortir par la porte, il revient par la fenêtre! Malgré l’accueil mitigé reçu par ses quatre albums de la série « Spirou et Fantasio », le dessinateur espagnol revient à la charge avec une nouvelle série centrée sur le personnage de Zorglub, l’inventeur mégalo créé par Franquin et Greg dans « Z comme Zorglub » en 1959. Et ça marche! Alors qu’on pouvait s’attendre au pire, on découvre avec plaisir que Munuera semble bien plus à l’aise dans cette série dérivée que dans la série mère. Au début de l’album, l’auteur espagnol se permet même une séquence pleine d’autodérision sur la déferlante de spin-offs, de remakes, de suites, de préludes et d’hommages dans le monde du cinéma et de la BD. Il fallait oser! D’emblée, le ton est donné: tout au long des 64 pages de l’album, Munuera multiplie les dialogues savoureux et les scènes d’action débordantes d’énergie, en mélangeant d’un côté une histoire d’aventure assez classique dans la veine de « Spirou et Fantasio » et de l’autre côté une comédie de situation au ton beaucoup plus contemporain autour de la relation d’amour-haine entre Zorglub et sa fille adolescente. C’est ce mélange qui fait toute la réussite de l’album, la relation père-fille étant au moins aussi captivante que les courses-poursuites avec les robots. Munuera parvient à donner une toute nouvelle dimension à Zorglub, dont on savait déjà qu’il était un faux méchant, mais dont on découvre qu’il est également un papa-poule aussi maladroit qu’attachant! La réussite de l’album tient bien sûr aussi à la personnalité de Zandra, pour laquelle Munuera s’est inspiré de ses trois filles, âgées de 4 à 18 ans. « Je connais bien le comportement des adolescentes », sourit-il. « Je suis attentif à leurs préoccupations, ce qu’elles consomment, ce qu’elles regardent à la télé, comment elles parlent. Autrement dit, comment elles cherchent à devenir des femmes. C’est aussi un des sujets de La fille du Z. » Mission accomplie donc pour ce premier album de la nouvelle série « Zorglub ». Et ce n’est pas Victor, mon neveu de 10 ans, qui me contredira. Quand je lui ai donné l’album pour lui demander ce qu’il en pensait, il l’a relu trois ou quatre fois au cours de la même journée. Un signe qui ne trompe pas!