Ginny Moon de Benjamin Ludwig, paru en mai 2017 chez Harper Collins
On a été gâtées par Babelio ces temps-ci et c’est donc le second ouvrage que nous avons reçu grâce à eux que je vous présente aujourd’hui. Ayant été Assistante de Vie Scolaire pendant un an, c’est le thème du livre et les premières critiques que j’ai pu en lire qui m’ont intriguée. En voici donc quelques lignes, pour vous donner envie à votre tour.
Pour la première fois de sa vie, Ginny Moon a trouvé sa Maison-pour-Toujours – un foyer avec une famille aimante qui saura la protéger et l’entourer. Le foyer dont n’importe quel enfant adopté pourrait rêver. Alors pourquoi cette adolescente de 14 ans cherche-t-elle à tout prix à se faire kidnapper par sa mère biologique, incapable de s’occuper d’elle ? Pourquoi Ginny veut-elle absolument retourner dans cet appartement où elle a failli mourir ?
C’est une adolescente comme les autres – elle joue de la flûte, s’entraîne pour le tournoi de basket de l’école et étudie les poèmes de Robert Frost –, à un détail près : elle est autiste. Et certaines choses sont très importantes pour elle : commencer sa journée avec précisément neuf grains de raisin, chanter sur Michael Jackson (son idole), manger de la pizza au bacon et aux oignons et, surtout, retrouver sa mère biologique pour pouvoir s’occuper de sa Poupée, qui court un grand danger.
Avec les moyens limités et pourtant redoutables d’une enfant enfermée dans son monde intérieur, Ginny va tout mettre en œuvre pour la sauver.
Les premières critiques que j’ai pu en lire disaient que la force de ce roman était que l’on nous présentait cette jeune fille autiste d’un point de vue inédit. Le narrateur est Ginny Moon, elle nous fait vivre sa vie avec ses yeux, ses sensations et sa réalité. C’est ce point de vue qui m’a attirée et donné envie de le lire. J’avais tout de même des appréhensions, notamment sur certains clichés qui risqueraient de gâcher un peu le tout.
Des petits goodies en prime ! Merci Harper Collins !
Mais que nenni ! Au placard les aprioris ! Je me suis retrouvée happée par cette histoire prenante et touchante, sans aucune mièvrerie ni clichés. On entre complètement dans la peau de Ginny Moon, l’identification peut se faire parfaitement, que l’on soit adolescent ou adulte, autiste ou non. La maladie de la jeune fille n’est pas ce que l’on retient de ce roman. Je ne dirais pas que c’est occulté, mais cela devient un élément « normal », juste comme un trait de caractère de l’adolescente. Bien sûr, cela nous donne un aperçu de ce qu’est être enfermé dans l’autisme (en tout cas une certaine forme d’autisme, car il y en a des aspects beaucoup plus sombres), ainsi que ce qu’est vivre au quotidien avec un autiste. Mais c’est tellement bien écrit que ça ne paraît pas être le thème prédominant du livre.
Ce que nous montre benjamin Ludwig, père lui-même d’une adolescente autiste qu’il a adoptée, c’est que ce n’est pas une maladie à craindre (comme ça l’est encore souvent aujourd’hui). Que l’on peut s’adapter, qu’il faut changer son mode de communication et rester très ouvert.
Le fond de l’histoire en lui-même est aussi très prenant. Au-delà de l’aperçu de la vie d’une autiste au quotidien, c’est surtout l’obsession qu’a Ginny Moon de récupérer sa Poupée, laissée dans son ancienne maison, qui nous touche. C’est une idée fixe dont elle ne peut se défaire. Mais que les adultes ne comprennent pas et s’obstinent à vouloir lui offrir une autre poupée. Dans ce roman, tout réside sur la communication. On s’aperçoit progressivement que la demande de Ginny est légitime et que les problèmes ne doivent pas lui être mis entièrement sur le dos. On se rend compte que beaucoup d’erreurs ou de « bêtises » faites par Ginny ne sont en réalité pas forcément dû à elle-même, mais à la difficulté de transmission d’informations ou de règles par les adultes.
Au final, malgré certaines actions parfois difficiles à comprendre du point de vue d’un adulte non autiste, on se range du côté de Ginny et on adopte sa logique, que l’on n’aurait pourtant pas suivie autrement. On comprend le cheminement de pensée de la jeune fille et on ne peut qu’y adhérer.
Une seule petite déception (qui n’est pas un point négatif pour autant) : j’aurais aimé poursuivre l’aventure avec Ginny et la famille Moon plus longtemps, continuer à voir leur évolution.
C’est un roman réellement intéressant, prenant, efficace, et drôlement bien écrit. Chapeau pour un premier ouvrage !
Merci à Babelio et aux éditions Harper Collins pour cette belle découverte.
Le récap’
Points positifs :
- Un roman accessible à tous, sans distinction d’âge ou de maladie.
- Une vision nouvelle sur l’autisme, l’acceptation de cette maladie et les modes de communication à adopter.
- Un narrateur et un écrivain hors pair.
Point négatif :
- Je veux une suite, je veux savoir comment se débrouille Ginny avec sa famille !
Bonne lecture les loulous !