Depuis ma lecture ô combien décevante d'Au fond de l'eau, je suis à la recherche d'un thriller qui fera son taf de thriller, à savoir me retourner la tête, me faire tourner les pages frénétiquement et me surprendre à la fin. Du coup, je teste, je cherche, je consulte ma pal comme si elle pouvait me répondre et me conseiller. Cette fois-ci, j'ai fait confiance aux éditions Les Escales, qui me déçoivent rarement et au bandeau accrocheur de la couverture. Est-ce que j'ai eu raison ? Moui...
Un agent littéraire, Peter Katz, reçoit un manuscrit intitulé Jeux de miroirs qui l'intrigue immédiatement. En effet, l'un des personnages n'est autre que le professeur Wieder, ponte de la psychologie cognitive, brutalement assassiné à la fin des années quatre-vingt et dont le meurtre ne fut jamais élucidé. Se pourrait-il que ce roman contienne des révélations sur cette affaire qui avait tenu en haleine les États-Unis ?
Persuadé d'avoir entre les mains un futur best-seller qui dévoilera enfin la clef de l'intrigue, l'agent tente d'en savoir plus. Mais l'auteur du manuscrit est décédé et le texte inachevé. Qu'à cela ne tienne, Katz embauche un journaliste d'investigation pour écrire la suite du livre. Mais, de souvenirs en faux-semblants, celui-ci va se retrouver pris au piège d' un maelström de fausses pistes.
Moui... Ma lecture a démarré sur les chapeaux de roue. La première partie, où l'agent littéraire, Peter Katz, lit le manuscrit reçu, est passionnante. Cette partie, où est décrite la relation étrange qui unit deux étudiants et leur prof, un illustre psychologue un peu cinglé, permet de bien sentir monter la pression vers une conclusion sinistre. Hélas, le récit s'arrête très brusquement (Peter n'a reçu que les premières pages du futur roman) et s'en suit alors, avec deux changements de point de vue, l'enquête d'autres personnages, John et Roy, pour, non seulement découvrir la vérité sur "l'affaire" et le reste du manuscrit de l'auteur maintenant mort et enterré.
C'est à partir de ce moment-là que mon intérêt a commencé à décroître. Le roman opère un glissement du thriller vers le contemporain. Pas que ce soit une mauvaise chose en soit, vous savez que j'aime beaucoup les contemporains, mais assez logiquement, la pression et l'attente pour de fabuleuses révélations finissent par disparaître presque totalement. Étonnamment, j'ai aussi trouvé que la plume de l'auteur perdait en qualité d'une partie à l'autre. Autant, la "reproduction" du fameux manuscrit est vraiment agréable à lire, autant les autres parties m'ont semblé plus poussives.
Au niveau de l'intrigue, c'est la même chose. Si ça démarre bien, le fait que tout le monde soit suspect à un moment ou à un autre entraîne une distanciation et une impression persistante de fouillis. On finit par s'en ficher un peu, de qui a vraiment commis le meurtre du prof. Et, cerise sur le gâteau, la fin est plutôt attendue, hélas.
Par contre, j'ai aimé les réflexions accès vers la psychologie cognitive (matière qu'enseignait le prof mort) parsemée dans tout le roman, c'est très intéressant et aurait même mérité que l'auteur s'y attarde un peu plus et développe son propos. La question de la mémoire, des souvenirs, de la différence entre la fiction et la réalité aurait vraiment mérité mieux.
Je suis ressortie deJeux de miroirs totalement frustrée pour ce début très prometteur et inachevé, avec la sensation d'avoir lu deux morceaux de roman différents, qu'un éditeur aurait choisi de coller ensemble. Jeux de Miroirs est vraiment très court et je pense qu'avec une centaine de pages en plus, l'intrigue aurait gagné en stabilité et en consistance. Globalement, ma lecture ne fut pas mauvaise, mais je n'en retiens pas grand-chose et je reste encore dans l'attente de lire un vrai, bon et haletant thriller. Hélas, je crois que les nouveautés 2016-2017 n'en comportent pas des masses. Dommage.