[Chronique] Même les pêcheurs ont le mal de mer - Diane Peylin

[Chronique] Même les pêcheurs ont le mal de mer - Diane Peylin

Il y a Rafa, le patriarche, Valente, le père, et Salvi, le dernier de la lignée. Ce sont des géants impassibles, aussi rudes que l'île où ils vivent. Chez les Orozco, on est pêcheur de père en fils. La peau dure. Les yeux secs. Le silence en héritage.
Voilà neuf ans que Salvi a fui les siens pour la ville, de l'autre côté de l'océan. Mais la mort de Rafa le rappelle aujourd'hui. Sur cette île où l'on n'exprime jamais ses sentiments, où les manques, les cicatrices et les mensonges se transmettent de génération en génération, de mal de mer en mal de père...

[Chronique] Même les pêcheurs ont le mal de mer - Diane Peylin

Je ne sais pas quoi par quoi commencer sur ce roman tellement il m'a remué. Tellement il m'a ému. Tellement il est formidable, marquant, inoubliable. Il me manquerait presque des adjectifs pour le décrire.

Il y a des romans que vous lisez d'une traite et que vous ne pouvez pas vous arrêter de lire jusqu'à la toute dernière page, et celui-ci en fait partie. C'est un coup véritable coup de cœur , il fait partie de ces romans dont j'ai envie de parler à tout le monde et avec tout le monde. C'est le genre de romans que je ne pourrais même pas prêter tellement je l'aime.

On ne peut pas y rester insensible, il est criant de vérité, et il parlera à tout un chacun, car tout le monde a des parents (ou justement n'en a plus voire jamais eu) et c'est en ça que ce livre est excellent, il est universel.

Dans ce roman, il est question de trois hommes, de trois générations. Rafa, le grand-père, Valente, le père et Salvi, le fils. Il s'agit d'un roman à trois voix, chacune la leur. Leur histoire couplée à leurs pensées les plus intimes. Le lecteur a cet avantage sur les personnages, il aura réponse à chacune de ses interrogations. Tout tournera autour de leur histoire familiale et plus précisément d'un drame familial.

Relation parents-enfants passée à la loupe

Le lecteur fait d'abord la connaissance de Salvi, qui vient de perdre son grand-père. A travers ses yeux, nous découvrons sa vie, son passé, son enfance, sa relation avec ce grand-père qu'il a tant aimé et cette relation avec ce père qu'il aurait voulu différente.

Puis vient le tour de Valente, nous trouvons réponse à certaines de nos questions quant à leur relation particulière, son indifférence et les raisons qui font ce qu'il est.

Mais c'est enfin quand nous abordons le point de vue de Rafa que tout devient limpide comme l'eau sur laquelle ils naviguent.

Les larmes montent, leur(s) histoire(s), leur passé, leurs erreurs, nous nous prenons tout en pleine face. Le lecteur ne peut qu'être le témoin de tout ce gâchis. Les non-dits, les mensonges, finalement tous les mots ou manques de mots peuvent briser les relations des uns avec les autres.

Et si la vie ne tenait qu'à un fil (de pêche ?)...

Le décor de cette histoire est tout simplement magnifique, la mer, les volcans, la nature, la pêche, etc. Mais parlons-en de cette pêche et de cette mer qui tiennent une place prépondérante dans ce roman. La pêche est une activité de père en fils, Rafa a toujours pêché pour nourrir sa famille, Valente évidemment l'a rejoint et un jour Salvi devra s'y mettre aussi. Mais si ce n'était pas son ambition ? S'il ne se retrouvait pas dans cette entreprise de père en fils ? Et si pire que ça, il avait le mal de mer ?

Ces questions vont finalement se retrouver au centre de ce roman. Et importeront bien plus que ce qu'on pouvait penser au départ.

Il pose aussi des questions plus générales que tout le monde peut transposer dans sa propre vie.

Les parents attendent-ils trop de leur enfant ? A quel point sont-ils responsables les uns du bonheur des autres ? Un enfant doit-il prendre la suite de ses parents ou prendre le risque de les décevoir ?

Salvi est à un carrefour de sa vie, lui qui avait honte de ce qu'il aimait et était, sera peut-être sauvé à temps par la mort de Rafa. Mais dans toute cette tourmente qui l'agite, pourra-t-il se pardonner d'avoir abandonné son grand-père ?

Cette lecture a été une claque pour moi, et elle se hisse aussitôt dans mes livres chouchous et je ne peux que vous recommander cette lecture cet été au bord de l'eau.

Une petite pépite à glisser dans vos valises pour cet été, et même plus tard. Je vous conseille vraiment de le lire, non, je vous le crie : lisez-le !

[Chronique] Même les pêcheurs ont le mal de mer - Diane Peylin

Un grand merci à Emmanuelle et Solène des éditions Pocket pour l'envoi de ce roman !

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