J'ai découvert l'existence d'Anne Percin par hasard, s'il m'en souvient bien, et ses précédents romans, destinés à des publics tantôt adulte, tantôt adolescent, m'ont souvent beaucoup enthousiasmée (mention spéciale au Premier été qui m'avait éblouie). Elle revient avec Sous la vague, un titre aussi énigmatique que la couverture, qui titille la curiosité...
Libres pensées...
En 2011, Bertrand Berger-Lafitte possède une propriété dans le cognac qui est sur le point de lui échapper, la faute à de piètres résultats, à l'acharnement du conseil d'administration à vouloir délocaliser, avec en première ligne, son ex-femme Marjorie, et à son actionnaire majoritaire, Bernard, qui menace de vendre ses parts à un acquéreur étranger.
Alors que le monde est secoué par la catastrophe nucléaire qui frappe le Japon, Bertrand perd peu à peu le contrôle de sa vie, perturbé par des rêves qui l'assaillent depuis qu'il a renversé une biche sur la route, et par les événements qui le touchent personnellement, notamment l'annonce de la grossesse d'Olivia, sa fille de 16 ans. Auprès de lui, Eddy, son chauffeur et homme de main, agit mystérieusement, et est bientôt le seul auquel Bertrand se fie.
Sous la vague est une sorte de chronique sociale dans les lignes de laquelle on se laisse emporter très rapidement. Au coeur du récit, les rêves et hallucinations de Bertrand, ses relations parfois tumultueuses avec son entourage, et la figure énigmatique de Eddy, qui est insaisissable.
En toile de fond, l'agitation sociale et les craintes des ouvriers travaillant à l'usine dont Bertrand est à la tête, qui craignent de voir leurs emplois transférés à l'étranger, et le choc de Fukushima. La période est suffisamment récente pour que le récit semble au lecteur très actuel, tout comme les problématique qu'il aborde au travers de la famille Berger-Lafitte, qui porte dessus un point de vue particulier, puisqu'ils ont beaucoup à perdre, mais sont toutefois à l'abri du besoin.
L'auteur entretient habilement le flou entre les rêveries de Bertrand et les scènes réellement vécues, celles de la biche, de la corneille, et les échos qu'elles trouvent dans le quotidien de Bertrand. Bien que l'intrigue soit centrée sur le personnage de Bertrand, les personnages qui l'entourent sont nuancés, y compris ceux avec lesquels il est parfois en franche opposition, comme Marjorie, d'abord présentée par une opportuniste manipulatrice, et qui peu à peu laisse entrevoir son attachement à Bertrand.
Par ailleurs, à mesure que l'intrigue avance, on comprend l'importance du personnage d'Eddy, d'apparence flegmatique et dont on sait peu de choses, mais dont on devine des agissements en secret.
Parvenue à la fin du roman, je suis toutefois restée sur ma faim, sans sentiment d'achèvement ou de satiété, et c'est là un bémol que j'apporte à mon appréciation de l'oeuvre.
Anne Percin prouve cependant une fois de plus sa maîtrise du récit et sa compréhension des états d'âme humains, dans un récit somme toute assez prenant.
Pour vous si...
Morceaux choisis
"C'était curieux, se dit-il, qu'on assimile le célibat à la liberté. Pour lui, il avait plus de ressemblance avec la prison."
"Il n'était pas encore prêt, ce n'était pas la bonne personne. C'était probable... bien qu'à son sens, plus vrai encore était le fait qu'il n'existât probablement pas de bonne personne. Ni pour lui, ni pour quiconque. Il n'existait que de belles erreurs, qui parfois duraient des années. Des illusions, des rêves, des mensonges, des espoirs montés les uns sur les autres en piles hasardeuses, hautes comme des pièces montées, qui un beau jour s'écroulaient parce que le caramel avait fondu et qu'on avait cessé d'y croire."
Note finale2/5(pas mal)
Libres pensées...
En 2011, Bertrand Berger-Lafitte possède une propriété dans le cognac qui est sur le point de lui échapper, la faute à de piètres résultats, à l'acharnement du conseil d'administration à vouloir délocaliser, avec en première ligne, son ex-femme Marjorie, et à son actionnaire majoritaire, Bernard, qui menace de vendre ses parts à un acquéreur étranger.
Alors que le monde est secoué par la catastrophe nucléaire qui frappe le Japon, Bertrand perd peu à peu le contrôle de sa vie, perturbé par des rêves qui l'assaillent depuis qu'il a renversé une biche sur la route, et par les événements qui le touchent personnellement, notamment l'annonce de la grossesse d'Olivia, sa fille de 16 ans. Auprès de lui, Eddy, son chauffeur et homme de main, agit mystérieusement, et est bientôt le seul auquel Bertrand se fie.
Sous la vague est une sorte de chronique sociale dans les lignes de laquelle on se laisse emporter très rapidement. Au coeur du récit, les rêves et hallucinations de Bertrand, ses relations parfois tumultueuses avec son entourage, et la figure énigmatique de Eddy, qui est insaisissable.
En toile de fond, l'agitation sociale et les craintes des ouvriers travaillant à l'usine dont Bertrand est à la tête, qui craignent de voir leurs emplois transférés à l'étranger, et le choc de Fukushima. La période est suffisamment récente pour que le récit semble au lecteur très actuel, tout comme les problématique qu'il aborde au travers de la famille Berger-Lafitte, qui porte dessus un point de vue particulier, puisqu'ils ont beaucoup à perdre, mais sont toutefois à l'abri du besoin.
L'auteur entretient habilement le flou entre les rêveries de Bertrand et les scènes réellement vécues, celles de la biche, de la corneille, et les échos qu'elles trouvent dans le quotidien de Bertrand. Bien que l'intrigue soit centrée sur le personnage de Bertrand, les personnages qui l'entourent sont nuancés, y compris ceux avec lesquels il est parfois en franche opposition, comme Marjorie, d'abord présentée par une opportuniste manipulatrice, et qui peu à peu laisse entrevoir son attachement à Bertrand.
Par ailleurs, à mesure que l'intrigue avance, on comprend l'importance du personnage d'Eddy, d'apparence flegmatique et dont on sait peu de choses, mais dont on devine des agissements en secret.
Parvenue à la fin du roman, je suis toutefois restée sur ma faim, sans sentiment d'achèvement ou de satiété, et c'est là un bémol que j'apporte à mon appréciation de l'oeuvre.
Anne Percin prouve cependant une fois de plus sa maîtrise du récit et sa compréhension des états d'âme humains, dans un récit somme toute assez prenant.
Pour vous si...
- Vous êtes un grand amateur de la rubrique des chiens écrasés.
- Vous pensez d'ailleurs qu'il faut sauver Bambi.
Morceaux choisis
"C'était curieux, se dit-il, qu'on assimile le célibat à la liberté. Pour lui, il avait plus de ressemblance avec la prison."
"Il n'était pas encore prêt, ce n'était pas la bonne personne. C'était probable... bien qu'à son sens, plus vrai encore était le fait qu'il n'existât probablement pas de bonne personne. Ni pour lui, ni pour quiconque. Il n'existait que de belles erreurs, qui parfois duraient des années. Des illusions, des rêves, des mensonges, des espoirs montés les uns sur les autres en piles hasardeuses, hautes comme des pièces montées, qui un beau jour s'écroulaient parce que le caramel avait fondu et qu'on avait cessé d'y croire."
Note finale2/5(pas mal)