"Charlie, 17 ans : sous la vague de Charlie Hebdo" de Nina Frey


Chers lecteurs,

Dans un premier temps réticente à l'idée de me replonger dans l'horreur qui a bouleversé nos vies en janvier 2015 et après avoir discuté avec l'auteure sur les raisons de mon refus de base de lire un roman traitant sur les attentats en France, je me suis laissée tenter. Peut-être parce que du temps à passer, peut-être parce que j'étais prête. Je ne sais pas, mais après lecture, je suis heureuse d'avoir franchi le cap.

Pendant 165 pages, l'auteure nous replonge dans l'horreur des 3 jours qui ont marqué les esprits des français à jamais. Nous sommes le mercredi 7 janvier 2015. Charlie Hebdo n'est plus. Nous sommes dans la peau de Charlie et Sami, deux jeunes lycéens de 17 ans. Que se passe-t-il alors lorsque vous portez le prénom d'un journal satyrique ou que vous êtes musulman ? Entre moqueries et accusations gratuites, union et division. Tout est traité, tout est dit.

Chers lecteurs, avant tout, j'aimerais vous faire part de mon témoignage par rapport à ce que j'ai ressenti cette époque. Je m'en souviens comme si c'était hier...

Pendant ces trois jours et même au-delà, j'ai eu les épaules et le dos bloqués car je n'arrivais pas à exprimer ce que je ressentais au fond de moi sans cracher ma révolte et le fait que je n'arrivais pas non plus à exprimer le fait que je n'étais pas Charlie Hebdo. Je ne voulais pas être associé à ce journal ni marcher le dimanche d'après. Parce que nous étions une France faussement unie et qu'en réalité nous étions tous divisés ayant chacun nos propres pensées et accusations. Aujourd'hui, tout est clair dans ma tête pour en parler sereinement et sans l'appréhension d'être jugée ou incomprise. J'ai refusé de suivre la plupart des français - peut-être aussi parce qu'habituellement je me plie difficilement à ce qu'il faut faire - et je ne le regrette absolument pas sauf qu'aujourd'hui, je saurai en expliquer calmement les raisons.

Et puis, toujours ces questions qui me taraudent : et si nous étions tous innocents et coupables à la fois ? Sommes-nous toujours ou encore Charlie plus de deux ans après ? Sommes nous vraiment ceux que nous étions en 2015 ? Et aujourd'hui, avons-nous peur de demain ? Nos enfants sont-ils déjà habitués à vivre avec des fous qui nous côtoient ? Et si demain n'existait plus ?

La lecture de ce roman a été comme une délivrance intérieure. Je conseille donc ce roman à tout ceux qui comme moi, ont refusé ou n'étaient pas prêts à se replonger dans ce qui allait devenir au fil des mois et des années, un acte répétitif.


PRIX DU MEILLEUR ROMAN INDÉ 2017

COUP DE COEUR DE LA RÉDACTION - INDÉ AWARDS

" Je m'appelle Charlie. Oui. Je sais ce que vous vous dites. Exactement comme les 66 millions de français, et le bon milliard de nos soutiens à l'International. Je m'appelle Charlie, sauf que moi c'est pour de vrai. "
Charlie Legendre, a 17 ans. Elle n'a jamais compris pourquoi ses parents l'avaient appelée Charlie. Sauf que le 7 janvier 2015, son prénom se fait l'écho du drame qui vient de se produire. Sami Bensouda a 17 ans aussi, et l'évènement le plonge au coeur d'une société en quête d'elle même, et de ce "nous" rendu si fragile.
Alors, face aux réactions de leurs proches et amis, l'un comme l'autre ils vont tenter de faire face à la violence de l'instant, et à la question brûlante de l'"Après-Charlie"
"Putain, personne n'a l'air de comprendre... Moi je détestais Charlie Hebdo, je détestais leurs caricatures, mais je ne peux pas le dire, je ne veux pas que ce soit mal interprété. Je défends la liberté d'expression merde, est-ce que c'est interdit de ne pas aimer ce qu'ils faisaient ? hein ?
"Et puis on a l'impression que tout le monde se réveille aujourd'hui ! Mais ils étaient où ces 10 dernières années, à soutenir Charlie peut-être ?!"

Nina, je te remercie !
sOnia.