Après plusieurs déconvenues, Titine a pris peur : "mes livres sont cassés" "mon esprit critique est bloqué sur j'aime pas". Le drame quoi. Heureusement, Titine peut toujours compter sur Mimine pour la faire se bouger les fesses et lui faire sortir de bons livres de sa pal. Tous en cœur : MERCI MIMINE ! C'est en lisant la chronique dithyrambique de , d'Allez-vous faire lire (décidément, il n'y en a que pour ce blog en ce moment !) que vos deux hobbits préférés se sont précipités, sous une météo caniculaire, dans les bas-fonds de Six of crows, premier tome de la duologie de Leigh Bardugo. Les neurones en ébullition, la transpiration dégoulinante, elles n'ont reculé devant rien pour vous livrer une chronique digne de ce nom en temps et en heure. Sous la pluie d'ailleurs, pour Titine, c'est le Noooord, que voulez-vous, il fait beau 2 semaines, épicétou.
La chronique du Charmant Petit Monstre
Ketterdam Quartier du Barrel : une ville grouillante de malfrats où tout s'achète si on y met le prix. Ce principe, personne ne l'a fait autant sien que Kaz Bekker, dit "les Mains Sales". Quand le voleur se voit offrir une mission impossible mais qui le rendra riche, il réunit son équipe : un soldat assoiffé de vengeance, un tireur d'élite accro au jeu, un jeune fugueur des beaux quartiers, une espionne défiant les lois de la gravité, et une Grisha aux puissants pouvoirs magiques. Six dangereux hors-la-loi seuls capables de sauver le monde s'ils ne s'entre-tuent pas avant.
(Oui, j'ai carrément manqué d'imagination pour les titres de parties, on ne peut pas toujours être au top, hélas)
À la parution de ce premier tome, je me souviens d' une avalanche d'excellents avis. Avalanche qui a souvent les deux mêmes effets sur moi : je me précipite dans la librairie la plus proche pour me procurer l'ouvrage en question ET je prends peur et mets deux ans à le lire. Bon, stop aux hyperboles, seulement une année dans le cas présent. Cela dit, j'ai beau avoir attendu un bon moment, j'y suis tout de même allée la peur aux chevilles.
Pour ne rien arranger, la canicule avait considérablement ralenti mon rythme de lecture (s'éventer, alanguie dans une chambre plongée dans le noir, une bouteille de glaçon à la main, ça occupe bien) et je suis rentrée dans le roman tel un escargot ivre de chaleur.
Pourtant, quel roman ! Quel univers ! Quels personnages ! En toute honnêteté, je ne me souviens pas avoir lu quelque chose de ce goût-là en littérature de jeunesse. D'ailleurs, rien ne permet vraiment de le classer dans ce "genre", l'âge des personnages n'étant évoqué que brièvement et leur comportement de gosses des rues, débrouillards et ingénieux, les place bien au-dessus du lot. Les six protagonistes sont tous d'origine, de culture, de sexe et de caractères différents. Une telle diversité fait non seulement du bien à voir/lire mais apporte un réalisme bienvenu. Pour les réfractaires à la romance et, pire, au triangle amoureux, soyez rassurés ici, les sentiments sont d'une subtilité exemplaire et parfaitement distillés, c'est encore une fois réaliste et beaucoup plus romantique ! Ici, c'est l'amitié et la loyauté qui dominent. Les héros ont une mission et entendent la mener à bien malgré leurs nombreuses différences et leurs désaccords. J'ai rarement vu/lu un truc pareil.
Ces personnages absolument fantastiques évoluent dans un univers hyper original, entre un Dickens sombrissime (les gosses des rues qui volent pour survivre, les jeunes filles forcées de travailler dans des maisons de passe, les jeux d'argent) et une magie habilement présente. J'ai eu l'impression de reconnaître le milieu, donc pas trop perdue, avec de nouveaux éléments, donc nouveautés. Par contre, j'ai quand même eu u n peu de mal à rentrer dans l'histoire, principalement à cause de la tripotée de noms, de fonctions et de lieux qu'on ne connait pas ou peu et que l'autrice met du temps à nous expliquer. Mais vraiment, en s'accrochant un peu à ses bretelles, on finit par s'en sortir et par prendre vraiment goût aux aventures de cette bande de criminels en herbe.
La narration aide aussi beaucoup à bien s'imprégner. Chaque chapitre = un changement de point de vue, un personnage différent. Du coup, il arrive que l'on assiste à un événement à travers deux regards, deux angles. C'est fascinant et extrêmement bien joué (et pas redondant du tout). Et, au milieu de l'intrigue principale, du temps présent, nous en apprenons chaque fois un peu plus sur le passé des Six et sur le comment du pourquoi ils en sont tous arrivés là. Et pour des ados de 15-16 ans, ils en ont déjà vu pas mal, les pauvres ! (mais que font les services sociaux ?!).
Après un début un peu difficile, impossible de lâcher ce bouquin. Je suis totalement émerveillée par le talent de Leigh Bardugo, que je ne connaissais pas du tout avant. L'univers qu'elle a créé (et que j'ai comparé dans un C'est lundi à celui de Jean-Philippe Jaworski, ce qui n'est pas rien, tout de même) est sombre et brumeux et ses personnages, ces vauriens dangereux, diablement attachants. Ça fait vraiment plaisir à mon petit cœur d'ancienne étudiante en littérature de jeunesse de lire de la fantasy de si bonne qualité (c'est quasi à la hauteur de La passe-miroir, voyez le tableau) (j'peux pas faire mieux comme compliment, là) et je ne devrais pas tarder à aller me procurer le deuxième et dernier tome, tant j'ai hâte de retrouver le groupe des six.